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remèdes entraînent après eux. Mais pour ce paralytique, il consentit à sortir de sa maison, à se laisser porter en public, à se montrer à une foule de spectateurs. On voit des malades qui aiment mieux mourir que de découvrir leurs maux. Il n’en est pas ainsi de ce malade ; il voit la foule rassemblée, les entrées inabordables ; eh bien ! il se laissera descendre par le toit. Tant l’amour est habile, tant la charité est féconde en expédients ! Celui qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. Il ne dit pas à ses proches : Qu’est-ce donc ? Pourquoi cette agitation, cet empressement ? Attendons que la maison soit vide, que la foule se soit écoulée. Rassemblés maintenant, ces hommes se disperseront tout à l’heure, nous pourrons voir en secret le prophète et le consulter sur cette maladie. Faut-il aux yeux de tous étaler mon malheur, me descendre par le toit malgré les souffrances que cela me causera ? Il ne fait aucune de ces réflexions, ni en lui-même, ni à ceux qui le portent, mais il regarde comme une gloire d’avoir tant de témoins de sa guérison. Et si cela nous montre sa foi, les paroles du Christ nous la montreront aussi. Quand il fut descendu du toit et introduit dans la maison, le Christ lui dit : Confiance, mon fils ; vos péchés vous sont remis. En entendant ces mots, il ne se fâche point, ne s’irrite point, ne dit pas à son médecin : Que me dites-vous ? Ne venais-je pas chercher une autre guérison que celle que vous m’offrez ? Mensonge que tout cela, dissimulation ! ce n’est qu’un prétexte pour déguiser votre impuissance. Vous remettez les péchés, parce que c’est chose qu’on ne voit pas. Sans rien dire, sans rien penser de tout cela, il reste, permettant ainsi à son médecin de le guérir par le moyen qu’il voudrait employer. Et si le Christ ne l’alla pas trouver, mais le laissa venir à lui, c’était encore afin de montrer son courage et l’ardeur de sa foi. De même qu’il alla trouver celui qui était paralytique depuis trente-huit ans, parce qu’il n’avait personne pour le secourir, de même il attendit que le paralytique de Capharnaüm, parce qu’il avait beaucoup de parents, vînt le trouver, voulant, par cette conduite différente, manifester la foi de celui qui fut apporté et l’abandon de celui qu’il alla trouver, le courage de l’un et la patience de l’autre, et il en agit ainsi surtout pour les spectateurs. Car les Juifs ne voyaient qu’avec peine et jalousie les bienfaits que recevait leur prochain, et ils blâmaient ces miracles tantôt à cause du jour de sabbat où ils étaient opérés, tantôt à cause de la vie des personnes qui en étaient l’objet. Si celui-ci était prophète, il saurait bien quelle est la femme qui le touche (Luc. 7, 39) ; ils parlaient ainsi, ne sachant pas que c’est le devoir du médecin de rechercher les malades et de les approcher, sans jamais les fuir ni les abandonner. C’est le reproche que Jésus leur adresse : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecins, mais les malades. (Mat. 9, 12) Pour leur ôter tout prétexte, il commence par montrer combien sont dignes de guérison ceux qui viennent le trouver, à cause de la foi qu’ils manifestent. C’est par ce motif qu’il fait voir de l’un la résignation, de l’autre la foi bouillante et l’ardeur ; c’est pour cela encore qu’il guérit l’un un jour de sabbat, l’autre un autre jour, afin que voyant les Juifs accuser et blâmer le Christ sans avoir ce prétexte du sabbat, nous apprenions que ce n’était pas le zèle pour la loi qui les faisait parler, mais l’excès de leur haine. Mais pourquoi, sans commencer par guérir le paralytique, lui dit-il : Confiance, mon fils, vos péchés vous sont remis ? Admirez sa sagesse. Les médecins ne commencent pas par traiter la maladie elle-même, mais par en enlever la cause. Si par exemple les yeux sont remplis d’humeur et de pus, le médecin, laissant là la pupille, s’occupe de la tête où est l’origine, la source du mal ; le Christ en agit de même et enlève d’abord la racine du mal. L’origine, la raison, la source du mal, c’est le péché. C’est le péché qui paralyse les corps, c’est le péché qui amène les maladies ; aussi Jésus-Christ dit en cette circonstance : Confiance, mon fils, vos péchés vous sont remis; et en une autre occasion : Vous voilà guéri, ne péchez plus, de peur qu’il ne vous arrive encore pis, montrant ainsi que c’est le péché qui enfante les maladies. Au commencement, à l’origine de la création, c’est par suite du péché que la maladie se saisit du corps de Caïn. Car, après son fratricide, après ce grand crime, la paralysie s’empara de son corps : qu’était-ce que le tremblement qu’il éprouvait si ce n’est la paralysie ? Quand en effet la force qui réside dans le corps est devenue trop faible et ne peut plus soutenir tous les membres, elle les abandonne, et les membres tremblent et sont agités.
6. Saint Paul aussi nous enseigne cette vérité. Après avoir parlé aux Corinthiens d’un