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HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APÔTRE : « je ne veux pas que vous ignoriez, mes frères, que nos pères furent tous sous la nuée, et qu’ils traversèrent tous la mer. » (1Co. 10,1)

AVERTISSEMENT.


Nous ne savons rien touchant la date de cette homélie. Seulement deux passages de l’exorde attestent qu’elle fut prononcée en été, et le lendemain du jour où Chrysostome avait loué saint Barlaam. C’est à Antioche que se célébrait particulièrement la fête de ce saint : d’où l’on peut induire que la présente homélie fut prononcée dans la même ville. S. Chrysostome s’y propose d’y démontrer que les événements accomplis sous l’ancienne Loi sont comme des figures et des présages de ce qui devait arriver sous l’empire de la Nouvelle. Il attaque incidemment les erreurs de Marcion, de Manichée, de Paul de Samosate, et termine en sollicitant l’intercession des saints.

ANALYSE.


  • 1° Pourquoi saint Paul a recours à l’Ancien Testament, et non au Nouveau pour faire redouter aux pécheurs les châtiments qu’ils ont mérités. – Comment les prédictions peuvent être confirmées par les exemples empruntés au passé.
  • 2° Que le Dieu de l’Ancien Testament et Celui du Nouveau sont un seul et même Dieu. – Réputation de Marcion et de Manichée.
  • 3° Le passage de la mer Rouge, figure du baptême.
  • 4° En quoi la figure ou le symbole diffère de la vérité.
  • 5° Figure de la Sainte Table dans l’ancienne Loi. – Hérésie de Paul de Samosate.
  • 6° Autres rapports entre la vie des Juifs dans le désert et ce qui se passe actuellement dans l’Église
  • 7° Conclusion et exhortation.


1. Les mers que les marins préfèrent à toutes les autres sont celles où les ports et les îles se trouvent en abondance. Une mer sans port, quand bien même le calme y régnerait, est un sujet d’effroi pour ceux qui la sillonnent ; mais s’ils aperçoivent des ports, des rivages, des plages de toutes parts, ils naviguent alors avec une entière sécurité. L’onde a beau s’émouvoir un instant, comme il leur suffit d’un moment pour trouver un abri, ils comptent échapper sans peine et sans retard aux maux suspendus sur leurs têtes. Par la même raison, quand bien même le port est dans le lointain, et non dans le voisinage, il leur suffit de l’apercevoir pour éprouver un grand soulagement. Ce n’est pas, en effet, un médiocre encouragement pour eux, que l’apparition d’une cime de montagne à l’horizon, qu’une fumée qui s’élève, un troupeau qui paît sur le penchant d’une colline. Néanmoins, c’est seulement quand ils arrivent au port qu’ils goûtent une joie sans mélange. Alors ils déposent la rame, alors ils arrosent d’une eau douce et pure leurs corps imprégnés du sel de l’onde amère, alors ils descendent sur le rivage, et une heure de sommeil sur terre leur fait oublier toutes les épreuves de la navigation. Or, de même que ces hommes se plaisent sur les mers dont j’ai parlé, à cause des fréquentes occasions dé repos qu’ils y trouvent ; ainsi je sens, moi aussi, une préférence pour la saison où nous sommes ; non point parce que nous sommes délivrés de l’hiver, ni