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nations, d’aller où sa voix nous dit de marcher. Considérez, mes bien-aimés, que quelque tristes que soient les malheurs, ces malheurs n’ont qu’un temps ; les biens qui nous attendent là-haut sont impérissables, éternels. Les choses visibles sont temporelles, les invisibles sont éternelles. (2Cor. 4,18) Supportons donc avec courage ces afflictions temporelles, ne nous fatiguons pas du travail qui fait la vertu, afin de jouir des biens éternels assurés pour jamais ; puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

VINGT-SIXIÈME HOMÉLIE.


« Et Dieu se souvint de Noé, de toutes les bêtes sauvages, de tous les animaux domestiques, de tous les volatiles et de tous les reptiles qui étaient avec lui dans l’arche. Et Dieu fit venir un vent sur la terre et l’eau arrêta. » (Gen. 8, 1)

ANALYSE.

  • 1. L’orateur nous montre la bonté de Dieu s’exerçant envers l’homme jusque dans le châtiment du déluge, comme en toute rencontre. Telle est l’idée fondamentale à laquelle saint Chrysostome revient sans cesse : lorsque Dieu punit il le fait autant par bonté que par justice. – 2. Application de cette thèse à Caïn. Dieu est plus indulgent pour les fautes commises contre lui que pour celles qui offensent le prochain ; rendons à Dieu la pareille. – 3. Explication du texte : Dieu se souvint. Dieu ne prolonge jamais l’épreuve au delà des forces de celui, qui la subit. – 4. Noé laisse partir d’abord le corbeau, puis la colombe. Explication du mot jusqu’à ce que. – 5. Noé reçoit la même bénédiction qu’autrefois Adam. – 6. Exhortation.


1. La grande et ineffable bonté de Dieu, l’excès de sa bienveillance nous est déjà montré par ce qui vient d’être lu, puisqu’elle s’est manifestée, non seulement envers l’animal raisonnable, c’est-à-dire l’homme, mais aussi envers les bêtes de toute espèce. Car étant le Créateur de tout, il montre sa bonté à propos de toutes les créatures : il nous fait voir ainsi tout l’intérêt qu’il porte au genre humain, puisqu’il a tout fait et depuis le commencement pour notre salut. Aussi, même quand il punit, quand il s’irrite, c’est toujours une suite de sa bonté. S’il envoie des châtiments, ce n’est point par haine ou colère ; il veut seulement arracher la racine du mal pour qu’elle ne se multiplie pas. Aussi, comme je vous le dis, il n’a fait le déluge que par intérêt pour ceux qui s’étaient livrés à l’iniquité. Mais, direz-vous, quel est cet intérêt qui consiste à noyer ? Imprudent, ne parlez point témérairement, mais acceptez avec reconnaissance toutes les actions de Dieu, et sachez qu’il y a là justement la plus grande preuve d’intérêt. Ces pécheurs incurables qui, chaque jour, élargissent leurs blessures et se font des plaies que rien ne peut guérir, n’était-ce pas un grand bienfait de les arracher à un état si déplorable ? Et la manière de les punir n’est-elle pas pleine de douceur ? Eux qui devaient de toute manière payer leur dette à la nature, leur faire, en guise de punition, abandonner la vie sans avoir le sentiment de la mort, et sans aucune souffrance, n’était-ce pas beaucoup, de sagesse et