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mais recevoir encore un vêtement, ajouter, à notre corps, l’incorruptibilité. Le corps se trouve entre la corruption et l’incorruptibilité. Donc, l’homme se dépouille de la corruption et ajoute, au vêtement qui est son corps, le second vêtement, qui est l’incorruptibilité ; il met de côté ce qu’il a reçu du péché, et il s’empare de ce que lui a concédé la divine grâce. Comprenez bien que l’Apôtre ne dit pas être dépouillés, en parlant du corps, mais en parlant de la corruption et de la mort ; voici ce qui le prouve, écoutez la suite de ses paroles. En disant : Nous ne voulons pas être dépouillés, mais recevoir encore un vêtement, il n’ajoute pas, afin que le corps soit absorbé par ce qui est incorporel, qu’ajoute-t-il donc ? Afin que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie (II Cor. 5,4), c’est-à-dire pour que la mortalité s’évanouisse et soit détruite ; de sorte qu’il ne parle pas de la destruction du corps, mais de la destruction de la mort et de la corruption. Car la vie qui s’ajoute, ne fait pas disparaître le corps, elle ne le consume pas ; elle détruit seulement ce qui est survenu au corps, la corruption et la mort. Donc, ces gémissements n’accusent pas le corps, mais la corruption qui s’y est attachée ; en effet, si le corps est un fardeau pesant, importun, ce n’est pas par sa nature particulière, mais à cause de la mortalité qui s’est ajoutée au corps. Mais non, le corps n’est pas corruptible, le corps, au contraire, est incorruptible. Car telle est sa noblesse, qu’au sein même de la corruption, il manifeste sa dignité. On sait bien que les ombres des apôtres ont chassé les puissances incorporelles ; leur poussière et leurs cendres ont vaincu les démons ; les vêtements qui ont touché leurs corps ont mis en fuite les maladies, et ramené la santé.
7. Ne me parlez pas de flegmes, de bile, de sueurs, d’impuretés, de toutes les accusations qu’on dirige contre le corps ; ce n’étaient pas là des propriétés essentielles de la nature des corps, ce sont des effets de la corruption ultérieurement survenue. Voulez-vous savoir ce que vaut le corps ; voyez la composition de tous ses membres, sa figure, ses opérations, la concorde qui produit l’harmonie du tout ; non, il n’est pas de cité bien réglée, ne contenant que des citoyens tous pleins de sagesse, qui présente une administration plus exacte, plus régulière que celle de nos membres. Si cet ordre merveilleux échappe à vos regards négligemment jetés de haut en bas, si vous ne voulez considérer que ce qu’il y a de corruptible et de mortel, eh bien ! à ce point de vue, nous ne serons pas encore à court de réponse. Nous vous dirons que, non seulement il n’y a là aucun dommage, mais, qu’au contraire, un gain considérable en résulte pour la race humaine. En effet, tous les saints, vivant avec leur corps, ont fait paraître en eux la noble vie des anges, et le corps n’a en rien retardé leur course à la poursuite de la vertu ; et ceux qui étaient portés à l’impiété, n’ont pas trouvé un petit obstacle dans la corruption même de ce corps qui les empêchait de s’enfoncer plus avant dans leur iniquité. En effet si, dans l’enveloppe de ce corps sujet à la corruption, à tant de douleurs, un grand nombre d’hommes se sont imaginé qu’ils égalaient Dieu, si, pour se revêtir d’une telle gloire, ils ont fait de grandes choses, supposez un moment qu’ils n’eussent pas eu un corps exposé aux douleurs, sujet à la corruption, quels esprits grossiers n’auraient-ils pas trompés ? Ainsi, quand il est vrai de dire que le corps est un obstacle à cette impiété, qui est le dernier terme de la malice humaine ; quand il est vrai, en même temps, qu’il fournit aux saints les moyens de montrer qu’ils portent une âme virile, quelle indulgence pourraient mériter ceux qui calomnient le corps et qui le déclarent une nature mauvaise ? Nous pourrions ne.pas nous borner à ces réflexions, mais ajouter que, par le corps, nous arrivons à la connaissance de Dieu. Car si les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles, depuis la création du monde, par la connaissance que ces créatures nous en donnent (Rom. 1,20), et si la foi vient de ce qu’on a entendu (Rom. 10,17), il est évident que les yeux et les oreilles conduisent l’âme pas à pas à la connaissance de celui qui l’a faite, à la connaissance de Dieu. Voilà pourquoi Paul aime le corps, et il proclame bien haut son amour, en disant : Nous ne voulons pas en être dépouillés, mais ajouter à notre corps un second vêtement, l’immortalité. (2Cor. 5,4)
Ne me dites pas : comment le corps peut-il ressusciter et devenir incorruptible ? Car une fois que c’est la puissance de Dieu qui opère, le comment n’a plus de sens. Mais que dis-je de Dieu ? C’est toi-même qu’il a fait artisan de résurrection, exemple, les semailles ; exemple, les divers arts ; exemple, les métaux. En effet,