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qu’on te jette en prison ? pourquoi te lamenter sur ces afflictions particulières, quand tu sais que ton corps doit être un jour entièrement décomposé, ou plutôt que la corruption, qui est dans ton corps, doit disparaître ? Car, pour faire voir que ces afflictions particulières, non seulement ne doivent pas nous attrister, mais doivent être pour nous un sujet de joie, il montre que la consommation universelle et finale doit être notre désir, l’œuvre de nos prières ; il entend par là la dissolution que produit la mort. C’est encore dans cette pensée qu’il dit : Car nous gémissons dans cette tente, désirant nous voir revêtus, comme d’un second vêtement, de notre habitation céleste. (2Cor. 5,2) Ces deux mots, habitation, tente, désignent le corps ; supposons qu’il entende par là les maisons dans lesquelles nous habitons, les villes, c’est une figure de la vie présente. Et il ne dit pas simplement, je sais, mais nous savons ; il parle au nom de ceux qui l’écoutent. Je ne vous entretiens pas, dit-il, de choses douteuses ou inconnues, mais de choses que vous avez déjà acceptées par la foi ; vous croyez en la résurrection du Seigneur. Voilà pourquoi nous appelons tentes, les corps de ceux qui ne sont plus. Et voyez la propriété de l’expression dont il s’est servi. Il ne dit pas, a été détruite, ou a disparu, mais : a été défaite, indiquant par là que l’habitation est défaite pour se relever plus brillante, plus éclatante. Ensuite, de même qu’au sujet des peines et des récompenses, il a fait une comparaison prise de la qualité, du temps, de la quantité, de même encore, en cette occasion ; notre corps caduc, il l’appelle tente ; ce qui ressuscite, une maison ; et non seulement une maison, mais une demeure éternelle ; et non seulement éternelle, mais céleste ; ainsi, et le temps, et le lieu lui servent à en montrer l’excellence. L’habitation présente est de terre, cette autre demeure est une demeure céleste ; la première n’a qu’un temps, l’autre est éternelle. Et maintenant, il nous faut à la fois et un corps, et des maisons, à cause de la faiblesse de notre constitution ; mais, un jour, le corps servira en même temps de corps et de logement, sans qu’il soit besoin, ni de toit, ni d’abri, ni de couvertures quelconques ; l’incorruptibilité suffira. Ensuite, pour montrer l’excellence des biens qui lui pont réservés, il dit : Car nous gémissons dans cette tente. Il ne dit pas, je gémis, mais il associe les autres à sa pensée. Car nous gémissons, dit-il ; il veut les attirer à sa sagesse, les admettre à partager sa pensée. Car nous gémissons dans cette tente, désirant nous voir revêtus, comme d’un second vêtement, de notre habitation céleste. Il ne dit pas simplement revêtus, mais revêtus comme d’un second vêtement, et il ajoute : Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus. (2Cor. 5,3) Ce qui semble obscur, mais s’éclaircit bien vite par ce qui suit : Car, pendant que nous sommes dans notre tente, nous gémissons appesantis, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recevoir encore un vêtement. (Id. 4)
Vous voyez comme il est fidèle à son langage ; il n’appelle pas maison, ce corps que nous avons actuellement, il continue à l’appeler une tente. Pourquoi ? dit-il, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recevoir encore un vêtement. Il porte ici un coup mortel à ceux qui calomnient notre corps, et qui accusent notre chair. En effet, aussitôt après avoir dit que nous gémissons et que nous ne voulons pas être dépouillés, pour qu’on ne s’imagine pas qu’il veut fuir le corps, qu’il le regarde comme quelque chose de mauvais, comme une cause de perversité, comme un ennemi, écoutez de quelle manière il prévient un soupçon injuste : il commence par dire que nous gémissons, désirant nous voir revêtus, comme d’un second vêtement, de notre habitation céleste : dans la réalité, celui qui se revêt d’un second vêtement, prend un autre vêtement qu’il ajoute au premier ; il continue, en disant : Nous gémissons appesantis, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recevoir encore un vêtement. Ces paroles reviennent à ceci : nous ne voulons pas, dit-il, nous dévêtir de la chair, mais de la corruption, quitter notre corps, mais la mort. Le corps est une chose, et la mort, une autre ; le corps est une chose, et la corruption une autre ; ni le corps n’est la corruption, ni la corruption n’est le corps. Sans doute le corps se corrompt, mais le corps n’est pas la corruption ; sans doute le corps est mortel, mais le corps n’est pas la mort ; le corps est l’œuvre de Dieu, mais la corruption et la mort ont été introduites par le péché. Donc je veux me dépouiller de ce qui m’est étranger, dit-il, et non de ce qui m’est propre ; or ce qui est étranger, ce n’est pas le corps, mais la corruption. Voilà pourquoi il dit : Parce que nous ne voulons pas être dépouillés, cela veut dire, de notre corps,