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coups terribles, lancés contré lui de toutes parts, le supplanter, le renverser, tant est grande l’énergie d’une âme généreuse. Faut-il vous montrer Paul ? N’a-t-il pas enduré tant de souffrances qu’il est difficile dé les énumérer ? Habitant les prisons, chargé de chaînés, traîné en tous lieux, battu de verges par les Juifs, lapidé, les épaules déchirées par les lanières, meurtries par les bâtons, plongé dans la mer, souvent tombé entre les mains des voleurs, souffrant d’une guerre intestine, continuellement tourmenté par ses ennemis, par ses amis mêmes, en butte à mille trames insidieuses, luttant contre la faim, la nudité, victime de toutes les autres afflictions, sans relâche entassées sur lui, bref, mourant chaque jour ; eh bien ! au milieu de tant de souffrances, si cruelles, non-seulement, il ne fit jamais entendre une parole de blasphème, mais il se réjouissait, il se glorifiait ; ici : Je me réjouis, dit-il, de mes souffrances (Col. 1,24) ; ailleurs : Et non-seulement dans cette espérance, mais nous nous glorifions encore dans les afflictions. (Rom. 5,3) S’il se réjouissait, s’il se glorifiait, dans de pareilles épreuves, quelle sera votre excuse, à vous qui n’en subissez pas la moindre partie, et qui blasphémez ?
6. Mais il est, m’objecte-t-on, un autre mal que je subis, même sans que je blasphème ; privé de ce que je possédais, je n’ai plus rien pour faire l’aumône, me dit-on. Pure allégation et simple prétexte ! Si c’est là ce qui vous afflige ; apprenez et comprenez que la pauvreté n’empêche pas de faire l’aumône. Seriez-vous réduit à la dernière indigence, vous n’êtes pas cependant plus pauvre que cette femme qui n’avait qu’une poignée de farine pour tout bien (1Ro. 17,12) ; que cette femme qui possédait en tout deux oboles (Luc. 21, 2) ; et l’une et l’autre, pour avoir donné aux indigents tout ce qu’elles possédaient, ont excité les transports de l’admiration. Une si grande pauvreté n’a pas fait obstacle à une charité si grande ; assez magnifique, assez splendide a été l’aumône de ces deux femmes chétives, pour l’emporter sur tout ce qu’il y a de richesses, de somptueuses offrandes ; l’opulence de leurs cœurs ; la richesse de leur zèle généreux a tout surpassé. Ainsi, même à cet égard, vous n’éprouvez aucun tort ; au contraire, vous avez gagné de conquérir, à peu de prix, de plus belles couronnes que les riches avec tous leurs dons. Mais nous aurions beau le redire à satiété : les