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pas de récompenser en vous l’aumône, mais il récompensera largement l’humilité. Donc, ne rougissons pas de nous faire les serviteurs des pauvres ; ne refusons pas de laver les pieds des étrangers ; car nos mains se sanctifient par un tel ministère ; et, quand votre prière les relève vers le ciel, après qu’elles se sont abaissées à ces soins, Dieu les voit, et il s’émeut plus facilement, et il accorde ce qui lui est demandé. Il est facile de donner de l’argent ; mais se faire le serviteur des pauvres, et les servir avec l’allégresse de l’amour et de la charité, avec une affection fraternelle, c’est là ce qui suppose une âme grande et vraiment sage ; et c’est là ce que Paul demande à tous, avant toutes choses, quand il nous ordonne de compatir au sort des affligés, des pauvres, de ceux qui sont dans la tribulation, de nous représenter que nous-mêmes, nous sommes frappés comme eux : Souvenez-vous de ceux qui sont dans les chaînes, comme si vous étiez enchaînés avec eux. (Héb. 12,3) Aussi ne se borne-t-il pas à ces paroles ; mais, autre part, il dit encore : Si elle a secouru les affligés, en les servant ; si elle s’est appliquée à toutes sortes de bonnes œuvres. (1Tim. 5,10). Que signifie, si elle s’est appliquée à toutes sortes de bonnes œuvres ? Si elle est entrée dans les prisons, si elle a visité ceux qui étaient dans les fers ; si elle a été voir les malades, réconforter les affligés, consoler ceux qui sont dans la tristesse, et, si elle a fait tout ce qui dépendait d’elle, ne refusant absolument rien de ce qui a pour but le salut et la consolation de nos frères. S’il réclame, d’une veuve ; tant de bonnes œuvres, quelle sera notre excuse, à nous, qui nous appelons des hommes, de ne pas faire ce que Paul a prescrit à des femmes ? Mais, peut-être me dira-t-on, comment réclame-t-il enfin, d’une veuve, d’une femme, tant de zèle, lui qui, quand il écrivait au sujet des vierges, n’a rien dit de pareil ? Il exige d’elles une vertu plus grande encore, car après avoir dit : Il y a celle qui est mariée, et celle qui est vierge. La vierge s’occupe du soin des choses du Seigneur, elle s’inquiète de lui plaire ; il ajoute : Je vous dis ceci pour votre avantage, pour vous donner un moyen plus facile de prier Dieu, sans empêchement. (1Cor. 7,31, 35) Ce qui veut simplement dire, qu’il faut qu’une vierge, une fois qu’elle a renoncé à toutes les affaires de ce monde, se consacre à Dieu tout entière ; n’ait plus rien qui l’attache à la terre ; ne vaque pas, tantôt à certaines occupations, tantôt à d’autres occupations ; mais, après avoir absolument renoncé à toute affaire, applique toute son âme, aux – choses spirituelles. C’est évidemment ce que nous montre la parabole des dix vierges. Pourquoi sont-elles exclues de la chambre de l’époux ? c’est parce qu’elles n’ont pas d’huile ; or, l’huile n’est pas autre chose que la compassion, l’aumône, la bienfaisance, le soulagement apporté aux douleurs des victimes de l’injustice, la consolation donnée à ceux qui sont clans la tristesse. Et comme ces vierges n’avaient pas cette huile, elles ont dû se retirer sans honneur, loin de la chambre nuptiale.
16. Donc, puisque nous sommes instruits de toutes ces vérités, épouses, époux, vierges, femmes mariées, veuves, tous tant que nous sommes, appliquons-nous, de toutes nos forces, à l’aumône, et ne disons pas : Voilà un méchant, qui ne mérite pas un bienfait ; voilà un être vil, voilà un être méprisable. Ne regardez pas aux mérites de celui qui a besoin. d’assistance et de secours ; ne voyez que son indigence ; il est, tant que vous voudrez, vil, méprisable, abject ; quoi qu’il en soit pourtant ; le Christ vous est aussi reconnaissant de votre bienfait, que s’il l’avait reçu lui-même, par la main du malheureux. Voici qui prouve que nous ne devons pas considérer les mérites de ceux qui reçoivent les bienfaits ; écoutez la parole du Christ : J’ai eu faim, et vous m’avez donné et manger. (Mt. 25,35) Et comme on lui disait : Quand donc avez-vous eu faim, et vous avons-nous donné à manger ? Il ajoutait ces paroles : Autant de fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait. (Id. 37,40) Ainsi, plus de prétexte ! Pour prévenir notre résistance, nos paroles de ce genre : Où donc trouverons-nous, maintenant, un homme qui ressemble à Élie ? un homme qui ressemble à Élisée ? ou bien encore : Amenez-moi de tels hommes, et vous verrez avec quelle ardeur je les accueillerai ; comme je ne refuserai pas de leur laver les pieds ; de leur rendre toute espèce de soins ; pour prévenir ces discours, voici que le Maître d’Élie, d’Élisée, et, de tous les prophètes, le Seigneur nous promet de venir vers nous, lui-même, sous la figure des pauvres, il nous dit : Autant de fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait.