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à la vérité, les autres par esprit de discorde, et par haine contre l’Apôtre. C’est ce qu’il marquait lui-même en disant : Quelques-uns prêchent Jésus-Christ par esprit de discorde et de haine (Phil. 1,15), et par ces mots, il désigne ses ennemis ; d’autres le prêchent par bonne volonté (Id), c’est de ses disciples qu’il parle. Plus loin il dit encore : Les uns prêchent Jésus-Christ par jalousie, ce sont des ennemis, dont les intentions ne sont ni pures, ni justes, comptant ajouter une nouvelle affliction à celle que je souffre dans les fers ; les autres, par charité. (Id. 17, 16) Il dit encore de ses disciples : Parce qu’ils savent que j’ai été établi pour la défense de l’Évangile. (Id. 16) Mais que m’importe ? puisque de toute manière par occasion ou par vérité Jésus-Christ est annoncé ? (Id. 18) C’est donc inutilement qu’on s’efforce d’appuyer l’hérésie de ces paroles. Car ceux qui prêchaient alors ne prêchaient point une doctrine corrompue ; ils enseignaient une foi saine, et droite. En effet, s’ils avaient prêché une doctrine corrompue, et différente de celle de Paul, ils n’auraient jamais atteint leur but. Quel était leur but ? d’étendre la for, d’accroître le nombre des disciples de Paul, et de pousser ainsi Néron à faire aux chrétiens une guerre plus acharnée. S’ils eussent prêché une doctrine différente, ils, n’auraient pas gagné des disciples à l’Apôtre, et sans cela, ils n’auraient pas excité la colère du tyran. Aussi Paul ne dit-il point que leur doctrine fût corrompue il ne condamne que la cause qui les poussait à Il prédication. Autre chose est de condamner la cause de la prédication, autre chose d’accuser la prédication elle-même de n’être pas pure. Car elle ne l’est point lorsque les dogmes enseignés sont pleins d’erreurs ; la cause de la prédication est blâmable lorsque, quelle que soit la pureté de la doctrine, elle n’est point prêchée en vue de Dieu, mais par haine ou par tout autre motif.
10. Aussi Paul ne dit-il point que ces hommes causèrent des hérésies ; mais que le motif de leurs prédications était coupable, et qu’ils ne prêchaient point par piété. Car ils n’avaient point dessein de propager l’Évangile, mais de lui faire la guerre et de le faire tomber dans de plus grands dangers. Voilà pourquoi l’Apôtre les accuse. Et voyez quelle exactitude dans ces mots : Comptant ajouter une affliction à celle que je souffre dans mes liens. (Phil. 1,17) Il ne dit pas ajoutant, mais comptant ajouter, c’est-à-dire, pensant, pour montrer qu’ils le peuvent croire, mais qu’il rie pense point de même ; qu’au contraire, il se réjouit du progrès de la prédication. Aussi ajoute-t-il : Mais je m’en réjouis ; et m’en réjouirai toujours. (Id. 18) Si la doctrine de ses ennemis eût été erronée, si elle eût causé des hérésies, Paul ne se fût point réjoui. C’est parce que leurs dogmes étaient purs et sans altération qu’il a pu dire : Je m’en réjouis et m’en réjouirai toujours. Que m’importent mes ennemis, si leur haine tourne contre eux-mêmes ? cette haine servira ma cause. Voyez-vous la puissance de Paul, et qu’il ne se laisse surprendre à aucune des ruses du démon ? et non seulement il ne se laisse point surprendre, mais il le fait tomber dans ses propres pièges. Grande était la fourbe du démon, grande aussi la malice de ses serviteurs : sous ombre de partager la même foi, ils voulaient étouffer la prédication. Mais Celui qui perce les ruses des habiles (1Cor. 3,19), ne le permettait point ; t’est ce que montrait Paul dans ces paroles : Il est plus utile pour votre bien que je demeure encore en cette vie ; c’est pourquoi j’ai une confiance qui me persuade que je demeurerai encore avec nous, et que j’y demeurerai même assez longtemps. (Phil. 1,24-25) Mes ennemis me veulent faire perdre la vie, et pour y parvenir, il n’est rien qu’ils n’osent tenter, mais Dieu ne le permettra point à cause de vous.
11. Souvenez-vous exactement de toutes mes paroles, afin que si vous trouvez des gens qui, à la légère et sans réflexion, abusent de l’Écriture pour perdre le prochain, vous les puissiez redresser en toute connaissance de cause. Or, nous conserverons fidèlement le souvenir de ces instructions et nous pourrons redresser les autres, si nous avons recours à la prière, si nous prions le Dieu qui donne la parole de sagesse, de nous donner aussi l’intelligence pour la recevoir, et la grâce de conserver intact et inviolable ce dépôt spirituel. Car souvent ce que nos propres fonces sont impuissantes à faire, s’accomplit sans peine avec le secours de la prière, je dis la prière assidue. En effet, il faut prier toujours, prier sans cesse dans les traverses et dans la paix, dans les malheurs et dans la prospérité ; dans la paix et la prospérité, pour que ces biens s’affermissent, ne passent ni ne périssent point ; dans les traverses et les malheurs, afin qu’il survienne un heureux changement, et que le