Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

DEUXIÈME HOMÉLIE. SUR LE DEVOIR DE NE POINT MAL PARLER DES PRÊTRES DE DIEU.

ANALYSE.


1° Combien était grande la sollicitude de saint Paul. Priscille et Aquila, plus heureux que tous les rois de la terre. Austérité des Apôtres : utilité de ces exemples. Objection contre les Apôtres et contre d’autres chrétiens relativement à la pauvreté : réponse aux incrédules. – 2° Pourquoi Jésus-Christ recommande la pauvreté ? Pourquoi il n’en a pas fait une obligation absolue et permanente à ses disciples ? – 3° De la manière dont il faut interpréter certains préceptes. – 4° Parallèle du riche et du pauvre. – 5° L’union et l’affection mutuelle des maîtres et des disciples, au temps des Apôtres, étaient la source de la prospérité du Christianisme. Combien est grave la faute de mal parler des chefs de l’Église. – 6° En disant du mal d’eux, c’est à nous-mêmes que nous nuisons. Même lorsqu’ils ont des défauts, nous devons nous abstenir de les juger, à cause du caractère sacré de leur personne ; il y a de l’hypocrisie à leur donner en public des témoignages de vénération, à avoir recours à eux, et chez soi, à les décrier, ou bien à approuver ceux qui les décrient. Ce manque de respect et de charité envers les prêtres est une plaie de l’Église. En outre, cela compromet directement les intérêts de notre salut ; car si nous ne voulons pas être jugés par Dieu, nous ne devons pas juger les autres, et nous devons nous juger nous-mêmes.

1. N’êtes-vous pas instruits maintenant à ne rien regarder comme accessoire dans le texte de la sainte Écriture ? N’avez-vous pas appris à scruter jusqu’aux titres, aux noms propres et aux simples salutations qui se lisent dans les divins oracles ? Quant à moi, j’estime que désormais nul homme studieux ne souffrira qu’on néglige rien parmi les paroles consignées dans l’Écriture, ne fût-ce qu’une liste de noms propres, une énumération de dates, ou une simple salutation adressée à telles ou telles personnes. Mais, pour donner plus de solidité encore à cet avertissement, examinons aujourd’hui ce que nous avions laissé des paroles à l’adresse de Priscille et d’Aquila, quoique déjà le commencement ne nous ait point médiocrement profité. En effet, nous en avons appris quel bien c’est que le travail, quel mal que la paresse ; puis, ce qu’était l’âme de Paul, quelle vigilance, quelle sollicitude, combien elle se préoccupait non seulement de tant de villes diverses, de tous ces peuples, de toutes ces nations, mais encore de chacun des fidèles, en particulier. Nous y avons vu comment la pauvreté n’est nullement un obstacle à l’hospitalité, que nous avons besoin partout, non de fortune et d’argent, mais de vertu, et d’une intention pieuse, enfin, qu’avec la crainte de Dieu, on surpasse tous les hommes en éclat, fût-on réduit à la dernière misère.
Nous proclamions donc naguère comme plus heureux que tous les rois cette Priscille et cet Aquila, ces fabricants de tentes, artisans l’un et l’autre et vivant dans la pauvreté. On ne parle plus des dignitaires et des potentats ; mais ce faiseur de tentes et sa femme sont célébrés par toute la terre. Et si, même en ce monde, ils jouissent d’une éclatante renommée, songez de quelles récompenses et de quelles couronnes ils seront jugés dignes au jour suprême ; puis, en attendant que vienne ce jour, ils ont dès maintenant recueilli une somme non médiocre de joie, de profit et de gloire, pour avoir été pendant si longtemps les compagnons de Paul. En effet, ce que je disais la dernière fois, je le redis encore et ne cesserai de le redire, c’est qu’il y a pour nous une source féconde de joie et d’utilité, non seulement dans les enseignements, les exhortations et les conseils des saints, mais encore dans leur seul aspect, dans l’arrangement de leurs vêtements et jusque dans la manière dont ils chaussent leurs pieds. Car un point d’où il nous revient un grand avantage pour la conduite de notre vie, c’est de savoir dans quelle mesure ils usaient des choses nécessaires. Non-seulement, cri effet, ils ne dépassaient pas les limites du besoin, mais quelquefois même ils ne satisfaisaient pas le besoin tout entier, et ils se laissaient avoir faim, avoir soif et manquer de vêtements. En s’adressant à ses disciples, Paul leur donnait cet ordre : Quand nous aurons de quoi nous nourrir et nous vêtir, nous nous en contenterons (1Ti. 6,8) ; et sur son propre compte, nous le voyons dire : Jusqu’à l’heure présente nous soufrons la faim, la soif, la nudité et les coups. (1Co. 4,11) Mais une pensée m’est survenue tandis que je vous disais quelque chose tout à l’heure, et me revient encore après ce que je viens de dire : cette pensée, il est nécessaire que je l’expose devant vous, parce qu’elle prête à une grande discussion.
De quoi