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HOMÉLIE SUR CE SUJET : QU’IL NE FAUT PAS DÉSESPÉRER DE SOI-MÊME NI PRIER CONTRE SES ENNEMIS ni se décourager quand la prière n’est pas exaucée, et que les maris doivent vivre en paix avec leurs femmes.

ANALYSE.


1° L’orateur éprouve de la joie en voyant les fruits de componction produits par son dernier discours. – 2° Pour bien prier il faut se souvenir de ses péchés et ne pas se souvenir de ses bonnes actions. – 3° Quand Dieu veut faire un grand miracle, il prépare le monde par des figures. Ainsi des femmes stériles enfantent pour disposer les esprits à croire l’enfantement virginal ; ainsi Jonas rejeté par la baleine figure le Christ sortant vivant des entrailles de la mort. La mort avait avalé la pierre angulaire, elle n’a pu la digérer, elle l’a rejetée et avec elle tout le genre humain. – 4° Sarra, figure de l’Église. – 5°- 6° Déductions morales à tirer de ses dogmes. – 7° – 8° Une épouse doit être tolérée malgré ses défauts. Puissance de la prière.
1. Je vous suis très-reconnaissant du bon accueil que vous avez fait à mon sermon sûr la prière ; vous m’avez rendu bienheureux, car bienheureux est l’orateur à qui l’on prête l’oreille. (Ecc. 25,12) Ce ne sont pas seulement vos applaudissements et vos éloges qui m’ont prouvé votre attention, mais c’est la conduite que je vous ai vu tenir. En effet, quand je vous défendais de prier contre vos ennemis, ajoutent que ceux qui le font irritent Dieu et vont à l’encontre de sa loi (car, puisqu’il a dit : Priez pour vos ennemis (Mat. 5,44), si nous prions contre eux, nous lui demandons de violer lui-même sa loi ; pendant.que je parlais ainsi, je voyais beaucoup d’entre vous qui se frappaient la figure et la poitrine, en versant des larmes amères, et qui levaient les mains au ciel pour implorer le pardon de semblables prières. Alors, levant moi-même mes regards vers Dieu, je lui ai rendu grâces des fruits si rapides qu’avait produits mon discours. En effet, telle est la semence spirituelle, elle n’a pas besoin d’années, de temps ni de jours, mais quand elle pénètre une âme généreuse ; elle donne sans retard des épis vigoureux et parfaits ; voilà ce, qui s’est passé hier pour vous. J’avais semé la componction et j’ai recueilli les gémissements de la confession, gémissements qui sont les richesses des gens de bien. Car, si ce publicain en se frappant la poitrine et en disant : Soyez propice à un pécheur comme moi (Luc. 25,25), se retira plus justifié que le pharisien, quelle indulgence ne devons-nous pas attendre pour avoir montré tant de componction en si peu de temps ? Observez qu’il n’est rien de pire qu’un publicain, c’est la limite du mal ; aussi, quand le Christ vent indiquer ce qu’il y a de plus mauvais, il cite toujours la courtisane et le publicain. En lui, en effet, se trouvent la violence sans crainte, la rapine sans répression, l’avarice sans honte, le trafic sans raison, le négoce sans pudeur. Cependant, celui qui avait