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dans la rue qu’on appelle Droite ; tu trouveras dans la maison de Juda un nommé Saul; et encore : Ananie entra dans la maison et dit Saul, mon frère, le Seigneur qui t’a apparu air la route, m’a envoyé pour que tu voies. Ensuite il commença à enseigner et il confondait les Juifs, et il n’avait pas encore quitté son nom, il continuait de s’appeler Saul. Car les trames des Juifs, est-il dit, furent connues de Saul. Est-ce tout ? Non ; maisil y eut une famine, est-il dit encore, et les disciples résolurent d’envoyer à Jérusalem pour assister les saints ; or ils envoyèrent leurs aumônes par les mains de Barnabé et de Saul. (Act. 11, 29-30) Voyez : il assiste déjà les saints et il est encore appelé Saul. Puis Barnabé entre à Antioche et, voyant la grâce de Dieu et que la foule était grande, il va à Tarse chercher Saul. Déjà il convertit beaucoup de monde, et il continue d’être appelé Saul ; et encore : Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs, parmi lesquels Siméon qui s’appelait le Noir, Lucius de Cyrène, Manahen, frère de lait d’Hérode le tétrarque, et Saul. Le voilà docteur et prophète, et il est encore appelé Saul. Et encore : Pendant qu’ils offraient au Seigneur les saints mystères et qu’ils jeûnaient, l’Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Saul et Barnabé. (Act. 13, 1-2)[1]
3. Voici que le Saint-Esprit le prend à part et il garde toujours son nom. Niais suivons-le à Salamine ; il rencontre un magicien, alors écoutons saint Luc : Saul, aussi nommé Paul, étant rempli du Saint-Esprit, dit (Act. 13, 9). C’est la première fois qu’il est question d’un changement de nom. Discutons, sans nous rebuter, la raison des noms. Connaître les noms a son importance même dans les affaires de ce monde. Que de reconnaissances opérées, que de parentés, longtemps ignorées, tout à coup mises au jour par la découverte d’un nom ! Que de litiges jugés devant les tribunaux, que de querelles vidées, que de dissensions éteintes, que de réconciliations amenées par le même moyen ! Grande dans les affaires de cette vie, la vérité des noms l’est encore davantage dans la sphère des choses spirituelles. Il est donc nécessaire que les questions qui s’élèvent soient résolues avec exactitude.
La première question que l’on fait est celle-ci : pourquoi parmi les saints, Dieu a-t-il nommé les uns et non pas les autres ? Car il n’a pas donné leurs noms à tous les saints ni de l’Ancien, ni du Nouveau Testament. Observons déjà que cette parité de conduite et dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament prouve que tes deux Testaments émanent d’un seul et même Seigneur. Dans le Nouveau Testament, le Christ a donné à Simon le nom de Pierre, et aux fils de Zébédée, Jacques et Jean, le surnom de fils du tonnerre. Voilà les seuls dont il ait changé lui-même les noms ; pour ce qui est des autres, il leur a laissé les noms qu’ils avaient, dès le principe, reçu de leurs parents. Dans l’Ancien Testament, Dieu changea le nom d’Abraham et celui de Jacob ; mais ceux de Joseph, de Samuel, de David, d’Élie, d’Élisée et des autres prophètes, il ne les changea pas, il laissa ces grands saints avec les noms qu’ils avaient toujours portés. Ainsi donc, première question : pourquoi, parmi les saints, les uns ont-ils changé de nom, et les autres non ? Deuxième question : pourquoi le Seigneur nomme-t-il ceux-ci dans un âge avancé, ceux-là dès leur naissance et parfois même avant ? Pierre, Jacques et Jean, c’est dans un âge avancé qu’ils reçoivent de Jésus-Christ un nouveau nom, et Jean-Baptiste est nommé avant qu’il ait vu le jour : Un ange dit Seigneur vint et dit : ne crains pas, Zacharie, voici que ta femme Élisabeth enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jean. (Luc. 1, 13) Vous le voyez, il n’est pas encore né, et déjà il est nommé. La même chose arrive dans l’Ancien Testament, la ressemblance est entière dans le Nouveau, Pierre, Jacques et Jean reçoivent leurs surnoms lorsqu’ils sont déjà dans l’âge viril, Jean-Baptiste reçoit son nom avant de naître : dans l’Ancien, Abraham et Jacob changent de nom au milieu de leur vie ; : l’un s’appelait d’abord Abram, et il s’appela Abraham ; l’autre se nommait d’abord Jacob et il se nomma Israël ; Isaac, au contraire, reçoit son nom dès le sein de sa mère. Dans le Nouveau Testament, l’ange dit à Zacharie : Ta femme concevra dans son sein et enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean ; et dans l’Ancien, Dieu dit à Abraham : Sara, ta femme, enfantera un fils, et tu lui donneras le nom d’Isaac.
Donc, encore une fois, première question Pourquoi des nones donnés à ceux-ci et pas à ceux-là ? et deuxième question : Pourquoi ceux qui reçoivent de Dieu un nom, le reçoivent-ils

  1. Traduit depuis le commencement du volume jusqu’ici par M. l’abbé Fanien. La fin de cette homélie et les deux suivantes ont été traduites par M. Jeannin)