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tes oreilles à tous propos de ce genre, et à rester attaché d’une manière inébranlable à la loi divine. Telle est la conduite de l’homme que proclame heureux le Prophète : Heureux l’homme qui n’a point marché dans le conseil des impies, qui ne s’est point tenu debout dans la voie des pécheurs, qui ne s’est point assis dans la chaire de pestilence ; mais sa volonté est dans la loi du Seigneur, et dans sa loi il méditera le jour et la nuit. (Psa. 1, 1-2)
2. Dans les conversations du siècle, s’il se glisse parfois quelques bonnes paroles, c’est au milieu de mille propos méprisables, qui laissent à peine de la place pour un discours sensé. Il en est tout autrement des saintes Écritures : là, vous n’entendrez rien qui soit mauvais, rien qui ne soit salutaire et rempli d’une profonde sagesse : tel est, par exemple, le texte qui nous a été lu aujourd’hui. Ce texte, quel est-il ? Quant aux choses dont vous m’avez écrit, il est avantageux à l’homme de ne toucher aucune femme. Mais à cause de la fornication, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari. (1Co. 7, 1-2) Paul décrète en cet endroit, au sujet des mariages ; il n’en rougit pas, il n’en éprouve point de honte. En effet, si son Maître a daigné assister à un mariage, si, loin de s’en abstenir par pudeur, il a au contraire honoré la cérémonie de sa présence et de son cadeau (et nul ne se montra plus généreux que lui pour les époux, puisqu’il changea l’eau en vin), comment l’esclave aurait-il rougi de décréter au sujet des mariages ? Ce n’est pas le mariage qui est une mauvaise chose, c’est l’adultère, c’est la fornication. Or le mariage est un remède contre la fornication.
Évitons donc de le déshonorer par des pompes diaboliques, et que, à l’exemple des mariés de Cana en Galilée, ceux qui prennent femme aujourd’hui aient pareillement entre eux Jésus-Christ. Mais comment, dira-t-on, cela peut-il se faire ? Par le simple ministère des prêtres. En effet, il est écrit : Celui qui vous reçoit me reçoit. (Mat. 10, 40) Si donc vous chassez loin de vous le diable, les chansons lubriques, les poésies voluptueuses, les danses déréglées, les paroles obscènes, et tout cet appareil diabolique, et ce tumulte, et ces rires à gorge déployée ; si vous bannissez enfin toute indécence et que vous introduisiez les saints serviteurs du Christ, le Christ lui-même, en leur personne, sera là, n’en doutez point, avec sa mère et ses frères. Car il est écrit : Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère. (Mat. 12, 50) Je sais que quelques-uns trouvent importunes et fatigantes ces exhortations, ainsi que nos efforts pour déraciner un antique usage. Je ne m’en inquiète nullement, car je n’ai pas besoin de vous plaire, mais seulement de vous être utile : je n’ai pas besoin de vos applaudissements ni de vos éloges, mais de votre avancement et de votre instruction. Qu’on ne vienne donc point me dire que c’est un usage : dès que le péché se commet, cessez de parler d’usage. Si l’usage ne vaut rien, détruisez-le, quelque ancien qu’il puisse être ; s’il est innocent, vous fût-il inconnu d’ailleurs, il faut l’introduire et l’implanter. Mais la preuve que ces pratiques indécentes ne proviennent point d’un antique usage, et sont au contraire des nouveautés, vous la trouverez en vous rappelant la manière dont Isaac épousa Rébecca, dont Jacob épousa Rachel. En effet, l’Écriture raconte leurs mariages ; elle nous apprend comment les jeunes femmes furent conduites chez leurs époux, et elle ne mentionne rien de pareil. Seulement le festin fut plus brillant que le repas habituel, et les parents furent invités à la noce : quant aux flûtes, aux cymbales, aux danses d’ivrognes, à toutes les indécences qui sont à la mode aujourd’hui, elles furent laissées à la porte.
Chez nous, l’on danse en chantant des hymnes en l’honneur d’Aphrodite, on entonne des chansons où il n’est question que d’adultères, d’épouses séduites, d’amours illégitimes, d’accouplements monstrueux, enfin d’impiétés et d’infamies de tout genre, et cela dans un pareil jour ; et c’est en état d’ivresse, c’est à la suite de tous ces dérèglements, c’est au milieu de propos obscènes que l’on fait cortège publiquement à la jeune épouse. Et comment donc, dis-moi, peux-tu exiger d’elle la chasteté, quand, dès le premier jour, tu lui donnes de pareilles leçons d’effronterie ; quand tu exposes à sa vue et à son oreille des spectacles, des propos dont le récit ferait horreur à des esclaves un peu réservés ? Quand le père, conjointement avec la mère, a consacré si longtemps toute sa sollicitude à veiller sur sa fille vierge, à empêcher qu’elle ne dît rien, qu’elle n’entendît rien de pareil ; quand il a multiplié pour cela les précautions : chambres particulières, appartements réservés, gardiens, portes, verrous,