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que nous avons trouvé la délivrance de nos péchés ; c’est par lui que nous avons été lavés de toutes nos taches ; c’est par l’efficacité de sa présence et en participant à la grâce, que nous sommes devenus anges, d’hommes que nous étions. Ce n’est pas que notre nature ait été changée ; mais ce qui est beaucoup plus admirable, quoique conservant la nature humaine nous montrons en nous une vie angélique. Tel est le pouvoir de l’Esprit-Saint ; et comme le feu ordinaire fait un vase solide d’une molle argile, de même le feu de l’Esprit divin, lorsqu’il trouve une âme bien préparée, quoique plus molle que l’argile, il la rend plus ferme que l’airain ; et celui qui, peu auparavant, était souillé de la lie du péché, il le rend tout à coup plus brillant que le soleil. C’est ce que nous apprend le bienheureux Paul, lorsqu’il s’écrie : Ne vous y trompez pas ; ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les impudiques, ni les abominables, ni les ambitieux, ni les avares, ni les voleurs, ni les hommes adonnés au vin, ni les ravisseurs du bien d’autrui, ne seront héritiers du royaume de Dieu. (I Cor. 6,9 et 10) Après avoir parcouru presque toutes les espèces de vices et montré que tous ceux qui sont sujets à ces désordres, ne sont pas faits pour le royaume céleste, il ajoute aussitôt : C’est là ce que furent autrefois quelques-uns de vous ; mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés…… comment et de quelle manière ? dites-nous-le, grand apôtre ; c’est là ce que nous cherchons : Au nom, dit-il, de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu. Voyez-vous, mes très chers frères, la puissance de l’Esprit-Saint ? voyez-vous comme le divin Esprit a fait disparaître tous les vices, et a élevé tout à coup à des honneurs suprêmes ceux que le péché avait dégradés ?
2. Qui pourrait donc assez déplorer les blasphèmes de ces hommes qui entreprennent d’attaquer la divinité de l’Esprit-Saint, et qui, comme des furieux, ne pouvant être détournés d’une erreur coupable par la grandeur de ses bienfaits, osent agir contre leur propre salut, dépouillent un Dieu, autant qu’il est en leur pouvoir, de la majesté divine, et le font descendre à la condition de simple créature ? Je leur dirais volontiers : Pourquoi, je vous prie, déclarez-vous une telle guerre à la divinité de l’Esprit-Saint, ou plutôt à votre propre salut ? pourquoi ne daignez-vous point vous rappeler ces paroles du Sauveur à ses disciples : Allez, enseignez toutes les nations, en les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ? (Mt. 26,19) Ne voyez-vous pas une dignité pareille ? ne voyez-vous pas une ressemblance parfaite ? ne voyez-vous pas une Trinité indivisible ? une des trois personnes offre-t-elle quelque différence, quelque changement, ou quelque diminution ? osez-vous ajouter vos commandements aux commandements du divin Maître ? ne savez-vous pas que parmi les hommes celui qui porterait l’audace jusqu’à entreprendre d’ajouter ou de retrancher quelques mots aux dépêches du prince, qui cependant a la même origine et la même nature que nous, subirait le dernier supplice, sans que rien pût le sauver de la punition ? Si donc on a tant à craindre de la part d’un homme, quel pardon peuvent espérer des hommes qui entreprennent d’altérer les paroles du Sauveur commun, et qui refusent d’écouter le digne organe du Fils de Dieu dont il annonce les oracles, saint Paul, qui leur crie d’une voix éclatante : L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, l’esprit de l’homme n’a pas conçu ce que Dieu prépare pour ceux qui l’aiment ? (1Cor. 2,9) Mais si l’œil