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était bien plus grossière ; il ne prenait même pas la nourriture nécessaire à la vie, emporté qu’il était par le zèle de la prédication. Mais Jean fit paraître contre Hérode une grande liberté de discours ? (Mt. 14,4) Mais Paul ne s’attaqua pas à un, à deux, à trois tyrans, mais à des milliers de tyrans comme Hérode, qu’il réduisit au silence, disons mieux, à des tyrans bien plus cruels encore. Il ne nous reste plus qu’à faire la comparaison de Paul avec les anges ; laissons donc, sous nos pieds, la terre ; montons sur les hauteurs des cieux, et que personne n’accuse l’audace de notre discours. Car si l’Écriture a donné à Jean le nom d’ange, comme aux prêtres, qu’y a-t-il d’étonnant que celui qui les surpasse tous soit comparé par nous aux puissances d’en-haut ? Eh bien, en quoi consiste la grandeur des anges ? C’est qu’ils appliquent tous leurs soins à obéir à Dieu. Ce que David exprime ainsi, dans son admiration : Puissances remplies de force, exécutant ce qu’il dit. (Ps. 102,20) Voilà la grandeur incomparable, fussent-ils dix mille fois incorporels ; le plus haut degré de leur béatitude, le voici : c’est leur obéissance, c’est que jamais cette obéissance n’est en défaut. Eh bien ! Paul aussi l’a conservée, cette obéissance parfaite ; car il n’a pas seulement accompli la parole de Dieu, mais ses commandements, plus que ses commandements, ce qu’il a montré par ces paroles : En quoi trouverai-je donc un sujet de récompense ? En prêchant l’Évangile de telle sorte que je prêche gratuitement. (1Cor. 9,18) Quelle est encore la grandeur que le prophète admire dans les anges ? Celui qui rend ses anges comme des souffles, qui fait, de ses ministres, un feu brûlant. (Ps. 103,4) Paul en est la preuve manifeste ; comme un souffle, comme un feu, il parcourut le monde entier, il le purifia. Mais il n’a pas encore obtenu le ciel ? Eh ! voilà ce qu’il y a précisément de tout à fait admirable. Encore sur la terre, un tel homme, dans un corps mortel, rivalisait de vertu avec les puissances incorporelles. Quelle condamnation ne mériterions-nous donc pas si, à la vue d’un homme qui a réuni en lui seul toutes les vertus, nous ne nous efforcions pas d’imiter la moindre de celles qu’il pratiqua ? Pensons-y, travaillons à nous soustraire à une telle accusation, efforçons-nous d’arriver à ce beau zèle, afin de pouvoir obtenir les mêmes biens, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire avec la puissance, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ! Traduit par M. PORTELETTE