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Il révèle publiquement leurs pensées secrètes ; avant de se montrer Dieu par la guérison du paralytique, il veut par un autre moyen leur faire voir la puissance de sa divinité. Dieu seul en effet peut révéler les pensées secrètes : Vous seul, dit le Prophète, connaissez les cœurs. Et voulez-vous voir que ce mot seul n’exclut pas le Fils ? Si le Père seul connaît les cœurs, comment le Fils pourrait-il pénétrer le secret des pensées ? Or il est dit qu’il, savait par lui-même ce qu’il y avait dans l’homme (Jn. 2, 25) ; et saint Paul, pour montrer que c’est le propre de Dieu de connaître les choses cachées au fond de la pensée, dit : Celui qui scrute les cœurs (Rom. 8, 27), montrant que c’est la même chose que de scruter les cœurs ou de s’appeler Dieu. Quand je dis Celui qui fait pleuvoir, je ne désigne que Dieu, et cela par une de ses œuvres ; quand je dis Celui qui fait lever le soleil, sans ajouter le mot Dieu, je n’en désigne pas moins Dieu par son œuvre : de même quand saint Paul dit Celui qui scrute les cœurs, il montre que ce ne peut être l’œuvre que de Dieu seul. Car si cette péri phrase n’avait pas pour nous désigner Dieu la même force que le mot propre, il ne l’eût pas employée seule. Si cet attribut lui était commun avec la créature, nous ne saurions pas qui il a voulu désigner ; la confusion aurait régné dans l’esprit des auditeurs. Afin donc de montrer que ce qui est propre au Père, appartient aussi au Fils, et que par conséquent tous deux sont égaux„ le Seigneur dit : Pourquoi pensez-vous mal en vos cœurs ? Lequel est le plus facile de dire : Vos péchés vous sont remis, on de dire : Levez-vous et marchez ? (Mat. 9, 4, 5)
7. Voici qu’il donne une seconde preuve que les péchés sont remis. II est bien plus grand de remettre les péchés que de guérir les corps, d’autant plus grand que l’âme est au-dessus du corps : si la paralysie est une maladie du corps, le péché est une maladie de l’âme ; mais si le premier miracle est plus grand, il n’est pas visible ; le second est plus petit, mais il se voit. Jésus va se servir du plus petit pour faire croire au plus grand, et afin de montrer que c’est par condescendance pour leur faiblesse qu’il en agit ainsi, il dit : Lequel est le plus facile de dire : Vos péchés vous sont remis, ou de dire : Levez-vous et marchez ? pourquoi, Seigneur, passez-vous d’un plus grand miracle à un plus petit ? Parce qu’un miracle : visible leur sera une démonstration plus claire qu’un miracle invisible. Aussi ne guérit-il pas le malade avant de ; leur avoir dit : Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Levez-vous, dit-il alors au paralytique, et marchez (Mat. 9, 6) ; comme s’il disait : Pardonner les péchés est une merveille plus grande, mais à cause de vous j’en ajoute une moindre, puisque vous regardez celle-ci – comme preuve de celle-là. Dans une autre circonstance, il loua ces paroles du centurion : Dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri ; car je dis ci celui-ci : va, et il va, et â celui-là viens, et il vient (Mat. 8, 8-9) Il le rassura par ses éloges ; dans une autre circonstance encore, il reprit les Juifs qui le critiquaient à propos du sabbat, lui reprochant de le violer, et il leur montra qu’il avait le pouvoir de changer les lois ; de même en celte occasion, lorsque les Juifs eurent dit-il se fait égal à Dieu, il s’attribue ce qui n’appartient qu’au Père, il les blâme, les réprimande, leur montre par ses œuvres qu’il ne blasphème point, et ainsi il nous fournit une preuve irrécusable qu’il a la même puissance que son Père. Mais remarquez comment il veut établir ce point fondamental que ce qui appartient au Père seul lui appartient aussi, à lui. Il ne se contente pas de guérir le paralytique, il dit en même temps : Afin que vous sachiez, que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés; tant il met de soin et d’attention à montrer qu’il a la même puissance que son Père.
8. Tous ces enseignements, ceux que nous avons reçus hier et avant-hier, retenons-les avec soin, prions pour qu’ils se gravent inaltérables dans nos âmes, apportons-y tous nos efforts et attachons-nous Fans cesse à ces leçons. C’est ainsi que nous garderons ce que nous avons acquis déjà et que nous acquerrons plus encore ; et si quelque chose nous échappe parla suite, une instruction assidue nous le fera recouvrer. Et non-seulement notre intelligence ne sera nourrie que de doctrines saines et pures, mais nous surveillerons nos actions avec plus de soin et nous pourrons achever la vie présente dans la joie et la paix. Car toutes les souffrances qui agitent notre âme se calmeront facilement puisque le Christ est là et que celui qui l’approche avec foi obtient sans peine sa guérison. Souffrez-vous d’une faim continuelle, êtes-vous privé du nécessaire, êtes-vous