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des siècles, ce qui fait que nous pouvons toujours célébrer l’Épiphanie ; ainsi, en parlant de l’Esprit, il dit : L’Esprit demeure éternellement avec vous, ce qui fait que nous pouvons toujours célébrer la Pentecôte.
2. Et ce qui prouve que nous pouvons toujours être en fête, qu’il n’y a pas de temps déterminé, qu’il n’y a pas de nécessité de temps où il se faille renfermer, écoutez ce que dit saint Paul : C’est pourquoi célébrons la fête. (1Cor. 5,8) Quand il écrivait ces paroles, ce n’était ni Pâques, ni l’Épiphanie, ni la Pentecôte, mais l’Apôtre indiquait par là que ce n’est pas le temps qui constitue la fête, que c’est la pureté de la conscience ; fête n’est pas autre chose que joie ; la joie de l’intelligence, la joie de l’esprit réside uniquement dans la conscience des bonnes actions ; celui qui a une bonne conscience et une bonne vie, peut toujours être en fête. Vérité que Paul démontre en ces mots : C’est pourquoi célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la corruption, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. Voyez-vous comme il se garde bien de vous lier par une nécessité de temps, mais comme il vous exhorte à vous faire une conscience pure ? Je consacrerais volontiers tout cet entretien à cette pensée ; car lorsqu’au bout d’un long temps on tient certaines personnes entre ses mains, on ne les lâche pas facilement ; il en est de même de vous après un an d’absence, nous vous avons pris dans nos filets, nous ne voulons pas vous lâcher aujourd’hui ; mais il faut bien vous instruire de la présente fête, et par conséquent notre discours doit vous en parler. Des grâces abondantes souvent sont descendues du ciel sur la terre pour le bonheur de tous les hommes, jamais présents célestes n’ont égalé autrefois ceux que nous recevons en ce jour. Apprenez les premiers dons, ceux d’aujourd’hui, et appréciez-en la différence. Dieu a fait pleuvoir la manne sur la terre, et il leur a donné le pain du ciel. (Ps. 77,24) L’homme a mangé le pain des anges ; grande faveur et digne de l’amour de Dieu pour les hommes ! Plus tard, le feu est descendu du ciel, et il guidait la marche errante du peuple juif, et il a consumé le sacrifice sur l’autel. Autre prodige : la famine était générale et desséchait tout ; la pluie tomba et produisit une grande abondance de fruits. (1R. 18,38) Voilà de grandes merveilles, mais bien plus admirables sont celles de nos jours ; ni la manne, ni le feu, ni la pluie ne sont tombés aujourd’hui, mais la rosée des grâces spirituelles : des nuages sont descendus, non pas pour réveiller la fécondité de la terre, mais pour tirer, de la nature humaine, par la persuasion, les fruits de vertu qui récompensent le cultivateur des âmes. Ceux qui en ont reçu la moindre goutte, ont aussitôt oublié leur nature, et voilà que tout à coup des anges ont rempli toute la terre ; non dans des anges célestes, mais dans des corps humains s’est montrée la vertu des puissances qui n’ont pas de corps. Ce ne sont pas les anges du ciel qui sont descendus, mais ce qui est plus admirable, les habitants de la terre se sont élevés à la vertu des puissances célestes ; ils n’ont pas été, dépouillant leur chair, de pures âmes, mais persistant dans leur nature, ils sont devenus des anges, par leur volonté. Et voici qui vous fera comprendre, que même l’ancien châtiment n’était pas un châtiment, lorsque Dieu dit : Vous êtes poudre, et vous retournerez en poudre (Gen. 3,19). Si Dieu vous a permis de rester sur la terre, c’est pour mieux faire éclater la puissance de l’Esprit, produisant de telles œuvres par le moyen d’un corps fait de terre. En effet, on a pu voir une langue d’argile commander aux démons ; une main d’argile guérir les maladies, ou plutôt ce n’était pas même une main d’argile qu’on voyait, c’était une merveille, plus admirable encore, les ombres de ces corps d’argile triomphaient de la mort et des puissances qui n’ont pas de corps, je veux dire des démons. Comme l’apparition du soleil chasse l’obscurité, fait rentrer les bêtes féroces dans leurs repaires, précipite les meurtriers, les brigands, les violateurs de tombeaux dans les montagnes dont les sommets les recèlent ; ainsi, à la vue, à la voix de Pierre, les ténèbres de l’erreur étaient dissipées, le démon se retirait, les puissances de l’enfer prenaient la fuite, les maladies des corps disparaissaient, c’en était fait des maux qui affligent les âmes, de toute perversité, la vertu revenait sur la terre. Et, de même que si, dans les trésors des rois, où se trouvent de l’or et des pierreries, on prend si peu que ce soit de cette précieuse épargne, une seule pierre suffit à faire la fortune de celui qui la tient, de même pour ce qui tombait des bouches des apôtres ;