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compagnons d’esclavage soient sauvés avec toi, attends. Celui qui nous affermit, nous a aussi donné les arrhes. Quelles arrhes ? L’Esprit-Saint, les provisions de l’Esprit. Je parle de l’Esprit. Il a donné aux apôtres son anneau, avec ces paroles : Prenez et donnez à tous. Est-ce que l’anneau se partage ? On le partage et on ne le divise pas ; on le partage et on ne le consume pas. Apprenez les dons de l’Esprit. Pierre a reçu, et Paul aussi a reçu l’Esprit-Saint. Il parcourait la terre, délivrait les pécheurs du péché, redressait les boiteux ; donnait des vêtements à ceux qui étaient nus, ressuscitait les morts, purifiait les lépreux, fermait la bouche au diable, suffoquait les démons, s’entretenait avec Dieu, faisait fleurir l’Église, renversait les temples, détruisait les autels, dissipait la malice, plantait la vertu dans les cœurs, et, des hommes, il faisait des anges.
14. Voilà quelle était notre condition. Les arrhes célestes ont rempli la terre entière. Entière, cela veut dire, tout ce que voit le soleil, la terre, la mer, les îles, les montagnes, les vallées, les collines. Planant partout comme un oiseau, sans autres armes que lé bruit de sa voix, Paul a paru, ce fabricant de tentes, ce corroyeur, qui cousait des peaux ; et cette industrie n’a pas été un obstacle à la vertu, mais le fabricant de tentes s’est trouvé plus fort que les démons ; celui qui n’avait pas d’éloquence, était plus philosophe que les philosophes. Comment cela ? Il avait reçu les arrhes ; il portait l’anneau et le faisait voir autour de lui. Tous les regards contemplaient notre nature fiancée au roi : le démon vit les fiançailles, et se retira ; il vit les divines arrhes, et il trembla, il recula ; il vit les vêtements nouveaux, et il prit la fuite. O puissance de l’Esprit ! ce n’est pas seulement à l’âme qu’il a donné le pouvoir, seulement au corps, mais aussi au vêtement ; et non seulement au vêtement, mais à l’ombre. Pierre allait et venait, et son ombre mettait en fuite les maladies, et chassait les démons, et réveillait les morts. Paul allait et venait parcourant la terre, retranchant les épines de l’impiété, répandant les semences de la piété, agriculteur excellent, poussant devant lui la charrue de la doctrine. Et quels furent les hommes qu’il visita ? Des Thraces, des Scythes, des Indiens, des Maures, des Sardes ; des Goths, des bêtes farouches, et il renouvela tout cela. Par quelle vertu ? par la vertu des arrhes divines. Comment put-il suffire à cette tâche ? par la grâce de l’Esprit. C’était un homme d’ailleurs dépourvu de tout, nu, déchaux, celui qui distribuait les arrhes de l’Esprit. Ce qui lui fait dire : Et qui est capable d’un tel ministère ? (2Co. 2,16) Si nous en sommes capables, c’est par Dieu, qui nous a rendus capables d’être les ministres de la nouvelle alliance ; non pris de la lettre, mais de l’esprit. (2Co. 3, 5-6) Voyez ce qu’a fait l’Esprit ! il a trouvé la terre pleine de démons, et il en a fait le ciel. N’arrêtez pas votre pensée aux choses présentes, mais reprenez les autres, par vos conceptions. C’était le deuil, partout des autels, partout de la fumée, partout l’odeur des graisses brûlées, partout des fornications, partout des initiations, partout des sacrifices, partout les transports des démons, partout la citadelle de l’enfer ; partout la fornication recevant la couronne, et Paul était tout seul. Comment n’a-t-il pas été englouti ? Somment n’a-t-il pas été mis en lambeaux ? Comment a-t-il pu ouvrir la bouche ? Il est entré dans là Thébaïde ; les peuples sont devenus ses prisonniers. Il est entré dans les palais des rois, et voilà que celui qui était roi est devenu son disciple. Il est entré où siègent les juges, et voilà que le juge lui dit : Vous me persuadez presque de devenir chrétien (Act. 26,28) ; et le juge est devenu son disciple. Il est entré dans la prison et il a conquis le geôlier. (Act. 16,29 et suiv) Il s’en est allé dans une île des barbares, et, d’une vipère, il a fait un docteur. (Act. 28 et suiv) Il s’en est allé chez les Romains, et il a gagné le sénat à sa cause. Il s’en est allé vers les fleuves, il s’en est allé dans tous les lieux déserts. Pas une terre, pas une mer, que sa voix n’ait redressée ; car il a donné les divines arrhes de l’anneau, et celui qui les donne prononce ces paroles : voici ce que je vous donne dès ce moment ; le reste, je vous le promets. De là, ces paroles que lui adresse le Prophète : La reine se tenait à ta droite avec un vêtement enrichi d’or. (Psa. 44,40) Ce n’est pas le vêtement qu’il désigne, mais la vertu. De là, ces autres paroles de l’Écriture : Comment es-tu entré ici sans robe nuptiale ? (Mat. 22,12). Ce n’est pas la robe qu’il désigne, mais la fornication, la vie souillée, l’impureté. Semblable à un vêtement souillé, tel est le péché ; pareille à des vêtements enrichis d’or, telle est la vertu. Mais ce costume appartenait au roi, et le roi l’a donné à sa fiancée ;