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Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un seul Seigneur. Comment serait-il un, si les noms sont deux, l’un désignant un être inférieur, et l’autre un être plus grand ? Un être ne peut pas être à la fois plus grand et plus petit que lui-même ; il est égal à lui-même et forme un tout harmonique : Le Seigneur ton Dieu est un seul Seigneur; et je t’ai fait voir que le titre de Seigneur vaut celui de Dieu ; en définitive, si Seigneur est moins, et que Dieu soit plus, lequel des deux noms devait être le sien ? Est-ce Seigneur, qui dit moins, ou Dieu, qui dit plus ? S’il te disait : Quel est mon nom ? que lui répondrais-tu, ô hérétique ? lui dirais-tu que Seigneur est plus particulièrement le nom du Fils, et Dieu celui du Père ? Et si je te montre que le nom de Seigneur, le nom inférieur, sert à désigner le Père, que feras-tu ? Qu’ils sachent, dit le Prophète, que ton nom est le Seigneur. (Psa. 82, 19) Il n’a pas dit : que Dieu est ton nom. Pourtant, si Dieu est plus que Seigneur, pourquoi le Prophète n’a-t-il pas dit : Qu’ils sachent que Dieu est ton nom ? Si Dieu est son nom spécial et particulier, et que Seigneur ne lui convienne pas, comme étant inférieur, pourquoi le Psalmiste dit-il : Qu’ils sachent que ton nom est Seigneur, en se servant du titre moindre, inférieur, moins noble, au lieu d’employer l’autre, qui est le plus grand, le plus élevé, le plus convenable à l’être qu’il désigne. Et afin de t’apprendre que le nom de Seigneur n’a rien de moindre, rien d’inférieur, mais qu’il a la même valeur que celui de Dieu, après avoir dit : Qu’ils sachent que ton nom est le Seigneur, le Prophète ajoute immédiatement : Toi seul es le Très-Haut, élevé au-dessus de toute la terre.
4. Mais tu ne te tiens pas encore pour vaincu, tu répètes toujours que Dieu est plus et que Seigneur est moins. Et si je te fais voir le Fils désigné par le nom le plus grand des deux, que diras-tu ? Cesseras-tu le combat ? Abandonneras-tu la discussion ? Reconnaîtras-tu ton salut ? Renonceras-tu à ta folie ? As-tu compris mes paroles ? Puisque tu attribues le nom de Seigneur au Fils, et celui de Dieu, comme plus grand, à la personne du Père ; si je te montre le Fils désigné par le nom le plus grand, par celui de Dieu, le combat est terminé ; car je te réduis avec tes propres armes, et je t’accable de tes propres ailes. Tu as prétendu que Dieu est plus et que Seigneur est moins : je veux te faire voir que le moindre ne conviendrait pas au Père, si le Père était plus grand, et que le plus grand ne conviendrait pas au Fils, si le Fils était moindre. Écoute donc le Prophète qui dit : C’est notre Dieu ; nul autre ne lui sera comparé : il a trouvé toutes les voies de la science ; après cela on l’a vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes. (Bar. 3, 36-38) Que réponds-tu à cela ? Veux-tu contredire ces paroles ? Mais tu ne le peux, car la vérité subsiste, faisant briller son flambeau, et, aveuglant les yeux des hérétiques qui ne veulent pas ajouter foi en elle. Quelque rudes que soient les luttes, quelque pénible que soit la chaleur, la parole est la plus forte : elle triomphe du malaise des auditeurs et elle tempère l’ardeur du jour par la rosée de la doctrine. Quoi que nous nous réunissions ici une ou deux fois par semaine, il ne faut pas que les auditeurs soient négligents. Car si vous sortez d’ici, et qu’on vous demande : Quel a été le sujet du discours ? quand vous aurez répondu. Le prédicateur a parlé contre les hérétiques ; si l’on ajoute. Qu’a-t-il dit ? et que vous ne trouviez rien à répondre, ce sera pour vous la plus grande honte. Si an contraire vous pouvez répondre, c’est alors votre interlocuteur que vous confondrez ; s’il est hérétique, vous le redresserez ; si c’est un de vos amis, et qu’il soit mou, vous le stimulerez ; si c’est une femme déréglée, vous la rendrez plus sage, car vous devez aussi vos explications à vos femmes : Que les femmes, dit Saint Paul\it, gardent le silence dans l’église, et si elles veulent s’instruire de quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris. (1 Cor. 14, 34-35) Si vous rentrez chez vous, et que votre femme vous demande : Que me rapportes-tu de l’église ? Répondez-lui : Je ne rapporte ni viande, ni vin, ni or, ni parures pour embellir le corps, mais des paroles qui rendent l’âme, sage. Quand vous rentrez auprès de votre femme, servez-lui un banquet spirituel ; dites-lui tout d’abord, pendant que votre mémoire est encore fraîche : Goûtons d’abord la nourriture spirituelle, et ensuite nous goûterons, les aliments matériels ; car si nous réglons ainsi notre conduite, nous aurons Dieu au milieu de nous, qui bénira notre table et qui nous couronnera. Ainsi donc, mes chers auditeurs, rendons grâces pour tous ces bienfaits, au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.