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qui vient de Dieu est la résurrection de la virginité : Chez nous, la vierge qui reçoit un époux cesse d’être une vierge ; avec le Christ, la courtisane qui le prend pour époux devient une vierge.
4. Je voudrais demander une explication seulement à l’hérétique qui se donne tant de peine pour comprendre la suprême génération, et qui se dit : Comment le Père a-t-il engendré ? Demandez-lui donc comment l’Église, qui était d’abord une courtisane, est-elle devenue une vierge ? comment celle qui a enfanté est-elle restée vierge ? Car je suis jaloux de vous de la jalousie de Dieu, dit Paul, car j’ai conclu vos fiançailles avec l’Epoux unique, afin que vous soyez une chaste vierge pour le Christ. (2Co. 11,2) O sagesse, ô intelligence ! Car je suis jaloux de vous de la jalousie de Dieu. Que signifient ces paroles ? Je suis jaloux, dit-il. Tu es jaloux, toi, qui mènes la vie spirituelle ? C’est que je suis jaloux, dit-il, à la manière de Dieu. Eh quoi ! Dieu est jaloux ? Certes, il est jaloux, non par vice de nature, mais par amour, par la jalousie de l’amour ardent. Car je suis jaloux de vous de la jalousie de Dieu.
Vous dirai-je comment il est jaloux ? Il a vu la terre corrompue par les démons, et il a livré soli propre Fils. Les paroles qu’on applique à Dieu n’ont plus la même énergie. Par exemple, la jalousie de Dieu, la colère de Dieu, Dieu se repent, Dieu déteste. Ces paroles sont ; empruntées à la langue des hommes ; ce qu’elles signifient dans l’Écriture n’appartient qu’à la nature de Dieu. Comment Dieu peut-il être jaloux ? C’est que je suis jaloux de vous de la jalousie de Dieu. La colère s’empare de Dieu ? Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur. (Psa. 6,1) De sorte que l’on peut dire même le sommeil de Dieu ? Levez-vous, pourquoi dormez-vous, Seigneur ? (Psa. 43,23) Dieu se repent ? Je me repens d’avoir fait l’homme. (Gen. 6,7) Dieu déteste ? Vos fêtes et vos néoménies, mon âme les déteste. (Isa. 1,14) Mais ne considérez pas les paroles, elles sont chétives, mais concevez les pensées d’une manière digne de Dieu. Dieu est jaloux, parce qu’il aime. Dieu s’irrite, non parce qu’il est impatient, mais parce qu’il est la réparation et le châtiment. Dieu dort, non parce qu’il sommeille, mais parce qu’il est la longanimité qui attend. Sachez discerner le sens des paroles. Ainsi, quand vous entendrez dire que. Dieu engendre, ne concevez pas une séparation quelconque, mais la consubstantialité. Car Dieu noirs a emprunté beaucoup de termes de notre langage, et nous, à notre tour, nous tenons à honneur de lui emprunter des termes pour les employer comme lui.
8. M’avez-vous compris ? Soyez attentif, mon ami, mon frère. Il y a des noms divins, il y a des noms humains. Il m’a pris des noms qui sont à moi, et il m’en a donné d’autres qui sont de lui. Donne-moi tes noms, et prends les miens, dit-il. Tu as besoin des miens ; ce n’est pas moi qui en ai besoin, mais toi, attendu que ma substance est sans mélange, mais que toi, tu es un homme, mêlé à un corps, et qu’il te faut des paroles en rapport avec ton corps, pour que toi, mêlé à un corps, tu puisses, grâce aux manières de parler qui te sont connues, concevoir les pensées qui dépassent ta nature. Quels noms m’a-t-il pris, et quels noms m’a-t-il donnés ? C’est lui qui est Dieu, et il m’a appelé Dieu ; là-haut est la réalité ; ici l’honneur du nom. J’ai dit, vous êtes des dieux, et tous les fils du Très-Haut. (Psa. 81,6) Les mots sont pour la terre, mais là-haut est la réalité. II m’a appelé Dieu, c’est-à-dire qu’il m’a fait un honneur. Il a été lui-même appelé homme, appelé Fils de l’Homme, appelé la voie, appelé porte, appelé pierre. Voilà les noms qu’il m’a pris ; les autres sont des expressions qui lui sont propres et qu’il m’a attribuées. Pourquoi s’est-il appelé la voie ? Pour vous apprendre que c’est par lui que nous montons vers le Père. Pourquoi, pierre ? Pour vous apprendre la nécessité, la solidité de la foi : Pourquoi, fondement ? Pour vous apprendre que tout est supporté par lui. Pourquoi, racine ? Pour vous apprendre que c’est en lui que nous portons des fleurs. Pourquoi, berger ? Parce que c’est lui qui nous mène dans les pâturages. Pourquoi, brebis ? Parce qu’il a été sacrifié pour nous, et qu’il est devenu la propitiation. Pourquoi, la vie ? Parce que nous étions morts, et qu’il nous a ressuscités. Pourquoi, lumière ? Parce qu’il a dissipé nos ténèbres. Pourquoi, bras ? Parce qu’il est consubstantiel au Père. Pourquoi, Verbe ? Parce qu’il a été enfanté par le Père ; car, de même que ma parole vient de mon âme, de même le Fils a été enfanté par le Père. Pourquoi, vêtement ? Parce que j’ai été revêtu de lui par le baptême. Pourquoi, table ? Parce que je me nourris de lui quand je participe aux mystères. Pourquoi, maison ? Parce