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avec moi, qui étais le chef de mes conseils, mon plus cher confident. (Psa. 84,13-14) Cette figure étais alors réalisée. Aussi les hommes avaient besoin de grandes consolations. Ce que voyant Paul, et que ceux qu’il avait mission de conduite souffraient et faiblissaient sous le poids des maux et des douleurs qui se succédaient sans nombre, il s’ingénie à relever leurs courages. Tantôt il leur dit : Il est bien juste devant Dieu qu’il afflige à leur tour ceux qui vous affligent maintenant, et qu’il vous console avec nous, vous qui êtes comme nous dans l’affliction. (2Th. 1,6-7) Tantôt : Le Seigneur est proche, ne soyez point inquiets. (Phi. 4,5-6) Ne perdez point votre confiance : car la patience vous est nécessaire, afin qu’en faisant la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous sont promis. (Heb. 10,35-36) Et pour les engager à la patience, il ajoute : Car, encore un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra, et, ne tardera point. (Id. 37) Quand un petit enfant pleure, s’irrite et demande sa mère, on s’assied près de lui, et pour le consoler, on lui dit : attends encore un peu de temps, ta mère va venir assurément ; de même Paul, voyant les fidèles de ces temps en proie à la douleur, se plaindre et demander, dans l’intolérable excès de leurs maux, la venue du Christ, il leur dit pour les consoler : Encore un peu de temps ; et Celui qui doit venir viendra et ne tardera point.
6. Les disciples étaient donc affligés, entourés de maux, et, comme des agneaux au milieu des loups, poursuivis et persécutés, vous l’avez vu. Ceux qui les instruisaient ne souffraient pas de moindres maux, mais des maux plus grands ; car plus ils confondaient les ennemis de la foi, et plus ils en étaient tourmentés. L’Apôtre, à qui nous empruntions les précédentes citations, nous l’apprendra encore. Il écrivait aux Corinthiens : Nous prenons garde aussi nous-même de ne donner à personne aucun sujet de scandale, afin que notre ministère ne soit point déshonoré. Mais en toutes choses Nous nous montrons ministre de Dieu, par une grande patience dans les maux, dans les nécessités, dans les extrêmes afflictions, dans les plaies, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes. (2Co. 6,3-6) Vous voyez combien de maux il a comptés, que d’épreuves et, d’orages ! Il leur écrit encore : Sont-ils ministres de Jésus-Christ ? quand je devrais passer pour imprudent, j’ose dire que je le suis plus qu’eux. (2Co. 11,23) Ensuite, pour nous convaincre que le don des miracles est d’un moindre prix que la patience à souffrir pour Jésus-Christ, et faisant valoir sa qualité d’apôtre pour montrer qu’il vaut mieux que les autres, je ne dis point les autres apôtres, mais les faux apôtres, ce ne sont point ses miracles qu’il ##Rem doue comme des preuves de sa supériorité, mais les continuels dangers où il a vécu. J’ai plus souffert de travaux, dit-il, plus reçu de coups, plus enduré de chaînes. Je me suis souvent vu tout près de la mort. J’ai reçu des Juifs, en cinq différentes fois, trente-neuf coups de fouet. J’ai été trois fois battu de verges, lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois, j’ai passé un jour et une nuit au fond de la nier, j’ai été souvent exposé dans les voyages : périls sur les fleuves, périls des voleurs, périls de la part de ceux de ma nation, périls au milieu des villes, périls au milieu des déserts, périls sur la mer, périls entre les faux frères. Enfin j’ai souffert toute sorte de travaux et, de fatigues, les veilles fréquentes, la faim, la soif, les jeûnes réitérés, le froid, la nudité, et d’autres maux outre ces maux extérieurs. (Id. 23, 29) Telles sont les vraies marques de l’apostolat. Bien d’autres ont fait des prodiges et n’en ont tiré, d’autre fruit que d’entendre ces paroles : Retirez-vous, je ne vous connais pas, ouvriers d’iniquité ! (Mt. 7,23) Ceux qui peuvent, comme Paul, énumérer leurs souffrances, n’entendront ces paroles, mais avec confiance ils monteront au ciel pour y jouir de tous les biens réservés aux élus.
7. Mon discours vous semble long peut-être, mais soyez sans crainte, je n’oublie point ma promesse, et j’y reviens aussitôt. Ce n’est point sans dessein que je me suis étendu ; c’est pour vous donner plus de preuves et rendre ma démonstration plus claire, et ensemble pour relever les âmes affligées, pour que chacun de ceux qui sont dans les tentations et les dangers emporte une consolation efficace, en sachant que ces souffrances le mettent en compagnie de Paul, et même du Christ, le Roi des anges. Car celui qui participe ici-bas à ses douleurs participera là-haut à sa gloire : Si nous souffrons ensemble, dit-il, c’est pour être glorifiés ensemble (Rom. 8,17) ; et encore : Si nous supportons les mêmes maux, c’est pour partager la même couronne. (2Ti. 2,12)