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chair et de notre nature, a marché lui-même dans la route, et nous a montré les préceptes en exécution. Ce précepte : Si quelqu’un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui la gauche, il l’a exécuté lui-même, quand il fut frappé par un serviteur du grand prêtre. Sans entreprendre de se venger, il se contenta de répondre avec douceur : Si j’ai mal parlé, faites voir le mal que j’ai dit ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ? (Jn. 18,23) Vous voyez une patience incroyable, une humilité merveilleuse. Il était frappé non par un homme libre, mais par un vil et méprisable esclave ; et il répond avec une modération extrême. C’est ainsi que son Père disait aux Juifs : Mon peuple, que vous ai-je fait ? en quoi vous ai-je affligé ? quelle peine vous ai-je causée ? répondez-moi. (Mic. 6,3) Jésus-Christ dit lui-même. Faites voir le mal que j’ai pu dire. Son Père avait dit : Répondez-moi. Jésus-Christ dit lui-même : Pourquoi me frappez-vous ? Son Père avait dit : En quoi vous ai-je affligé ? quelle peine vous ai-je causée ? Et lorsqu’il enseigne la pauvreté, voyez comme il la montre lui-même dans sa personne : Les renards, dit-il, ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. (Mat. 8,20) Vous voyez son extrême pauvreté : il n’avait ni maison, ni table, ni siège, rien en un mot. Il nous enseignait à écouter patiemment les injures ; et il nous a donné l’exemple de cette patience. Lorsque les Juifs l’appelaient possédé du démon et samaritain, il pouvait les punir de leur insolence et les faire périr ; mais il ne leur faisait que du bien, il chassait leurs démons. Priez pour ceux qui vous calomnient, nous dit-il ; et il l’a fait sur la croix. Lorsque les Juifs l’eurent crucifié, il disait à son Père du haut de la croix où ils l’avaient attaché : Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Il faisait cette prière, non qu’il ne pût leur pardonner lui-même, mais il voulait nous apprendre à prier pour nos ennemis. Comme il voulait nous instruire par des actions, encore plus que par des paroles, voilà pourquoi il a ajouté une prière. Que les hérétiques n’abusent donc point de paroles qui annoncent sa bonté pour le taxer de faiblesse ; car c’est le même qui a dit : Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés. (Mat. 9,6) Mais comme il voulait nous instruire, je le répète, et que celui qui instruit offre son propre exemple sans se borner à des discours, c’est pour cela qu’il a ajouté une prière. C’est ainsi qu’il a lavé les pieds de ses disciples, non qu’il fût moindre qu’aucun d’eux, mais quoiqu’il fût leur Seigneur et leur Maître ; il s’est abaissé à cette humble fonction, afin de leur enseigner l’humilité. C’est pour cela encore qu’il leur disait : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. (Mat. 11,29)
6. Voyons maintenant comment ce même Dieu nous offre et nous met sous les yeux les prix et les récompenses. Il nous a promis la résurrection des corps, l’incorruptibilité, l’enlèvement au milieu des nues et des airs pour aller au-devant de lui ; et c’est ce qu’il nous a montré par des effets. Comment cela ? Il est ressuscité après sa mort, et il a conversé pendant quarante jours avec ses disciples, afin qu’ils fussent bien assurés quels doivent être nos corps après la résurrection. Il nous dit parla bouche de son Apôtre : Nous serons enlevés dans les nues pour aller à la rencontre du Seigneur au milieu des airs (1Th. 4,16) ; et c’est ce qu’il nous a encore montré dans sa personne. Lorsqu’après sa résurrection il devait monter dans le ciel, il s’éleva, en présence de ses disciples, et il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux ; les disciples étaient frappés d’étonnement en le voyant monter dans le ciel. (Act. 1,9) Notre corps, comme tiré de la même masse que celui de Jésus-Christ, participera à la même gloire ; les membres seront tels que la tête, et la fin telle que le commencement. C’est ce que saint Paul exprime plus clairement par ces mots : Il transformera notre corps, tout vil et abject qu’il est, afin de le rendre conforme à son corps glorieux. (Phi. 3,21) Or, s’il est conforme à celui de Jésus-Christ, il prendra la même route, et il s’élèvera de même dans les nues. Attendez-vous donc aussi au même avantage dans la résurrection. Comme le nom de royaume céleste était obscur pour ceux à qui on le prononçait, c’est pour cela que Jésus-Christ, se transportant sur une montagne, se transfigura en présence de ses disciples, qu’il leur fit voir un échantillon de la gloire future, et comme une image imparfaite de ce que seraient un jour nos corps. Dans sa transfiguration, il se montra avec ses habits, ce qui ne sera pas dans la résurrection de nos corps. Ils n’auront besoin ni de vêtement, ni de toit, ni d’abri, en un mot,