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que vous brisez votre propre force en luttant contre moi ; car il vous est dur de regimber contre l’aiguillon. (Act. 9,5) Vous ne pouvez rien contre l’aiguillon, mais vous ensanglantez vos pieds ; les flots ne peuvent pas dissoudre la pierre, ils se décomposent eux-mêmes en écume,
Rien n’a plus de force que l’Église, ô homme. Mets un terme à ta guerre, si tu ne veux pas voir le terme de ta puissance ; n’entreprends pas de guerre contre le ciel. Si tu combats un homme, tu peux être ou vainqueur ou vaincu. Mais si tu combats l’Église, que tu sois vainqueur, c’est impossible ; car Dieu est toujours le plus fort. Est-ce que nous rivalisons avec le Seigneur ? Est-ce que nous sommes plus forts que lui ? (1Co. 10,22) C’est Dieu qui a fondé, qui tentera d’ébranler ? Vous ne connaissez pas sa puissance. Il jette un regard sur la terre, et il la fait trembler (Psa. 103,32) ; il commande, et ce qui tremble s’est raffermi. S’il a rétabli dans le calme la ville agitée, à bien plus forte raison, l’Église, il peut la rendre solide. L’Église est plus forte que le ciel. Le ciel et la terre passeront, mais les paroles que je dis ne passeront pas. (Mat. 24,35) Quelles paroles ? Tu es Pierre, et sur cette pierre qui m’appartient, j’édifierai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. (Id. 16,18)
2. Si vous n’en croyez pas la parole, croyez-en l’expérience. Que de tyrans ont voulu dominer l’Église ! Comptez les chaudières, les fournaises, les bêtes féroces, les glaives aiguisés ! et ils ne l’ont pas dominée. Où sont-ils ceux qui lui ont fait la guerre ? Ils ont été réduits au silence, livrés à l’oubli. Au contraire, ##Rem du est l’Église ? Elle efface le soleil par sa splendeur. Ses ennemis, avec tout ce qui tenait à eux, sont éteints ; à tout ce qui tient à l’Église, l’immortalité. Si les chrétiens, en petit nombre, n’ont pas été vaincus, aujourd’hui que leur religion remplit la terre, comment pouvez-vous les vaincre ? Le ciel et la terre passeront, mais les paroles que je dis ne passeront pas. Et c’est justice ; car pour Dieu l’Église a plus de charmes que le ciel. À n’a pas pris le corps du ciel, mais il a pris la chair de l’Église ; le ciel est pour l’Église et non l’Église pour le ciel. N’éprouvez aucun trouble de ce qui est arrivé. Accordez-moi cette grâce, une foi invariable. Ne savez-vous pas que si Pierre, marchant sur les eaux, se vit, pour un moment de doute, sur le point d’être submergé, ce n’était pas l’impétuosité furieuse des flots, mais parce, que sa foi était faible ? Sont-ce les volontés humaines qui nous ont amenés au point où nous sommes ? Est-ce que c’est un homme qui nous a faits ce que nous sommes pour que ce soit un homme qui nous brise ? Ce n’est pas dans le délire de l’orgueil que je parle ainsi, loin de moi l’arrogance, mais je veux consolider ce que je vois d’ébranlé en vous. La cité était calme et forte, alors le démon a voulu ébranler l’Église. Esprit impur, abîme d’impureté, tu n’as pas pu, ô démon, renverser les murailles, et tu crois pouvoir, ébranler l’Église ? Est-ce que l’Église réside dans des murailles ? C’est dans la foule des fidèles que réside l’Église. Voyez, que de colonnes solides ; ce n’est pas le fer qui en lie les parties, c’est la foi qui les cimente. Je ne dis pas qu’une si grande foule a plus d’impétuosité que le feu, mais n’y eût-il qu’un fidèle, tu n’en viendrais pas à bout, ô démon ! Vois donc quelles blessures t’ont faites les martyrs. On a vu souvent venir une jeune vierge, molle et délicate, elle était plus molle que la cire, et elle devenait plus solide que la pierre. Tu lui perçais les flancs, sans pouvoir lui ravir sa foi. La chair était vaincue, et la foi triomphait ; le corps était consumé, la pensée reprenait toute sa jeunesse, la substance se dissipait, mais la piété persistait toujours. Tu n’as pas pu vaincre une femme seule, et tu crois vaincre un si grand peuple ? N’entends-tu pas la voix du Seigneur : En quelque lieu que deux ou trois soient rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux? (Mt. 18,20) Combien plus ne sera-t-il pas où se trouve un si grand peuple uni par la charité ? J’ai son gage. Est-ce que ma confiance me vient d’une force particulière ? J’ai son écrit. Voilà mon bâton, voilà ma force, voilà mon port à l’abri des tempêtes. Quand toute la terre serait bouleversée, j’ai son écrit ; je le lis ; ces caractères que je lis, ces paroles, voilà mon mur d’appui ; voilà ma sûreté. Quelles paroles ? Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles. (Mat. 28,20) Le Christ est avec moi, qui donc craindrai-je ? quand les flots se soulèveraient contre moi, et la mer, et les fureurs des princes, tout cela est plus mince à mes yeux que les toiles de l’araignée. Sans la charité qui nie fait vivre pour vous, aujourd’hui même j’aurais consenti à partir. Car je dis toujours, Seigneur que votre volonté soit faite (Id. 6,