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que l’on puise dans ses propres œuvres. Disons mieux : il ne faut pas que nos couvres exagèrent le sentiment que nous avons de nous-mêmes ; au contraire, soyons humbles, soyons modestes, encore plus quand nous pouvons entasser des trésors de vertus ; c’est par là, en effet, que nous mettrons en sûreté, qu’il nous sera donné de conserver les richesses acquises, et de nous concilier la bienveillance de Dieu. C’est pour cela, erg effet, que le Christ disait à ses disciples : Lorsque vous aurez accompli tout ce qui vous est commandé, dites-nous sommes des serviteurs inutiles (Lc. 17,10), réprimant par tous les moyens l’orgueil de la confiance, persuadant la modestie, prévenant la présomption qui résulterait des bonnes œuvres, leur faisant voir que la première de de toutes les vertus c’est, dans les bonnes œuvres, la sagesse qui garde la mesure.
4. Revenons maintenant à notre sujet, voyons la suite des générations qui ont succédé. Il est probable qu’en nous avançant pas à pas nous trouverons un plus grand trésor d’abondantes et d’ineffables richesses. Et, dit l’Écriture, Enos, fils de Seth, ayant vécu cent quatre-vingt-dix arts, engendra Caïnan ; et Caïnan engendra Malaléel ; et Malaléel engendra Jared ; et Iared engendra Enoch. Enoch vécut cent soixante-cinq ans et engendra Mathusala. Or, dit l’Écriture, Enoch fut agréable à Dieu, et il vécut, après avoir engendré Mathusala, deux cents ans, et il engendra des fils et des filles. Et tous les jours de la vie d’Enoch furent de trois cent soixante-cinq ans. Enoch fut agréable à Dieu, et il ne parut plus parce que Dieu l’enleva. (Gen. 5,7, 24) N’avais-je pas raison de dire qu’en nous avançant pas à pas, nous trouverions dans ces noms un trésor spirituel, ineffable ? Considérez ici, mon bien-aimé, et la vertu de l’homme juste, et l’excès de la bonté de Dieu, et le soin diligent de l’Écriture sainte. Enoch, dit le texte, vécut cent soixante-cinq ans et engendra Mathusala, et, dit l’Écriture, Enoch fut agréable à Dieu, après avoir engendré Mathusala.
Que tous écoutent, et les hommes et les femmes, que tous apprennent la vertu de l’homme juste, et que nul ne s’imagine que le mariage soit un empêchement pour qui veut se rendre agréable à Dieu ; car la divine Écriture se propose ici de nous instruire quand elle nous dit, à deux reprises : Engendra Mathusala et alors fut agréable, quand elle reprend ce détail et nous dit : Et il fut agréable à Dieu après l’avoir engendré. C’est pour que nul ne regarde le mariage comme un obstacle à la vertu. Si nous avons la tempérance, ni l’éducation des enfants, ni le mariage, ni quoi que ce soit, ne sera un obstacle pour devenir agréables à Dieu. Voyez, en effet, cet homme de la même nature que nous ; il n’avait pas reçu la loi, il n’avait pas été instruit par l’Écriture, il n’avait aucun guide pour le conduire à la sagesse. Eh bien ! il a trouvé en lui-même, dans les ressources de sa volonté, de quoi se rendre agréable à Dieu, de telle sorte qu’il est vivant, vivant encore aujourd’hui, qu’il n’a jamais éprouvé la mort. Si le mariage, mes bien-aimés, ou l’éducation des enfants était un empêchement à la vertu, le Créateur de toutes choses n’aurait pas fait du mariage un des états de notre vie, pour nous blesser dans nos premiers intérêts, pour nous faire perdre ce qui nous est le plus nécessaire ; mais, non seulement le mariage n’oppose aucun obstacle à la sagesse que Dieu commande, non seulement il ne nous gêne en rien si nous voulons pratiquer la tempérance ; mais, au contraire, c’est une grande consolation, c’est un frein qui réprime la fougue insensée de la nature, qui prévient comme le trouble des flots qui nous tourmentent, c’est un moyen pour nous de faire heureusement voguer notre barque jusqu’au port, et voilà pourquoi la divine grâce a donné aux hommes cette consolation, Ce juste, dont nous vous parlons, montre bien la vérité de nos paroles ; après qu’Enoch, dit l’Écriture, eut engendré Mathusala, Enoch fut agréable au Seigneur. Et il ne pratiqua pas la vertu pendant un petit nombre de jours ; il vécut, dit l’Écriture, deux cents ans. Après la transgression d’Adam, il s’est trouvé un homme capable de s’élever jusqu’au faîte le plus haut de la vertu, de réparer la faute de notre premier père, par la faveur particulière dont il jouissait auprès de Dieu. Voyez ici comme surabonde la bonté divine ! Aussitôt que Dieu eut trouvé un homme capable de réparer le péché d’Adam, Dieu, pour montrer parla réalité qu’il n’avait pas voulu frapper de mort le genre humain, à cause de la désobéissance d’autrefois, quand il condamnait cette désobéissance, prend Enoch et l’enlève vivant. Enoch, dit l’Écriture, fut agréable à Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu l’enleva. Voyez-vous la sagesse du Seigneur ! il l’enlève vivant,