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HOMÉLIES SUR LA PENTECÔTE.

PREMIÈRE HOMÉLIE.


Pourquoi il ne se fait plus de miracles, et sur cette pensée qu’il y a un livre où sont inscrites nos actions et nos pensées.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Dans la cinquième homélie sur Anne, mère de Samuel, saint Chrysostome se plaint du peu de compte qu’on a tenu d’un avertissement donné par lui dans une précédente homélie prononcée le jour de la Pentecôte ; il avait dit que ce n’était pas seulement les jours de grandes fêtes qu’il fallait fréquenter l’église, mais encore pendant toute l’année. Or, le saint docteur s’étend assez longuement sur ce sujet dans la première homélie sur la Pentecôte. – Nous serions tentés de conclure de là que l’homélie qu’on va lire est bien celle que saint Chrysostome prononça le jour de la Pentecôte de l’an 387, année à laquelle appartiennent les homélies sur Anne, mère de Samuel ; par malheur, il y a quelque chose qui s’y oppose. Dans la même cinquième homélie sur Anne, mère de Samuel, nous lisons ce qui suit : En ce même jour de la Pentecôte, nous vous avons expliqué la parabole de ce prodigue, qui, après avoir dévoré son patrimoine, revint à la maison paternelle ; nous vous avons fait la peinture de sa misère, de sa faim, de sa dégradation, de ses opprobres, et de tout ce qu’il endura chez l’étranger. Or, de tout cela pas un mot dans la présente homélie, dont il est impossible par conséquent de déterminer l’année.
Énumérant les principales fêtes des chrétiens, saint Chrysostome nomme l’Épiphanie, Pâques, et la Pentecôte. On se demande aussitôt pourquoi la Nativité du Seigneur est omise, pourquoi c’est l’Épiphanie qui figure en premier rang. – On ne peut pas dire que la Nativité et l’Épiphanie n’étaient qu’une seule et même fête ; cela avait été la vérité, mais avait cessé de l’être à l’époque où parlait l’orateur ; la Nativité se célébrait déjà à Antioche le 25 décembre et l’Épiphanie le ô janvier. – Saint Chrysostome lui-même distingue parfaitement ces deux fêtes dans les homélies sur la Nativité et sur l’Épiphanie. – tout cela semble contradictoire, cependant tout s’explique si l’on réfléchit que la célébration de la fête de la Nativité le 25 décembre était une innovation très-récemment empruntée à l’Occident, qu’autrefois l’on fêtait simultanément, le 6 janvier, sous le nom d’Épiphanie et la Nativité, et l’adoration des Mages, et le baptême de Notre-Seigneur, de sorte qu’en nommant l’Épiphanie et en omettant la Nativité l’orateur ne faisait que se conformer à l’ancienne coutume, à l’ancienne manière de parler.
1° C’est une fête continuelle qui devrait régner dans l’église. – C’était assez sous la loi ancienne de se montrer trois fois l’an devant le Seigneur Dieu ; pour les chrétiens, c’est tous les jours que Dieu veut qu’ils soient devant lui ; ceux qui ne paraissent dans l’église que les jours de grandes fêtes sont donc infidèles à leur vocation de chrétiens. – 2° Saint Paul nous apprend à quelle condition cette fête perpétuelle est possible : Célébrons, dit-il, une fête perpétuelle, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité. (1Cor. 5,8) – 3° Le don de l’Esprit-Saint est un don de réconciliation. C’est pour cela qu’il n’est descendu qu’après que Jésus-Christ eut été glorifié, c’est-à-dire après qu’il eut effacé par sa passion les crimes qui empêchaient notre réconciliation. – 4° Il prouve la vérité de la réconciliation et celle de la descente du Saint-Esprit par les miracles que les apôtres opérèrent après l’avoir reçu. – Objection : Si les miracles sont la preuve de la présence du Saint-Esprit, il n’est donc plus maintenant dans l’Église, puisqu’on n’y voit plus de miracles. – Réponse : Si le Saint-Esprit n’était plus dans l’Église, il n’y aurait plus ni baptême, ni ministère pastoral, etc. – Si les miracles ne se voient plus, c’est parce qu’ils sont devenus inutiles, la foi des chrétiens étant suffisamment établie et affermie. – 5° et 6° L’orateur avait souhaité d’expliquer pourquoi le Saint-Esprit était descendu le jour de la Pentecôte, pourquoi en forme de langues de feu, et pourquoi dix jours après l’Ascension, mais craignant de trop prolonger son discours, il le finit en exhortant ses auditeurs à vivre de façon qu’ils puissent participer un jour à la gloire que Jésus-Christ est allé leur préparer.
1. Nouvelle fête, nouvelle assemblée, nouvelle joie pour l’Église, fière du grand nombre de ses enfants, nouvelle gloire pour cette mère féconde et pleine d’amour. Mais que fait cet amour à son bonheur, si ce n’est qu’aux jours de fête, si ce n’est pas continuellement qu’elle voit ses enfants chéris comme un beau vêtement dont il ne lui serait pas permis de se parer toujours ? Le vêtement de l’Église, c’est la foule des fidèles, selon la parole du Prophète qui adressait à l’Église cette parole descendue du ciel : Vous les mettrez tous autour de vous comme une parure nuptiale, comme une robe d’épouse. (Is. 49,18) Comme une femme de mœurs