Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il laissa voir, veut dire l’évangéliste, un peu de sa divinité ; il leur montra le Dieu caché sous cet extérieur, Et il se transfigura en leur présence. Faites bien attention à la parole. L’évangéliste dit : Et il se transfigura en leur présence, et ses vêtements resplendissaient comme la lumière, et son visage comme le soleil. Puisque j’ai dit : Telle est sa grandeur et telle est sa nature, et que j’ai ajouté Soyez-moi propice, Seigneur, je veux que vous sachiez, que c’est Écriture qui m’a enseigné ce langage. L’évangéliste a donc voulu montrer sa splendeur, et il dit : Il resplendissait. Comment resplendissait-il, réponds-moi ? Vivement. Et comment dis-tu : Comme le soleil ? Comme le soleil, dis-tu ? Sans doute. Pourquoi ? Parce que je me sais pas d’astre plus brillant. Et il était blanc comme la neige ? Pourquoi, comme la neige ? Parce que je ne sais pas d’autre matière plus blanche. Car la preuve qu’il ne resplendissait pas de cette manière vient tout de suite après. Et les disciples tombèrent parterre. S’il eût resplendi comme le soleil, les disciples ne seraient pas tombés ; car ils voyaient le soleil chaque jour, et ils ne tombaient pas ; mais, comme il resplendissait plus que le soleil, plus que la neige, c’est pour cette raison que, ne pouvant pas supporter sa splendeur, ils tombèrent. 11. Dis-moi donc, ô évangéliste ! il resplendissait plus que le soleil, et tu dis comme le soleil ? Sans doute, je veux vous représenter cette lumière, et je ne connais pas d’astre plus grand, je ne connais pas d’autre image régnant au milieu des astres. J’ai dit ces paroles avec la pensée que vous ne vous arrêtiez pas à la faiblesse de l’expression. Je vous ai montré les disciples tombant. Ils tombèrent par terre et ils furent plongés dans un lourd sommeil, et ils y étaient ensevelis. Relevez-vous ! leur dit-il, et il les réveilla, et ils étaient appesantis. (Mat. 17,7) C’est qu’ils n’avaient pu supporter l’excès de la splendeur, et leurs yeux s’assoupirent ; ainsi la lumière qui parut surpassait le soleil. Si l’évangéliste a dit, comme le soleil, c’est que cet astre nous est connu et surpasse tous les autres astres sans exception. Mais celui dont je disais telle est sa grandeur et telle est sa nature, a recherché l’impudique. Une, impudique recherchée par Dieu ? Oui, une impudique. Je parle de notre nature. Une impudique recherchée par Dieu ? Mais l’homme qui recherche une impudique est condamné, et Dieu recherche une impudique ? Rien n’est plus vrai. L’homme recherche l’impudique, pour devenir impudique lui-même ; Dieu, au contraire, recherche l’impudique, pour faire, de l’impudique, une vierge ; de sorte que le désir de l’homme est la perte de celle qu’il désire ; mais le désir de Dieu est le salut de celle qu’il a désirée. Telle est sa grandeur et telle est sa nature, et il a désiré l’impudique. Et pourquoi ? pour devenir son époux. Que fait-il ? Il ne lui envoie pas un de ses serviteurs ; il n’envoie pas son ange à l’impudique ; il ne lui envoie pas son ange ; il ne lui envoie pas les chérubins ; il ne lui envoie pas les séraphins ; c’est lui-même qui se rend auprès d’elle, auprès de celle qu’il aime. Encore une fois en entendant parler d’amour, n’allez pas vous figurer qu’il, s’agit de l’amour des sens. Recueillez les pensées, détachez-les des paroles, imitez, modèle excellent, l’abeille qui voltige sur les fleurs, prenant le miel et la cire, et laissant tout le reste. Il a désiré l’impudique ; et que fait-il ? il ne la fait pas monter jusqu’à lui, car il ne voudrait pas d’une impudique au ciel ; mais c’est lui qui descend. Comme elle ne pouvait pas s’élever jusqu’à lui, c’est lui qui est descendu jusqu’à elle. Il va vers l’impudique, et il n’en rougit pas. Il se rend où elle se cache. Il la voit dans l’ivresse. Et comment se rend-il auprès d’elle ? Son essence ne se dépouille pas de tout voile, mais il devient ce qu’était l’impudique. Il ne prend pas sa corruption, mais sa nature, pour que sa vue ne la trouble pas, ne la fasse pas se débattre et s’enfuir. Il se rend auprès de l’impudique, et devient homme. Et comment le devient-il ? Il est porté dans des entrailles, il grandit peu à peu, et il prend la route que je peux suivre moi-même. Qui donc ? C’est le Dieu fait homme, ce n’est pas la divinité seulement. C’est la forme de l’esclave, ce n’est pas la forme du Maître ; c’est ma chair à moi, ce n’est pas son essence à Lui ; il grandit peu à peu, et il se mêle parmi les hommes. Il a beau la trouver remplie d’ulcères, furieuse, accablée par les démons, que fait-il ? Il s’approche d’elle. Celle-ci le voit et s’enfuit. Il appelle les mages. Que craignez-vous ? Je ne suis pas un juge, mais un médecin. Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. (Jn. 12,47) Il appelle aussitôt les mages. O étranges et incroyables choses ! Les prémices apparaissent aussitôt, les mages. Le