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SIXIÈME HOMÉLIE.

ANALYSE.


Dans la sixième homélie, l’orateur détruit les reproches que l’on pourrait faire à saint Paul sur les coups et la mort qu’il avait témoigné craindre dans quelques occasions, sur les malédictions et les injures qu’il s’était permises quelquefois ; il tourne quelques-uns de ces reproches à l’avantage de l’Apôtre, et en fait le sujet d’un plus grand éloge.
Voulez-vous aujourd’hui, mes bien-aimés, que négligeant les grandes vertus de Paul, et ce qu’on admire en lui, nous considérions ensemble les actions qui ont donné prise à quelques accusations ? Nous verrons qu’elles ne contribuent pas moins que les autres à sa grandeur et à sa gloire. Que lui reproche-t-on ? Il a paru, dit-on, craindre les supplices, par exemple, quand il fut battu de verges ; et ce n’est pas tout, dans une autre circonstance encore, lorsqu’il fut mis en prison après avoir converti la marchande de pourpre, il mit dans l’embarras les magistrats qui voulaient secrètement le renvoyer après l’avoir maltraité et emprisonné contre tout droit. Car il n’avait d’autre but alors que de ménager sa sûreté, et d’éviter de retomber peu de temps après dans les mêmes périls. Que répondrons-nous donc ? Si ce n’est que rien ne montre mieux la grandeur admirable de son âme que l’accusation articulée contre lui ; avec une âme comme la sienne, sans témérité ni présomption, dans un corps sensible aux verges et redoutant les coups, il a égalé les puissances incorporelles par le mépris qu’il avait pour tout ce qui semble terrible, par son courage dans l’occasion. Quand vous le voyez toujours ardent quoique ému à la vue des tortures, souvenez-vous de ces paroles, qui l’ont élevé au-dessus des cieux, égalé aux anges : Qui nous séparera de l’amour de Dieu ? l’affliction, les angoisses, la persécution, la faim, les périls, l’épée ? (Rom. 8,35) Souvenez-vous de ces paroles, où il déclare que tout cela n’est rien : Le moment rapide de nos afflictions légères produit en nous le poids éternel d’une souveraine et incomparable gloire, si nous ne considérons point les choses visibles, mais les invisibles. (2Cor. 4,17-18) Ajoutez à cela ses afflictions de chaque jour, ses morts de chaque jour, et, sous l’empire de ces pensées, admirez Paul, et ne désespérez plus de vous-mêmes. Cette faiblesse même qui semble inséparable de la nature, est précisément la marque la plus éclatante de sa vertu ; l’infirmité commune ne l’a pas empêché de se montrer tel qu’il a paru. Les épreuves extraordinaires dont il avait triomphé avaient répandu l’opinion qu’il était au-dessus de la nature ordinaire ; alors Dieu a permis ces souffrances pour vous montrer que cet homme, qui n’était qu’un homme comme les autres, par la nature, a dû à son courage non seulement de surpasser les autres hommes, mais d’égaler les anges. Doué des vertus de l’âme, avec un corps si faible, il a enduré mille et mille fois la mort, il a méprisé les choses présentes, les