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HOMÉLIES SUR CE TEXTE: PARCE QUE NOUS AVONS UN MÊME ESPRIT DE FOI.

AVERTISSEMENT.


On a formé quelques doutes sur les trois homélies qui expliquent ces paroles de saint Paul aux Corinthiens : Parce que nous avons un même esprit de foi. La première raison de douter si ces trois homélies sont de saint Jean Chrysostome, c’est que dans la première, l’auteur, en parlant du commencement de la foi, s’exprime d’une manière qui semble favoriser le semi-pélagianisme. Ni Dieu, dit-il, ni la grâce du Saint-Esprit ne préviennent notre dessein, et quoique Dieu nous ait appelés, il attend néanmoins que nous approchions librement de notre propre volonté, et, lorsque nous nous sommes approchés, il nous donne tout son secours. La seconde raison, c’est qu’au commencement de la troisième homélie, l’auteur compte cinq cents ans depuis saint Paul ce qui marque un auteur plus récent que saint Chrysostome. Mais ne sait-on pas que ce Père ayant vécu avant les controverses sur la grâce, a moins ménagé les expressions que s’il eût vécu depuis ? D’ailleurs, on trouve dans ses écrits les plus assurés divers endroits où le saint évêque déclare que le secours de la grâce est nécessaire pour le commencement de la foi. A l’égard de l’anachronisme qui se trouve dans la troisième homélie, outre que les chiffres ont pu être corrompus, on voit, par plusieurs autres endroits, en particulier par le cinquième discours centre les Juifs, que saint Chrysostome n’était point exact dans la chronologie, puisqu’il y compte quatre cents ans depuis la dernière ruine de Jérusalem fautes qui sont pardonnables dans un auteur qui discourait souvent sans préparation. Au reste, pour péri qu’on soit accoutumé à la lecture de ses écrits, on reconnaîtra aisément son style et toutes ses façons de parler dans ces trois homélies. Il les prononça à Antioche, comme on le voit par ce qu’il dit de la vie austère des moines qui se retiraient sur les montagnes. (Dom Remy Ceillier)

PREMIÈRE HOMÉLIE.


Sur ces paroles de l’Apôtre : « Parce que nous avons un même esprit de foi, selon qu’il est écrit (2Cor. 4,13) ; et sur ces mots : J’ai cru ; c’est pourquoi j’ai parlé (Ps. 117,10) ; et sur l’aumône. »

ANALYSE.



1. Lorsque les médecins sont obligés d’employer le fer, ils ne le font pas sans compatir à la douleur qu’ils causent à leurs malades ; saint Paul, obligé de corriger les Corinthiens, éprouve de la peine en songeant à c Ile qu’il leur cause. – 2 Faiblesse naturelle à la raison raffermie par la fonte de la foi. – 3. Imbécillité de la philosophie séparée de la foi. – 4. Le mot foi a deux significations dans les Écritures : il signifie cette vertu par laquelle les apôtres opéraient des miracles, il signifie encore ce qui conduit à la connaissance de Dieu. – 5. Dans ce chapitre, saint Chrysostome parle de la grâce d’une manière qui parait favoriser ! e semi-pélagianisme. – 6. Les bonnes œuvres font demeurer en nous l’Esprit-Saint. La virginité a besoin d’être unie à la charité. – 7. Dieu a particulièrement à cœur le précepte de la charité. – 8-10. Exhortation à la pratique de l’aumône.
1. Quand les habiles médecins voient qu’une plaie a besoin du fer, ils pratiquent des incisions, mais ils ne le font point sans peine ni pitié. Ils souffrent et se réjouissent autant que leurs malades. Ils souffrent de la douleur qu’ils causent dans l’opération, et se réjouissent à la pensée qu’ils rendent ainsi la santé à ceux qui l’avaient perdue. C’est aussi ce que fit Paul, ce sage médecin des âmes. Les Corinthiens eurent un jour besoin d’un blâme sévère, il les