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vertu, mais à l’imiter ; car c’est ainsi que nous pourrons obtenir les mêmes couronnes. Si vous êtes surpris que je vous dise qu’en acquérant les mérites de Paul vous obtiendrez les mêmes récompenses, écoutez-le lui-même ; il dit : J’ai bien combattu, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ; il ne me reste qu’à attendre la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur, comme un juste juge, me rendra en ce jour, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui aiment son avènement. (2Tim. 4,7 et 8) Vous voyez comme il invite tous les hommes à mériter la même gloire. Puis donc que la même couronne nous est proposée à tous, efforçons-nous tous de nous rendre dignes des biens qui nous sont promis. Ne considérons pas seulement la grandeur et la sublimité des vertus de Paul, mais l’ardeur du zèle qui lui a attiré une telle grâce, quoiqu’il fût de même nature que nous, et qu’il participât à toutes nos faiblesses. C’est ainsi que ce qu’il y a de plus difficile et de plus pénible nous deviendra facile et léger, et, qu’après avoir combattu et souffert un peu de temps, nous porterons à jamais la couronne immortelle et incorruptible, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

TROISIÈME HOMÉLIE.[1]

Analyse.


Grandeur de la charité de saint Paul, elle l’a porté à aimer ses ennemis, à faire du bien à ceux qui ne lui faisaient que du mal, à désirer le salut des Juifs qui le maltraitaient, à s’affliger de leur réprobation, à chercher des raisons pour les excuser ; cette charité qui lui inspirait la plus grande tendresse pour les étrangers comme pour ses compatriotes, un si vif intérêt pour le salut de tous les hommes, qui faisait prendre à son zèle tant de formes diverses, qui lui faisait étendre ses attentions jusque sur les choses temporelles, qui lui faisait prodiguer pour autrui et sa personne et son argent. – Il n’était pas seulement animé de la charité, il était devenu tout charité. – Nous devons tâcher d’imiter le grand apôtre dans une vertu qui est la principale, la première de toutes, qui l’a élevé au comble de la perfection.
Heureux Paul d’avoir montré toute l’ardeur du zèle dont l’homme est capable, et d’avoir pu s’envoler jusqu’aux cieux, s’élever au-dessus des anges, des archanges et des autres dominations ! Quelquefois il nous invite ; par son seul exemple, à devenir les imitateurs de Jésus-Christ : Soyez, dit-il, mes imitateurs, comme je le suis de Jésus-Christ. (1Cor. 2,1) Quelquefois, sans parler de lui-même, il cherche à nous élever jusqu’à Dieu, en nous disant Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants chéris. (Eph. 6,1) Ensuite, pour montrer que rien ne contribue tant à cette imitation, que de vivre de manière à être utile aux autres, et de chercher en tout l’avantage de nos frères, il ajoute aussitôt : Marchez dans l’amour et la charité. Après avoir dit : Soyez les imitateurs de Dieu, il

  1. Traduction de l’abbé Auger, revue.