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l’Apôtre dit : De la sorte seront condamnés tous ceux qui n’ont, point cru ci la vérité, c’est-à-dire au Christ, mais qui ont estimé l’injustice (2Th. 2,11), c’est-à-dire l’antéchrist. Ils prétendaient en effet qu’ils ne croyaient pas erg lui parce qu’il se proclamait feu. Nous te lapidons, disent-ils, parce qu’étant homme, tu te fais Dieu. (Jn. 10,33) Pourtant ils l’avaient entendu attribuer une grande puissance au Père, il leur avait annoncé qu’il venait avec la permission de son Père, et il en avait donné beaucoup de preuves. Comment donc s’excuseront-ils, lorsqu’ils auront accueilli l’antéchrist, qui, lui aussi se dira Dieu, mais qui, bien loin de parler du Père, n’en fera pas même mention. Aussi, le Christ au milieu des reproches qu’il leur adresse, leur fait-il cette prédiction : Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez (Jn. 5,43) ; voilà pourquoi le scandale est permis. Que si tu mets en avant ceux qui ont été scandalisés, je t’opposerai ceux qui ont brillé d’une plus grande gloire, et je te dirai qu’il ne fallait pas qu’à cause de la négligence et de la paressé de ceux qui ne peuvent pas être attentifs et vigilants, et gagner ainsi d’innombrables couronnes, les récompenses réservées aux justes, perdissent de leur éclat. Supprimez en effet ces occasions de combattre et de vaincre, et vous faites tort aux justes ; donnez-les, et si les faibles ne s’en tirent pas sans blessure, ils ne peuvent du moins en accuser qu’eux-mêmes ; pour les convaincre de leur faute et le leur reprocher, ils ont l’exemple de ceux, qui non-seulement n’ont pas été scandalisés, mais qui même sont sortis de la lutte plus glorieux et plus forts.
13. Dis-moi, je t’en prie, de quels prêtres Abraham a-t-il eu le secours ? de quels docteurs pouvait-il consulter les lumières ? par qui a-t-il été catéchisé, exhorté, conseillé ? Il n’y avait pas alors d’Écriture, de loi, de prophètes, ni rien de semblable ; il naviguait sûr une ruer qui n’avait pas encore été ouverte, il marchait dans une voie qui n’avait pas été frayée, bien plus, il était né d’une famille et d’un père impies. Malgré tant de désavantages qu’il avait sur nous, il n’a pas chancelé. Voyez au contraire de quel éclat a brillé sa vertu ! ce qu’après un si long temps, après les prophètes, après la loi, ce qu’après une si longue instruction, confirmée par tant de preuves, par tant de prodiges, le Christ a dû enseigner aux hommes ! Abraham en avait beaucoup de siècles avant, donné l’exemple ; il a montré une charité ardente et sincère, a méprisé les richesses, il a été plein de sollicitude pour tous ceux qui lui étaient unis par le sang, il a foulé aux pieds tout faste, il a rejeté loin de lui toute mollesse et tout relâchement, et il a vécu avec plus d’austérité que les moines qui habitent maintenant sur le sommet des montagnes. En effet, il n’avait pas de maison, et c’était un toit de feuillage qui abritait et couvrait la tête de ce juste ; étranger dans la terre qu’il habitait, il n’en avait pas moins de zèle à accorder l’hospitalité, et tout étranger qu’il était sur cette terre étrangère, il s’employait chaque jour à ; recevoir et à soigner tous ceux qui pouvaient voyager à l’heure du midi, il les servait de ses propres mains et se faisait aider par sa femme dans cette noble occupation. Que n’a-t-il pas fait pour son neveu, bien que celui-ci se fût mal comporté envers lui et qu’il eût voulu prendre la plus belle part dans le partage, et cela après que l’élection du Seigneur avait choisi Abraham ! N’a-t-il pas versé le sang ? n’a-t-il pas armé tous ses serviteurs ? ne s’est-il pas jeté dans un danger manifeste ? au temps où il lui fut ordonné de quitter son pays et d’aller dans une mitre contrée, n’a-t-il pas obéi sur l’heure ? n’a-t-il pas abandonné sa patrie, ses amis, ses proches, tous ceux qu’il connaissait ? par soumission au commandement du Seigneur n’a-t-il pas délaissé des biens assurés ? ne les a-t-il pas sacrifiés dans sa pensée à des biens incertains, tant il croyait aux promesses de Dieu, tant il avait toute la foi qui nous est prescrite ! Après tout cela, comme la disette le faisait souffrir de la faim, et qu’il avait dû changer de pays une seconde fois, loin de se troubler et de s’effrayer, n’a-t-il pas montré la même obéissance, la même sagesse, la même constance ? n’est-il pas allé en Égypte, et, docile à la voix de Dieu qui le lui ordonnait, ne s’est-il pas séparé de son épousé ? n’a-t-il pas vu l’Égyptien la souiller autant qu’il a été en son pouvoir ? n’a-t-il pas été frappé à l’endroit le plus sensible d’un coup plus terrible que la mort ? Car, dis-moi ; y a-t-il rien de plus affreux que de voir, après toute une vie de vertu, une femme à laquelle on est uni paf les liens du mariage, livrée en pâture aux désirs effrénés d’un barbare, conduite dans le palais du roi, enfin déshonorée ? Il est vrai que l’outrage n’a pas été