Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

avait dit : Le même esprit de foi, et nous en avons exposé une cause. C’était afin de montrer l’accord de l’Ancien Testament et du Nouveau. Car si l’on fait voir que c’est le même Esprit qui parlait par la bouche de David quand il disait : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé (Psa. 115,10), et qui agissait dans l’âme de Paul, on aperçoit aussitôt la parenté qui unit les prophètes et les apôtres, et il suit de là qu’il y a parfait accord entré l’Ancien Testament et le Nouveau. Mais je m’abstiens de redites fastidieuses, et vais exposer la seconde cause qui a fait dire à l’Apôtre : Le même esprit de foi. Car je vous ai promis de vous faire connaître cette seconde cause. Prêtez-moi toute votre attention. La pensée que je vais vous développer est profonde, et demande de la perspicacité et de la pénétration. C’est pourquoi je vous engage à écouter sans en rien perdre ce que je vais vous dire. À moi la peine, à vous le bénéfice. Mais je rie dois pas dire : à moi la peine, car le Saint-Esprit me donnera la grâce, et quand c’est, lui qui nous révèle la sagesse, il n’y a de peine ni pour l’orateur, ni pour les auditeurs, mais pour tous la tâche est facile. Soyez donc attentifs ; car entendriez-vous la plus grande partie de mes paroles, si votre attention sommeille un moment, vous ne saisirez pas la beauté de l’ensemble, ayant une fois perdu le fil de mon discours. De même que ceux qui ne connaissent point leur chemin et ont besoin d’un guide, seraient-ils allés très-loin à sa suite, si, par négligence, ils le perdent de vue un, moment, l’office qu’on leur a rendu leur devient inutile, ils s’arrêtent et ne savent où se diriger ; ainsi des auditeurs qui écoutent une instruction, s’ils se relâchent un moment de leur attention, perdent la suite des pensées et ne peuvent point parvenir à la conclusion. Pour qu’il ne vous advienne point ainsi, prêtez une constante attention à mes discours, jusqu’à ce que nous arrivions ensemble à la conclusion.
3. L’Apôtre a dit : Parce que nous avons le même esprit de foi, voulant montrer que dans l’Ancien Testament, comme dans le Nouveau, la foi est la mère de tous les biens. Pour le prouver, remontons un peu plus haut. La cause nous paraîtra ainsi plus manifeste. Quelle est donc cette cause ? Au moment où parlait l’Apôtre, la guerre entourait les fidèles, guerre terrible et sans trêve. Des villes entières, des peuples divers se levaient contre eux ; les tyrans leur dressaient des embûches, les rois s’apprêtaient à la guerre, les armes s’agitaient, les épées s’aiguisaient, on préparait des soldats, on imaginait mille châtiments, mille supplices : pillage et confiscations, prison, exécutions quotidiennes, tourments, chaînes, bûchers, glaives, bêtes féroces, gibets, roues, précipices, abîmes, il n’était rien qu’on n’inventât pour exterminer les fidèles. Et là ne s’arrêtait point la guerre. Car non seulement les ennemis l’attisaient, mais la rature était divisée contre elle-même. Les pères faisaient la guerre aux enfants, les filles haïssaient leurs mères, les amis détestaient leurs amis, dans toutes les familles, dans toutes les maisons se glissait la discorde, et le trouble était grand sur la terre. Et de même qu’un navire au milieu des vagues soulevées, des nuées qui s’entr’ouvrent, des tonnerres qui éclatent, des ténèbres qui couvrent tout d’une épaisse nuit, de la mer en fureur, des monstres qui se dressent, des pirates qui attaquent, des dissensions de l’équipage, ne saurait échapper au danger, si une main d’en haut, forte et puissante, ne détournait la guerre, n’apaisait la tempête, et ne rendait le calme aux navigateurs ; ainsi advint-il dans les commencements de la prédication. Car non seulement au-dehors la tempête se déchaînait, mais souvent au dedans régnait la discorde. Qui nous rapprend ? c’est Paul lui-même quand il écrit : au-dehors la lutte, au dedans les terreurs. (2Co. 7,5) Et pour vous prouver la vérité de ce que j’avance, et que maîtres et disciples étaient entourés de mille maux et victimes d’une guerre universelle, j’appellerai encore Paul en témoignage. Souvenez-vous de toutes mes paroles, et lorsque vous connaîtrez les dangers, les épreuves et les malheurs sans nombre où étaient exposés les fidèles en ce temps, vous rendrez plus d’actions de grâces à Dieu qui conjura tous ces dangers, donna aux hommes une paix profonde, éloigna la guerre et rétablit dans le monde le calme et la tranquillité ; que désormais les indifférents ne comptent pas échapper au châtiment, et que les justes relèvent la tête !
4. En effet, il n’y a point un égal mérite à montrer le même zèle au milieu des attaques et des orages, ou dans le calme et la sécurité du port. Or, les fidèles alors n’étaient pas moins agités que des matelots ballottés par les flots en courroux, tandis qu’aujourd’hui nous