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Paul : J’ai bien combattu, j’ai achevé ma course ; j’ai gardé la foi. Il ne me reste plus qu’à attendre la couronne de justice qui m’est réservée, et que le Seigneur me donnera comme un juge équitable. Quand ? Au jour du jugement, en même temps qu’à tous ceux qui aiment son avènement. (2Ti. 4,7-8) Et ailleurs, pour nous marquer que ces biens seront donnés le même jour à tous les justes, il dit aux Thessaloniciens : Il est bien juste devant Dieu qu’il afflige à leur tour ceux qui vous affligent maintenant et qu’il vous console avec nous, vous qui êtes dans l’affliction. (2Th. 1,6-7) Et ailleurs encore:Nous qui vivons et qui sommes réservés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont déjà dans le sommeil de la mort. (1Th. 4,15) Par toutes ces paroles, il nous apprend que nous recevrons tous ensemble et en commun les honneurs célestes, Cela même est pour les premiers arrivés une joie nouvelle, de jouir de ces indicibles biens avec ceux qui sont leurs propres membres. Un père, assis à une table riche et splendide, ressent plus de bonheur quand tous ses enfants partagent son bonheur et sa richesse. Ainsi, Paul et tous les saints qui vécurent en son temps, jouiront d’une félicité plus grande quand ils verront leurs membres la goûter avec eux. Car les pères ont moins d’amour pour leurs enfants que n’en ont les saints pour les hommes qui les ont suivis dans la voie de la vertu. Pour être au nombre de ceux qui seront honorés en ce jour, efforçons-nous d’imiter les saints. Et comment, dites-vous, pourrons-nous y arriver ? qui nous montrera la route ? Le Maître de ces saints ; il nous enseigne non seulement à les imiter, tuais encore le moyen de devenir leurs compagnons dans leur céleste demeure. Faites-vous des amis, dit-il, avec les trésors d’iniquité, afin que lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles. (Luc. 14,9) Il a bien dit Eternelles. Car eussiez-vous en ce monde un splendide palais, il faut qu’il périsse de vétusté. Et avant qu’il tombe en ruines sous l’effort du temps, la mort surviendra qui vous chassera de cette somptueuse demeure ; et avant la mort peut-être, les malheurs, les attaques des calomniateurs, les embûches des ennemis vous en feront sortir. Mais là-haut, vous n’aurez rien à craindre, ni la mort, ni la ruine, ni les calomniateurs, ni les autres fléaux : vous habiterez une demeure impérissable, immortelle. Voilà pourquoi Paul l’appelle immortelle : Faites-vous, dit Jésus, des amis avec les trésors d’iniquité.
11. Admirez toute la bonté du Maître, son humanité, sa douceur. Ce n’est point sans dessein qu’il a prononcé ces paroles ; mais voyant que bien des riches ne doivent leurs trésors qu’à la fraude et à la rapine, il ne fallait point, dit-il, amasser des biens par le crime ; mais puisque tu les as amassés injustement, mets un terme à tes vols et à tes rapines, et sers-toi pour le bien des trésors que tu possèdes. Je ne te dis point d’être à la fois nique et miséricordieux ; je te conseille de te départir de ton avidité et d’employer tes biens eu aumônes et en bonnes œuvres. Car celui qui ne met point fin à ses rapines ne saurait faire une fructueuse aumône. Jetterait-il d’innombrables richesses dans les mains des pauvres, s’il vole celles des autres et satisfait son avidité, il sera traité par Dieu à l’égal des homicides. Il faut donc qu’il renonce à son amour de l’or avant de secourir les malheureux. Oui, la puissance de l’aumône est grande. Je vous en ai parlé dans un précédent entretien, je vous en parlerai aujourd’hui encore. Mais que nul d’entre ceux qui m’écoutent ne prenne cette insistance pour une accusation. Dans les luttes, les spectateurs excitent ceux d’entre les coureurs qu’ils voient près d’atteindre le prix, ceux qui ont le plus d’espoir de vaincre. Ainsi fais-je moi-même. Je vois que vous écoutez toujours avec une attention nouvelle ce que je vous dis sur l’aumône, c’est pourquoi je m’étends d’autant plus volontiers sur ce sujet. Les pauvres sont les médecins de nos âmes, nos bienfaiteurs, nos protecteurs. En effet, vous leur donnez moins que vous ne recevez d’eux ; vous leur donnez de l’argent, et vous recevez le royaume des cieux ; vous éloignez d’eux la pauvreté et vous vous réconciliez le Seigneur. Voyez-vous que t’échange n’est point égal ? Les biens que vous donnez sont terrestres, ceux que vous recevez sont célestes : les uns passent, les autres demeurent ; les uns périssent, les autres soit à.l'abri de tout accident. Vos pères ont placé les pauvres à la porte des églises, afin que les plus durs et les plus inhumains, à la vue des pauvres, fassent un retour sur eux-mêmes et soient portés à l’aumône. En présence d’une foule de vieillards courbés par l’âge, couverts de misérables haillons appuyés sur des bâtons et se