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HOMÉLIES SUR LES MACCHABÉES[1].

PREMIÈRE HOMÉLIE.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Ces discours ont été prononcés à Antioche ; ils ne portent aucune date. La première a pour objet principal de louer le courage et la fermeté d’âme de la mère des Macchabées. Le second est l’éloge du septième et plus jeune fils, et l’orateur y exalte aussi leur mère de temps en temps. Ce second discours est plus court que le premier : c’est afin, nous apprend Chrysostome, de laisser un champ plus vaste à leur maître commun, l’évêque Flavien, qui doit prendre la parole après Chrysostome. La dernière homélie, la plus courte des trois, est soupçonnée par quelques-uns de n’être pas authentique et ce n’est pas sans raison, car elle a certainement un autre cachet ; le style en est maigre ; tout y est dit comme en courant. Nous n’avons pourtant pas cru devoir la retrancher ; il suffira d’avoir indiqué ces motifs de défiance pour qu’on ne la regarde pas comme une production certaine du saint docteur. Nous l’avons fait suivre d’un fragment de saint Jean Chrysostome sur les Macchabées, cité par Jean de Damas au livre III\sup e\sup* des Images, et qui ne se trouve dans aucune des trois homélies.
Les reliques des martyrs sont la terreur des démons. – C’est la grâce qui donne du courage aux martyrs. – Force d’âme de la mère des Macchabées ; les mères chrétiennes doivent imiter cet exemple, et instruire leurs enfants dans ces principes. – La constance de cette sainte femme ne laisse aucune excuse aux hommes jeunes ou vieux qui manquent de courage en présence des épreuves de la persécution.
1. Qu’elle est brillante et joyeuse, notre ville ! Combien ce jour est plus éclatant que tous les autres jours de l’année ! Non pas que le soleil envoie aujourd’hui sur la terre un rayon plus lumineux qu’à l’ordinaire ; mais c’est que la splendeur des saints martyrs éclaire notre cité tout entière plus vivement que la foudre ; car ils sont plus radieux que dix mille soleils, plus resplendissants que les grands luminaires. Grâce à eux la terre est aujourd’hui mieux décorée que le ciel. Ne me parlez pas de poussière, ne songez ni à la cendre, ni aux ossements consumés par le temps : non ; mais ouvrez les yeux de la foi, et regardez la puissance divine siégeant auprès d’eux, la grâce du Saint-Esprit qui les environne, et la gloire de la lumière céleste dont ils sont revêtus. Les rayons que darde sur la terre le disque du soleil n’égalent point ces clartés, ces jets de flammes qui s’élancent de leurs corps bienheureux, et vont aveugler le démon lui-même. Lorsque des chefs de brigands, des spoliateurs de tombeaux aperçoivent, gisant à terre, de riches armes, une cuirasse, un bouclier, un casque, le tout étincelant d’or, soudain ils bondissent en arrière, et ils n’osent ni s’avancer ni toucher à ces objets, soupçonnant quelque grand danger s’ils avaient cette audace ; de même les démons, qui sont les vrais chefs de brigands, quand ils voient exposés les corps des martyrs, reculent tout à coup et prennent aussitôt la fuite. Car ils ne considèrent pas la nature mortelle de ces dépouilles, mais la dignité cachée de Jésus-Christ, qui s’en est revêtu dans un temps. Ce n’est point un ange qui a été ceint de ces armes, ce n’est point un archange ni quelque autre puissance créée, mais le Maître lui-même des anges. Et de même que saint Paul criait : Cherchez-vous une preuve du Christ qui parle en moi (2Cor. 13,3) ? de même ces saints martyrs peuvent s’écrier Cherchez-vous une preuve du Christ qui a combattu en nous ? En effet ces corps sont précieux, parce qu’ils ont reçu des coups pour leur Maître, parce qu’ils portent les stigmates pour Jésus-Christ. Et de même qu’une couronne royale ornée de mille pierres variées jette des feux de diverses nuances, ainsi les corps des saints martyrs, où sont incrustées comme autant de pierreries les blessures qu’ils

  1. Ces homélies furent prononcées à Antioche, mais elles ne portent aucun indice de l’année où elles le furent.