Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

ici, de la veuve qui vit dans l’indigence, qui a besoin de secours, mais de celle qui veut prendre le titre de veuve. Pourquoi maintenant pose-t-il, au sujet de celle-ci, une question d’âge ? C’est qu’il savait bien que la jeunesse est comme un bûcher, comme une mer aux innombrables flots, tourmentée par mille tempêtes ; donc, ce n’est qu’après qu’elles étaient affranchies, par le bénéfice de l’âge, après qu’elles étaient parvenues au port de la vieillesse, ce n’est qu’après que le feu des passions ne couvait plus en elles, qu’il les admettait, sans défiance, dans ce chœur des veuves. Quoi donc ! n’a-t-on pas vu, dira-t-on, nombre de veuves, des veuves de vingt ans, briller d’un pur éclat jusqu’à leur dernière heure, porter longtemps le joug, et montrer, sans jamais se démentir, un noble spécimen de la vie apostolique ? eh bien ! donc, je vous le demande, les écarterons-nous ? et, quand elles veulent conserver le titre de veuves, les forcerons-nous à contracter un second mariage ? Est-ce là une conduite digne du conseil de l’Apôtre ? Que signifient donc ses paroles ? Prêtez-nous toute votre attention, mes bien-aimés ; comprenez, bien le sens du texte. Il ne dit pas : qu’il n’y ait pas de veuve âgée de moins de soixante ans, mais que celle qui sera choisie pour être mise au rang des veuves; et, d’un autre côté, il ne dit pas : que les veuves plus jeunes ne soient pas choisies, mais : évitez les veuves plus jeunes. (1Tim. 5,11) Ce sont là les paroles qu’il écrit à Timothée. Les détracteurs, les médisants abondent toujours, leurs langues sont aiguisées contre ceux qui dirigent les Églises. Paul veut mettre un chef d’église à l’abri des accusations ; il lui prescrit la loi qu’il exprime à peu près ainsi : Pour ce qui est de toi, ne choisis pas. Si, d’elle-même, si, de son propre mouvement, la veuve tient à entrer dans cette compagnie, qu’elle y entre ; toi cependant, ne l’admets pas encore. On pourrait dire : elle était jeune, elle voulait se marier, rester à la tête de sa maison ; c’est un tel qui l’a forcée ; voilà pourquoi elle a succombé ; de là, ses fautes. Toi, ne la choisis pas, afin que, si plus tard elle succombe, tu sois à l’abri des accusations ; et afin que, si elle demeure ferme, tu puisses la choisir, au temps convenable ; avec plus de sécurité. Si le texte dit : Je veux que les jeunes veuves se marient, qu’elles aient des enfants (1Tim. 5,14), comprenez ce qu’il entend par jeunes veuves. Ce sont celles qui, ayant secoué le joug du Christ, veulent se remarier ; des bavardes, des curieuses, des coureuses, disant ce qu’on ne doit pas dire, qui se sont mises de la suite de Satan. Et, en effet, après avoir dit : Je veux que les jeunes veuves se marient, il ne s’est pas arrêté, mais il dit ce qu’il entend par jeunes veuves, et il raconte leurs faux pas. Quels sont-ils, ces faux pas ? Parce que la mollesse de leur vie, les portant à secouer le joug de Jésus-Christ, elles veillent se remarier ; des fainéantes, des causeuses, des curieuses, des coureuses, disant ce qu’on ne doit pas dire, des femmes perverties. (Id. 11, 13, 15), pour voir qui ? pour voir Satan. Donc, puisqu’après avoir embrassé le veuvage et continue toute cette vie de honte, elles veulent contracter un second mariage, mieux vaut qu’elles le contractent avant d’être devenues les épouses du Christ, et d’avoir violé leur contrat avec lui. S’il est une veuve qui ne ressemble pas à celles-ci, le texte ne lui impose pas la nécessité d’un second mariage.
4. Et voici la preuve que c’est là la vérité. Si, en effet, on eût prescrit, comme par une loi, à toutes les femmes de se marier, de rester à la tête de leur maison, l’enquête suivante eût été superflue : Si elle a bien élevé ses enfants, si elle a lavé les pieds des saints, si elle a secouru les affligés, si elle s’est appliquée à toutes sortes de bonnes œuvres. (Id. 5,10) Il est aussi inutile de dire : qu’elles n’aient eu qu’un mari. (Id. 9) En effet, si vous ordonnez à toutes les jeunes veuves de se marier, comment pourra-t-il arriver qu’une des veuves qui vous occupent n’ait eu qu’un mari ? Donc, le texte considère les veuves dont on doit se défier. Telle est encore la pensée du texte sur le commerce conjugal. En effet, après avoir dit : Ne vous refusez point l’un à l’autre ce devoir, si ce n’est du consentement de l’un et de l’autre, pour un temps, afin de vous exercer au jeûne et à la prière, et ensuite vivez ensemble comme auparavant(1Cor. 7,5) ; pour que vous n’alliez pas regarder cette parole comme une loi, comme un précepte, il en donne aussitôt la raison, en disant : De peur que le démon ne vous tente, ce que je vous dis comme une chose qu’on vous conseille et nos pas qu’on vous commande à cause de votre incontinence. Donc, de même que, dans ce passage, il ne s’adresse pas à tous les hommes, mais seulement aux plus incontinents, à ceux qui succomberaient