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pas nus. Car il ne suffit pas que nous ressuscitions et que nous revêtions l’immortalité, mais il faut que ressuscités, et que revêtus d’immortalité, nous ne soyons pas trouvés nus de gloire et de confiance en Dieu, pour n’être pas livrés aux flammes. Voilà pourquoi l’Apôtre dit : Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus. Ensuite ce sont d’autres paroles pour fortifier la croyance à la résurrection, et il dit, que ce qu’il y a de mortel doit être absorbé par la vie ( II Cor. 5,4), puis il ajoute : Celui qui nous a formés pour cet état, c’est Dieu. (Id. 5,5) Ce qui revient à dire : Dès le principe, Dieu a fait l’homme non pour qu’il fût détruit, mais pour qu’il tendît à l’incorruptibilité. Aussi quand il consentit à la mort, Dieu ne l’a permise, ô homme, qu’afin que devenu sage par la punition, devenu meilleur, tu pusses de nouveau ressaisir l’immortalité.
Voilà, dès le principe, la sublime pensée, la ferme résolution de Dieu, c’est avec cette pensée qu’il a formé le premier homme, et aussitôt il l’exprima par les signes qu’il donna aux premiers jours du monde. Car s’il n’eût pas voulu, dès le commencement, nous ouvrir les portes de la résurrection, il n’aurait pas souffert qu’Abel, orné de toutes les vertus, qu’Abel, qu’il aimait, éprouvât ce qu’il a éprouvé. Mais pour nous montrer que nous marchons vers une autre vie, qu’un autre âge a été réservé aux justes, qui doivent y trouver leurs récompenses et leurs couronnes, il a voulu que le premier juste, quittant la terre sans y avoir reçu le salaire de ses peines, nous criât par les blessures qu’il avait comme autant de voix entendues de tous, après la vie d’ici-bas, il y a une rémunération, un salaire, une récompense. Voilà pourquoi il a enlevé Enoch, ravi dans le ciel Élie, ces premières figures de la résurrection. Donc il suffit, pour que le raisonnement soit sans réplique, de la puissance du Créateur : toutefois si quelque esprit un peu faible veut encore une démonstration, ajoutée à ce qui précède, un gage de la résurrection à venir, Dieu nous l’a encore donné avec une grande libéralité, en nous prodiguant la grâce du Saint-Esprit. Aussi Paul, après avoir démontré la résurrection parla résurrection du Christ, parla puissance de Dieu qui nous a formés, ajoute cette parole : Il nous a donné pour arrhes, non des richesses, ni de l’or, ni de l’argent, mais pour arrhes l’Esprit. (2Cor. 5,5) Or qui dit arrhes, dit partie d’un tout, et cette partie fait qu’on a confiance pour le tout. Car, de même que, dans les conventions, celui qui a reçu des arrhes, ne s’inquiète pas de tout le reste, et prend confiance, de même toi qui as reçu tes arrhes, je veux dire les dons de l’Esprit, tu ne dois plus être en doute des biens qui te sont réservés. Toi, qui ressuscites des cadavres, qui guéris les aveugles, qui chasses les démons, qui purifies les lépreux, qui enlèves les maladies, qui détruis la mort, qui as le pouvoir de faire tant et de si grandes choses, dans un corps fragile et mortel, quel pardon mériteras-tu, si tu doutes de la résurrection ? En effet, si, avant que le temps de la résurrection soit arrivé, lorsque la lutte dure encore, Dieu nous donne pour récompenses de si belles couronnes, concevez quels prix magnifiques il nous donnera quand viendra l’heure de la distribution. Mais on m’objecte : Nous ne voyons pas aujourd’hui ces merveilleux signes, nous n’avons pas un si grand pouvoir ; voici ce que je réponds : qu’importe qu’ils paraissent maintenant, ou qu’ils aient paru auparavant ? Qu’autrefois les apôtres aient donné des signes merveilleux, c’est ce que témoignent par toute la terre les Écritures, les peuples, les cités, les nations qui sont accourues auprès de pauvres gens, de pauvres pêcheurs. Ils ne se seraient pas rendus maîtres de toute la terre, ces gens sans lettres, ces mendiants, ces pauvres, ces hommes dédaignés, s’ils n’avaient pas eu ces miracles pour les secourir. Mais toi-même tu n’as pas échappé à la grâce de l’Esprit ; tu portes maintenant encore de nombreuses marques de cette munificence, elles sont restées en toi, et il faut dire que toutes celles que nous avons énumérées hors de toi, sont loin d’être aussi grandes, aussi admirables. Car il n’y a pas égalité de merveilles, à ressusciter un corps sans vie, et quand une âme a été frappée de mort par ses péchés, à l’affranchir d’une telle destruction : ce qui se fait par le baptême ; il n’y a pas égalité de merveilles à guérir les maladies de la chair, et à déposer le fardeau des péchés ; il n’y a pas égalité de merveilles à faire cesser la cécité du corps et à faire briller la lumière dans une âme obscurcie. Si nous n’avions pas pour arrhes, à présent même, l’Esprit, nous ne posséderions ni le baptême, ni la rémission des péchés ; nous n’aurions ni la justice ni la sanctification ; nous ne connaîtrions pas l’adoption des enfants