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pour les assister, les puissances d’en haut. Parmi les gens du monde, ceux qui sont jugés dignes de l’honneur de commander aux autres, sont richement vêtus, parés d’un collier d’or, ils brillent de toutes parts ; l’Apôtre a ses chaînes, au lieu d’or, pour parure, et ce qu’il porte, c’est la croix ; l’Apôtre est persécuté ; l’Apôtre est battu de verges, et souffre la faim. Ne vous affligez pas, mes frères ; car cet ornement-là est plus beau que celui des rois, et plus brillant, et agréable à Dieu ; aussi celui qui le porte ne se fatigue pas. Car voilà ce qui est admirable, avec ces liens, et ces coups de verges, et ces stigmates il était plus resplendissant que ceux qui portaient le diadème et la pourpre. Il était plus resplendissant ; il n’y a pas là un étalage de paroles, et ses vêtements l’ont démontré. Mettez nombre de diadèmes, et entassez les vêtements de pourpre sur un malade, vous ne pourrez éteindre la moindre partie de la fièvre qui le brûle ; les tabliers de l’Apôtre artisan touchent à peine les malades, que toute maladie a disparu. Ce qui se comprend : car si des voleurs, à la vue de l’étendard du prince, n’osent approcher, reculent et prennent la fuite, à bien plus forte raison, maladies et démons s’enfuient en voyant l’étendard du Christ. Et maintenant Paul a porté la croix, non qu’il voulut la porter lui tout seul, mais parce qu’il voulait nous apprendre, à tous, à la porter. Aussi disait-il : Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Jésus-Christ ; et encore Pratiquez ce que vous avez appris de moi, et ce que vous avez vu en moi ; et encore : C’est une grâce qu’il vous a faite, non seulement de ce que vous croyez en Jésus-Christ, mais encore de ce que vous soufrez pour lui. (Phi. 3,17 ; 4, 9 ; et 1, 29) C’est que les dignités de la vie présente paraissent, plus relevées quand on ne les voit que dans une seule personne ; mais, pour les dons spirituels, c’est tout le contraire ; les honneurs qui en dépendent, brillent surtout par le grand nombre de ceux qui les partagent, quand celui qui a reçu le don, ne demeure pas l’unique, mais s’associe des compagnons en foule, pour jouir des mêmes présents que lui. Ainsi, vous le voyez, tous portent l’étendard de Jésus-Christ ; chacun le porte devant les nations et devant les rois ; mais Paul le porte en face des tourments et des supplices. Toutefois il n’a pas donné aux autres l’ordre de faire comme lui, parce qu’ils auraient plié sous le fardeau.

Avez-vous vu de quelle vertu notre nature peut faire preuve ? avez-vous vu qu’il n’y a rien de plus digne d’honneur que l’homme, tout mortel qu’il est, et demeure ? Que pouvez-vous me montrer qui soit plus grand que Paul, ou qui l’égale ? A quels anges, quels archanges, ne peut-on pas comparer celui qui a fait entendre ces paroles ? Dans un corps mortel et corruptible, il a sacrifié pour le Christ tous les biens qui étaient en son pouvoir, disons mieux, ceux mêmes qu’il ne possédait pas ; il a renoncé aux choses présentes, aux choses à venir, à tout ce qu’il y a de plus haut et de plus profond, à une autre existence ; s’il eût été d’une nature incorporelle, que n’eût-il pas dit, que n’eût-il pas fait ? Si j’admire les anges, c’est parce qu’ils ont été jugés dignes d’un si haut rang, et non, parce qu’ils sont des natures incorporelles ; le démon aussi est incorporel et invisible, et cependant il est devenu la plus malheureuse de toutes les créatures, pour avoir désobéi à son créateur, à Dieu. C’est de la même cause que vient aussi le malheur des hommes ; ce n’est pas de la chair, qui les recouvre à nos yeux, mais du mauvais usage qu’ils font de cette chair. Paul aussi avait un corps. D’où vient qu’il a été si grand ? Il doit à ses propres, efforts, et à la grâce de Dieu, la vertu qu’il à montrée, et il la doit à la grâce de Dieu, parce qu’il la devait à ses propres efforts. Car Dieu ne fait point d’acception de personne. Mais, dites-vous, comment est-il possible de l’imiter ? Écoutez sa réponse : Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même de Jésus-Christ. (1Co. 11,1) Il a su imiter Jésus-Christ, et vous ne sauriez imiter celui qui est un serviteur aussi bien que vous ? Il a rivalisé avec son Seigneur, et vous ne sauriez rivaliser avec votre compagnon ? Et que donnerez-vous pour votre excuse ? Eh bien, me dit-on, comment l’a-t-il imité ? Observez l’imitation au commencement de la conversion de l’Apôtre, dans ses préludes. Il puisa dans les eaux du baptême un zèle si ardent qu’il n’attendit pas l’enseignement d’un maître ; il n’attendit pas Pierre, il n’alla trouver ni Jacques, ni personne ; emporté par son ardeur, il embrasa la cité au point de faire éclater contre lui une guerre terrible ; cette ardeur lui était naturelle, car avant qu’il fût chrétien, il excédait déjà son pouvoir, emprisonnait, jetait dans les fers, confisquait. Ainsi faisait Moïse, sans avoir reçu d’autorité de personne, quand il repoussait la