Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée

10), nonce que veut un tel ou un tel, mais ce que vous voulez. Voilà ma tour, mon roc, qui ne bouge pas, mon bâton qui tient ferme. Si c’est la volonté de Dieu que telle chose arrive, eh bien, qu’elle arrive ! S’il me veut ici, je le bénis ; partout où il me voudra, je le bénis.
3. Que personne ne vous trouble : priez. Le démon a fait ces choses pour interrompre votre application à la prière. Mais il s’agite en vain ; au contraire, nous vous trouvons plus zélés, plan fervents. Demain je viendrai me joindre à vos prières. Où je suis, vous êtes ; où vous êtes, je suis ; nous ne sommes qu’un même corps ; le corps ne se sépare pas de la tête ; la.tête ne se sépare pas du corps. Les lieux nous divisent, mais la charité nous unit ; la mort même ne pourra pas nous désunir. Quand mon corps viendrait à mourir, mon âme vit, elle garde le souvenir de mon peuple. Vous êtes mes pères, comment puis-je vous oublier ? vous êtes mes pères, vous êtes ma vie ; vous êtes ma gloire. Vos progrès sont ma gloire, si bien que ma vie, ma richesse, réside dans ce trésor qui est le vôtre. Je suis prêt à subir pour vous mille morts, et je ne vous fais en cela aucune faveur, je vous pais une dette : Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn. 10, 11), il se laisserait mille fois égorger, mille fois trancher la tête. Cette mort, c’est le fondement de l’immortalité ; ces assauts, c’est la voie qui mène à la vie pour jamais tranquille. Ce n’est pas l’amour des richesses qui m’expose à ces attaques, pour que je m’afflige ; ce ne sont pas mes péchés, pour que je verse des larmes. Est-ce là ce qui cause mes épreuves ? C’est l’amour que j’ai pour vous ; je fais tout pour vous maintenir inébranlables, pour prévenir toute invasion dans la bergerie, pour conserver mon troupeau intact. La cause de mes combats me suffit pour la couronne. Que ne souffrirais-je pas pour vous ? Vous êtes mes concitoyens, vous êtes mes pères, vous êtes mes frères, vous êtes mes enfants, vous êtes mes membres, vous êtes mon corps, vous êtes ma lumière, ou plutôt, vous êtes plus doux pour moi que cette lumière. Les rayons du soleil ont-ils pour moi une douceur égale à celle de votre amour ? Ces rayons me servent pour la vie présente, mais votre amour me tresse une couronne pour l’avenir. Je dis ces paroles pour les oreilles de ceux qui m’écoutent. Qu’y a-t-il de plus prompt à écouter que vos oreilles ? Il y a tant de jours que vous veillez, sans que rien ait pu vous abattre, ni la longueur du temps vous amollir, malgré les sujets de crainte, malgré les menaces ; devant tous les dangers, vous êtes devenus des hommes forts. Que dis-je ? Vous êtes devenus ce que j’ai toujours désiré, vous avez méprisé les choses du siècle, vous avez dit adieu à la terre, vous vous êtes élancés jusqu’au ciel. Vous vous êtes affranchis des liens du corps, vous combattez pour atteindre à cette sagesse qui est la félicité ! Voilà mes couronnes, voilà ce qui m’encourage, voilà ma consolation, voilà l’onction polir moi, pour moi la vie, pour moi le fondement de l’immortalité. Voilà ce dont nous rendons grâces à Dieu, à qui appartient la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.