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persécutés, non abandonnés ; précipités, mais non frappés de mort. (2Cor. 4,8-9) Il montre, par ces paroles, les morts subies chaque jour, comme si chacun de ces jours voyait marcher à la mort des cadavres qui respirent. Donc, en présence de ces tourments, l’Apôtre proclamait la résurrection : Nous avons la foi, dit-il, que celui qui a réveillé d’entre les morts Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous réveillera, nous aussi, par Jésus, et nous fera comparaître avec vous. C’est pourquoi nous ne succombons pas à nos maux, car nous avons dans nos combats, la plus puissante des exhortations, l’espérance de l’avenir. (2Cor. 4,14-16) Et il ne leur dit pas : C’est pourquoi ne succombez pas à vos maux, mais que dit-il ? C’est pourquoi nous ne succombons pas à nos maux, montrant par là qu’il est livré, lui aussi, à de continuels combats. Car voyez une différence : à Olympie l’athlète est dans l’enceinte ; le gymnasiarque reste au loin, assis ; permis à lui de secourir son lutteur par des paroles ; l’assistance qu’il lui prête ne dépasse pas les efforts de sa voix ; quant à se mettre auprès de lui, pour combattre comme auxiliaire, en personne, à ses côtés, c’est ce qu’aucun règlement ne lui permet. Il en est tout autrement pour les luttes de la piété ; le même y est à la fois gymnasiarque et athlète ; c’est pourquoi il ne reste pas hors de l’enceinte, assis, mais il va au milieu même des lutteurs, il frotte d’huile ses compagnons dans la lutte, voici comment : C’est pourquoi nous ne succombons pas à nos maux. Et il ne dit pas : C’est pourquoi je ne succombe pas à mes maux, mais, c’est pourquoi nous ne succombons pas à nos maux, dans la pensée de leur communiquer, en même temps que l’éloge, la fierté qui redresse. Mais encore que dans nous l’homme extérieur se détruise, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Voyez la prudence de l’Apôtre : il les a avertis de leurs souffrances par ces mots Toujours pressés, jamais accablés ; il les a avertis de la résurrection de Jésus, en disant, celui qui a réveillé d’entre les morts Jésus, nous aussi, nous réveillera.
Et maintenant, autre motif d’exhortation, qu’il exprime encore. Vous savez bien qu’un grand nombre d’hommes ont l’âme étroite, faible, morose ; ils sont persuadés de la résurrection, mais ils négligent cette pensée ; la longueur du temps à attendre leur donne le vertige, et ils retombent : voilà pourquoi l’Apôtre leur annonce, avant la résurrection, un autre salaire, une autre rétribution. Qu’est-ce à dire ? Encore que dans nous l’homme extérieur se détruise, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour; l’homme extérieur, c’est le corps ; l’intérieur, l’âme. Ce que dit l’Apôtre, revient à ceci : avant la résurrection, avant la jouissance de la gloire à venir, ici même, déjà tu as reçu, pour tes fatigues, une récompense qui a son prix ; l’affliction même rajeunit l’âme qui s’enrichit de sagesse, de piété, de persévérance, qui devient plus robuste, qui sent se fortifier sa vigueur. Car, de même que les athlètes qui exercent leur corps, sans compter les couronnes, sans compter les récompenses publiques, remportent, du sein même de leur gymnase, par le seul fait de l’exercice qu’ils se donnent, une précieuse récompense, la santé du corps, la force des muscles, qu’ils se procurent par leurs fatigues de gymnase, l’avantage en outre d’échapper à toutes les maladies ; de même, en ce qui concerne les luttes de la vertu, avant de nous ouvrir le ciel, avant de nous voir admis auprès du Fils de Dieu, avant de recevoir nos récompenses, ici même, nous recueillons notre salaire, une rétribution considérable, l’accroissement de la sagesse, qui prend possession de notre âme. Car, voyez, les marins qui ont été, mille fois ballottés par les flots, qui ont enduré force coups de vent ; qui ont eu à lutter contre des monstres sans nombre, à supporter d’innombrables tempêtes, avant de toucher le profit de leur voyage, recueillent, du seul fait qu’ils reviennent d’une longue traversée, un profit qui n’est pas méprisable ; ils ont acquis de la confiance, de l’intrépidité sur mer, et ils ont gagné de faire, sans crainte, avec plaisir, ces voyages maritimes ; il en est de même, croyez-le bien, de la vie présente ; celui qui â supporté afflictions sur afflictions, douleurs sur douleurs, pour Jésus-Christ, a reçu même avant de conquérir le royaume des cieux, une grande récompense ; il a conquis le droit de parler, d’ici-bas, librement à Dieu, sans plus attendre ; il a élevé son âme à une hauteur, d’où il tourne désormais en dérision tout ce qui paraît grave sur la terre.
Un exemple rendra plus manifeste la vérité de mes paroles. Ce Paul, notre Paul lui-même, qui supporta tant et tant de maux, a reçu, même ici-bas, ses récompenses ; insignes récompenses ; la force qui se rit des tyrans ; qui