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la rigueur du traitement, du coup qu’il faut frapper. Il ne suffit pas de prononcer des paroles ; des exhortations, il faut aussi de la fermeté, de la force, inspirer une terreur qui secoue l’indolence de la jeunesse. Donc ; comme il les exhortait, mais rie les exhortait pas dans la mesure qui convenait, il les livra aux coups des ennemis, et, quand la bataille s’engagea, ils périrent clans la mêlée ; incapable de supporter cette nouvelle, le père tomba à la renverse, se brisa la tête et mourut. Avais-je raison de les appeler meurtriers de leurs enfants, les pères qui les négligent, qui ne les châtient pas sévèrement, qui ne les forcent pas à rendre le culte qu’ils doivent à Dieu ? C’est ainsi qu’Héli a été le meurtrier de ses fils. Sans douté, ce sont les ennemis qui ont tué ses fils, pourtant c’est lui qui a été l’auteur de leur mort violente, parce que sa négligence à l’égard de ses fils, a détourné d’eux le secours du Seigneur, les a livrés, nus, privés de tout appui, à qui les voulait tuer. Et non seulement il les a perdus, mais il s’est perdu lui-même avec eux.
9. C’est justement ce qui arrive, maintenant encore, à un trop grand nombre de pères. Ils ne veulent pas punir par les verges, ni même châtier en paroles, ni attrister leurs enfants, qui vivent dans les désordres et violent les lois ; qu’arrive-t-il ? souvent ils les voient convaincus des plus grands crimes, traînés en jugement, décapités par les bourreaux. Puisque tu ne les châties pas, puisque tu ne les corriges pas, puisque tu t’en vas toi-même te mêler à des scélérats ; à des hommes perdus ; puisque tu te fais le complice de leurs crimes, on les traite d’après la rigueur des lois, et, sous les yeux du public, on les châtie ; et, au malheur, se joint un surcroît d’infamie, quand tous montrent du doigt le père, dont le fils n’existe plus, et lui rendent impossible l’accès de la place publique. Comment ses yeux pourraient-ils supporter ceux qu’il rencontre, après une telle ignominie, après le malheur de son enfant ? Aussi, je vous en prie, je vous en conjure ; ayons bien soin de ces enfants qui sont nôtres, et toujours, et partout appliquons-nous au salut de leurs âmes. Le maître, le docteur de toute la famille, c’est toi ; et ta femme, et tes enfants, Dieu te les confie, pour les instruire toujours. Et, en tel endroit, Paul, en parlant des épouses, dit : Si elles veulent s’instruire de quelque chose, qu’elles le demandent, dans leurs maisons, à leurs maris. (1Cor. 14,30) ; et, en tel autre endroit, parlant des enfants: Élevez-les en les instruisant et les avertissant, selon le Seigneur.(Eph. 6,4) Dites-vous que vous avez des statues d’or dans vos maisons, vos enfants ; et, tous les jours, polissez-les, ne vous lassez pas de les observer avec le plus grand soin, et employez tous les moyens, pour les embellir, pour les former. Imitez le bienheureux Job. qui redoutant les suites de leurs péchés, offrait, pour eux, des sacrifices, et ne cessait, pour eux, de s’inquiéter, de tout prévoir. (Job. 1,5) Incitez Abraham, peu soucieux de ses trésors, de toutes ses possessions ; ce dont il se souciait, c’était de la loi de Dieu, c’était d’en recommander, à ses descendants ; l’observance exacte. Dieu rend témoignage de la vertu de ce juste, par ces paroles : Je sais qu’Abraham ordonnera, à ses enfants, d’agir selon l’équité et la justice. (Gen. 18,19) David aussi, en mourant, fit venir son fils, et lui légua comme un bel héritage ces recommandations, sans cesse renouvelées : Si vous voulez, mon fils, vivre conformément à la loi de Dieu, aucun malheur imprévu ne fondra sur vous, et vous jouirez d’une grande sécurité ; mais si vous perdez ce puissant secours, toute votre royauté, toute votre puissance ne vous servira de rien. Voilà ce qu’il lui disait, telles étaient ses exhortations, sinon ses paroles mêmes.
10. Répétons-les, nous aussi, et pendant tout le temps de notre vie, et au moment de partir, à nos enfants ; persuadons-leur que c’est une grande richesse, et un héritage infaillible, et un trésor, le plus assuré de tous, que la crainte de Dieu : soyons moins jaloux de leur laisser une fortune périssable, que cette piété durable qui ne se dissipe jamais. Sans la piété, la fortune s’évanouit, ne vous laissant que les dangers et la honte ; avec la piété, la fortune arrive. Élevez bien votre fils, un autre en fera autant de son fils, et après cet autre, un autre encore ; c’est unie chaîne, une filiation excellente de chastes enseignements, qui s’étendra sur tous, et vous en serez le principe, la racine, et tous les fruits, récoltés de cette bonne éducation des enfants, se moissonneront pour vous. Si les pères appliquent tous leurs soins à bien élever leurs enfants, c’en est fait, il n’est plus besoin, ni de lois, ni de jugements, ni de peines, ni de supplices, ni d’expiations publiques par le sang ; car : Ce n’est pas pour le juste, dit l’Apôtre, que la loi est faite. (1Tim. 1,9)