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oiseaux, des animaux purs et des animaux impurs, et des aliments, il dit à l’homme juste : Je n’attendrai plus que sept jours, et, après cela je ferai pleuvoir sur la terre, durant quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j’ai faites, depuis l’homme jusqu’aux bêtes de somme. (Gen. 7,4). Attention ici, je vous en conjure ; voyez encore, dans ce que nous venons de vous dire, l’excellence de la bonté divine ; après une si longue patience, Dieu déclare qu’il attendra encore sept jours ; il veut, par la terreur, corriger les hommes, et les ramener au repentir. Ce qui prouve que c’est bien là sa pensée, qu’il ne veut – pas faire pleuvoir sur les hommes ce déluge qu’il annonce, c’est ce qui est arrivé aux habitants de Ninive. Voyez bien, comprenez, la différence entre ceux de Ninive et les hommes d’autrefois. C’est en vain que, pendant tant d’années, ces hommes entendirent répéter que les plus grands malheurs étaient à leurs portes ; ils ne renoncèrent pas à leurs iniquités ; c’est là, en effet, notre habitude ; nous devenons négligents, quand on ajourne la punition ; mais quand les fléaux tombent sur nous ; nous nous humilions alors, et nous montrons que nous sommes convertis. C’est ce qui est arrivé aux gens de Ninive : quand ils entendirent ces paroles : Encore trois jours et Ninive sera détruite (Jn. 3,4), non seulement ils ne désespérèrent pas, mais ils se réveillèrent, et ils s’abstinrent si bien de toute action mauvaise, et ils mirent tant de soins à se confesser qu’ils étendirent jusque sur les animaux la confession ; non pas que les animaux se soient confessés ; comment auraient-ils pu le faire n’ayant pas la parole ? mais les Ninivites voulaient ; par ce moyen, se concilier la miséricorde du Dieu de bonté. On publia un jeûne, dit l’Écriture ; le roi ordonna, de sa bouche, que-ni les brebis, ni les bœufs, ni les autres animaux ne fussent point menés aux pâturages, et ne bussent point d’eau. (Jon. 3,7). Tout le peuple, tous, couverts de sacs, et le roi lui-même, sur son trône, firent une grande pénitence, avec les animaux, et cette pénitence, ils l’accomplirent sans savoir s’ils échapperaient au châtiment, car ils disaient : Qui sait si Dieu ne se retournera point vers nous pour nous pardonner ? (Jn. 9)
7. Avez-vous compris la sagesse de ces barbares ? Avez-vous compris que la brièveté du délai ne les a pas frappés d’engourdissement, ni jetés dans le désespoir ? Voyez maintenant ces hommes du déluge ; après tant d’années d’attente, lorsqu’ils entendirent ces paroles : Encore sept jours, et le déluge viendra, ils ne se sont pas convertis ; ils sont restés dans leur insensibilité stupide ; d’où il faut dire que c’est notre volonté qui est la cause de tous les maux. En effet, et ces hommes-là et les hommes de Ninive avaient même nature, mais non même volonté ; aussi leur sort ne fut-il pas le même. Ceux de Ninive échappèrent au désastre ; Dieu dans sa bonté, dans sa clémence, agréa leur repentir ; mais les autres furent engloutis, et périrent tous, de la destruction universelle : Je n’attendrai plus, dit-il, que sept jours, et, après cela, je ferai pleuvoir sur la terre. Ensuite, pour ajouter à la terreur, il dit : Durant quarante jours et quarante nuits. Qu’est-ce à dire ? Ne pouvait-il pas, s’il avait voulu, en un seul jour faire pleuvoir tout le déluge ? Que dis-je, en un seul jour ? Un seul moment lui suffisait. Mais ce qu’il dit, c’est à dessein ; il veut inspirer la terreur, et, en même temps, ménager à ces hommes l’occasion d’échapper au châtiment, qui était déjà à leurs portes : Et j’exterminerai, dit-il, de dessus la terre, toutes les créatures que j’ai faites, depuis l’homme jusqu’aux animaux. Voyez comment, une fois, deux fois, il prédit la destruction, et cependant il s’abstient ; tout ce qu’il faisait, c’était pour nous montrer que c’était avec raison qu’il leur infligeait un châtiment si terrible, c’était afin qu’aucun homme ne pût prétexter l’ignorance, afin que nous ne pussions pas dire : S’il avait attendu au lendemain, peut-être se seraient-ils repentis, peut-être se seraient-ils abstenus de leurs actions mauvaises, peut-être seraient-ils retournés à la vertu. C’est encore pour cette raison qu’il nous a fait savoir le nombre des années, et qu’il a ordonné la construction de l’arche. Et, après tous ces préliminaires, il annonce encore sept jours, afin de faire taire toutes les langues qui parlent au hasard, sans réserve et sans pudeur. Et Noé, dit l’Écriture, accomplit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait commandé. Voyez comme la divine Écriture célèbre ici la sagesse et l’obéissance de l’homme juste. Elle nous enseigne qu’il n’a rien négligé de ce qui lui avait été commandé, et qu’en accomplissant tout, il a encore prouvé, par cette obéissance, la Perfection de sa vertu.