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DISCOURS DE SÉVÉRIEN SUR LA PAIX APRÈS QU’IL EÛT ÉTÉ ACCUEILLI PAR LE BIENHEUREUX JEAN, ÉVÊQUE DE CONSTANTINOPLE.


A l’avènement du Seigneur notre Sauveur, quand il parut présent, en corps, sur la terre, les chœurs des anges du ciel évangélisaient les bergers, en leur disant : Nous vous apportons aujourd’hui une nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. (Luc. 2,10) Nous voulons emprunter les paroles des saints anges eux-mêmes, nous vous annonçons aujourd’hui une grande joie. Aujourd’hui, l’Église est dans la paix, et les hérétiques sont livrés à la colère. Aujourd’hui, le vaisseau de l’Église est dans le port, et la fureur des hérétiques est ballottée par les flots. Aujourd’hui, les pasteurs de l’Église sont dans la sécurité, et les hérétiques sont dans le Trouble. Aujourd’hui, les brebis du Seigneur sont en sûreté et les loups, en proie à la rage. Aujourd’hui, la vigne du Seigneur est dans l’abondance, et les ouvriers de l’iniquité dans le besoin. Aujourd’hui, le peuple du Christ est exalté, et les ennemis de la vérité sont humiliés. Aujourd’hui, le Christ est dans la joie, et le démon est dans le deuil. Aujourd’hui, les anges sont dans l’allégresse, et les puissances de l’enfer dans la confusion. Et qu’est-il besoin de tant de paroles ? Aujourd’hui, le Christ, qui est le roi de paix, s’avançant avec sa paix, a mis en fuite tout dissentiment, en déroute les dissensions, chassé, exterminé la discorde. Et, comme la splendeur du soleil illumine le ciel, ainsi l’Église s’illumine des douces clartés de la paix. La paix ! ô combien désirable est ce nom ; quel stable fondement de la religion des Chrétiens ; quelle armure céleste pour la défense de l’autel du Seigneur ! Et quelles premières paroles pouvons-nous consacrer en l’honneur de la paix ? La paix, c’est le nom du Christ lui-même, comme dit l’Apôtre : Car le Christ est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un (Eph. 2,14) ; ce n’était pas la différence de la foi, mais la haine du démon qui les divisait. Mais, comme on voit, quand an roi s’avance, les places se nettoyer, la cité tout entière se couronner de fleurs, se parer de divers ornements, afin que tout soit digne des regards du roi ; de même, en ce jour où s’avance le Christ, le roi de paix, faisons disparaître tout ce qui afflige les yeux ; qu’à la lumière de la vérité, le mensonge prenne la fuite ; que la discorde disparaisse au loin, la concorde resplendit. Nous avons vu souvent, dans des tableaux représentant des rois ou des frères, le peintre figurer leur unanimité par une femme, que l’on aperçoit derrière eux ; c’est la concorde qui les tient tous les deux dans ses bras ; elle montre ainsi que ceux qui forment deux corps distincts, ne sont qu’un par l’accord des pensées et de la volonté : de même, en ce jour, la paix du Seigneur au milieu de nous, nous serrant tous les deux sur son cœur plein d’amour, montre à tous que ceux qu’elle réunit dans ses bras ne font, de deux corps, qu’une seule âme. En elle s’accomplit manifestement la parole du Prophète : Et il y aura entre eux une alliance de paix. (Zac. 6, 13)
Hier, notre père commun a fait entendre avec une bouche évangélique, les préliminaires de la paix ; aujourd’hui, c’est à notre tour de publier les paroles de la paix. Hier, nous tendant les mains, il nous a accueilli avec un langage