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les afflictions. D’un côté, s’il fit ce qui dépendait de lui en montrant beaucoup de foi, de résignation et de courage, de l’autre voyez quelle est la bonté de Dieu à son égard. Dieu se souvint de Noé. Ce n’est pas sans raison qu’il est dit : se souvint. Comme l’Écriture sainte a déjà rendu témoignage pour le juste, en lui disant : Entre dans l’arche parce que j’ai vu que tu étais juste dans cette génération (Gen. 7,1), elle dit maintenant : Dieu se souvint de Noé, c’est-à-dire du témoignage qu’il lui avait rendu. Il n’abandonne pas le juste longtemps, il ne diffère pas sa délivrance au-delà de ce qu’il pouvait supporter et quand cette heure est venue il le comble toujours de ses bienfaits. Sachant l’infirmité de notre nature, s’il permet que nous soyons tentés, il proportionne l’épreuve à notre faiblesse et fait en sorte que ses récompenses prouvent notre courage et sa miséricorde. Aussi saint Paul dit : Dieu est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces, mais en même temps que l’épreuve, il vous donnera un moyen d’en sortir et de n’y pas succomber. (1Cor. 10,13) Mais le juste conservait toujours son courage et sa résignation, en supportant par sa confiance en Dieu le séjour et les ennuis de l’arche ; aussi est-il dit : Dieu se souvint de Noé. Ensuite, pour vous faire connaître l’abîme de la divine miséricorde, l’Écriture sainte ajoute : Et de toutes les bêtes, de tous les animaux domestiques, de tous les volatiles, de tous les reptiles qui étaient avec lui dans l’arche.
Voyez comme Dieu atout fait pour l’homme. Avec les hommes qui ont péri par le déluge, il a fait périr la généralité des animaux ; mais, voulant montrer sa miséricorde envers le juste, il a voulu aussi, par égard pour lui, étendre ses soins et sa bonté jusque sur les êtres sans raison, les quadrupèdes, les volatiles et les reptiles. Dieu se souvint de Noé, de, toutes les bêtes, de tous les animaux domestiques, de tous les volatiles et de tous les reptiles qui étaient avec lui dans l’arche. Et Dieu fit souffler un vent sur la terre, et l’eau cessa de monter. Se rappelant Noé et tout ce qui était avec lui dans l’arche, il fit arrêter l’impétuosité de l’eau pour montrer peu à peu sa bonté. Le juste alors pouvait respirer et calmer ses inquiétudes, puisqu’il recouvrait à la fois l’air et la lumière. Dieu fit souffler un vent sur la terre, et l’eau cessa de monter. Les fontaines de l’abîme et les cataractes du ciel furent fermées. Voyez comment tout cela est exprimé dans le style des hommes. Les fontaines de l’abîme et les cataractes du ciel furent fermées, et, la pluie du ciel fut arrêtée. Cela signifie que le Seigneur avait ordonné aux eaux de revenir à leurs places et de ne plus en sortir, mais de baisser graduellement. L’eau descendait de la terre et diminuait pendant cent cinquante jours. Comment la raison pourra-t-elle jamais comprendre cela ? Soit, la pluie a cessé, les sources n’ont plus coulé et les cataractes du ciel ont été fermées ; mais comment toute cette eau a-t-elle disparu ? L’abîme s’étendait sur toute la terre. Comment donc une si grande masse d’eau a-t-elle pu tout à coup diminuer ? Qui pourra jamais l’expliquer par la raison humaine ? Que nous reste-t-il à dire ? C’est l’ordre de Dieu qui a tout fait.
4. Ne cherchons donc pas trop curieusement à explorer comment tout s’est passé : croyons seulement. C’est la volonté de Dieu qui a ouvert l’abîme ; c’est encore sa volonté qui l’a fermé et a fait revenir les eaux à la place que le Seigneur leur a marquée et que lui seul connaît. L’arche s’arrêta le septième mois et le vingt-septième jour de ce mois sur les monts d’Ararat. L’eau décrut jusqu’au dixième mois et l’on commença à voir les sommets des montagnes le premier jour du dixième mois. Voyez quel changement rapide et combien les eaux étaient baissées pour que l’arche s’arrêtât sur les montagnes. L’Écriture avait dit que l’eau dépassait les montagnes de quinze coudées : maintenant elle dit que l’arche s’est arrêtée sur les montagnes d’Ararat, que l’eau a décru peu à peu jusqu’au dixième mois jusqu’à laisser voir alors les sommets des montagnes. Réfléchissez, je vous prie, à la fermeté du juste quia été tenu, pendant tant de mois, renfermé dans les ténèbres. Il arriva, après quarante jours, que Noé ouvrît la fenêtre qu’il avait faite à l’arche, et il envoya un corbeau pour voir si l’eau avait quitté la terre. Le juste n’ose pas encore regarder par lui-même, mais il envoie un corbeau pour apprendre de cette manière s’il y avait un heureux changement. Mais le corbeau ne revint pas jusqu’à ce que les eaux fussent séchées sur la terre. L’Écriture ajoute ce mot jusqu’à ce que ; ce n’est pas que le corbeau soit revenu plus tard, mais tel est le langage propre de l’Écriture sainte. Il serait facile de trouver d’autres exemples de cette habitude et de vous en indiquer beaucoup ; mais pour ne pas vous rendre négligents