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en outre, par la longueur des maladies, par toutes les souffrances du corps, et dépourvue de tout secours ; d’un autre côté, des imposteurs, des êtres souillés, couverts d’infamie, vivant au sein des richesses, dans les délices, parés de brillants vêtements, traînant des essaims de domestiques, admirés, jouissant du pouvoir, en position de tout dire à l’empereur ; et, comme conséquence de ce qu’on a vu, on attaque la providence de Dieu, on dit : Qu’est devenue cette providence ? qu’est-elle devenue cette justice ? A l’homme tempérant, modeste, le malheur ; au déréglé, au corrompu, la prospérité ; celui-ci, on l’admire ; l’autre, on le méprise ; celui-ci coule sa vie dans les délices qui l’inondent ; l’autre la traîne dans la misère, dans les maux les plus affreux. Quand de telles paroles seront prononcées, celui qui doute de la vie à venir, gardera le silence, il ne répondra pas un seul mot ; mais celui qui comprend la raison de la résurrection, réfutera facilement le blasphème, il répondra à ces querelleurs moroses : Cessez d’aiguiser votre langue contre le Dieu qui vous a faits. La vie présente ne renferme pas tout ce qui nous appartient ; nous nous hâtons vers une autre vie, beaucoup plus longue, disons mieux, qui n’a pas de fin : et là, sans que rien y manque, ce pauvre qui vit dans la justice, recevra la récompense de ces peines qui vous occupent, et quant à ce déréglé, cet imposteur, il subira, de cette prospérité, de ces délices qu’il ne méritait pas, le châtiment mérité. Donc, ne nous bornons pas aux choses présentes pour porter notre jugement sur la providence de Dieu ; tenons compte aussi des choses à venir. Vie présente, c’est dire lutte, lieu d’exercice, stade ; vie à venir, cela signifie prix, couronnes, distribution de récompenses. Comme il faut que l’athlète, dans le lieu où il s’exerce, combatte inondé de sueur, couvert de poussière, haletant, fatigué, meurtri, de même le juste ici-bas doit supporter beaucoup d’épreuves et tout endurer avec un noble courage, s’il veut recevoir les brillantes couronnes de là-haut. Mais si les jours heureux des méchants sont, pour quelques personnes, un sujet de trouble, qu’elles fassent donc, sur leur prospérité, ce raisonnement les voleurs, les profanateurs de tombeaux, les meurtriers, les pirates, avant d’être conduits devant les juges, mènent une vie délicieuse, ils composent leur opulence des malheurs d’autrui ; l’injustice les enrichit, les enivre chaque jour ; mais une fois qu’ils sont frappés par la sentence des juges, ils expient tous les crimes passés ; et de même, tous ces trafiquants de courtisanes, et ceux qui dressent des tables de sybarites, et ces insolents qui froncent les sourcils sur la place publique et déchirent les pauvres, quand paraîtra le Fils unique de Dieu au milieu de ses anges, quand il sera assis sur le trône devant lequel il citera la terre, on les verra tout nus, sans aucune pompe, sans personne pour les assister, pour les défendre, sans rémission, sans pitié, précipités dans les fleuves du feu éternel. Ne célèbre donc pas leur bonheur, leurs délices d’ici-bas, fais mieux, pleure le châtiment qui va venir ; ne gémis pas sur le juste, ici-bas soumis à la pauvreté ; fais mieux, célèbre la richesse de tous les biens, l’opulence qui va venir pour lui ; enracine dans ton âme la pensée de la résurrection, afin que, si tu es vertueux, dans les tentations tu te sentes plus fort, plus allègre, par les espérances de l’avenir ; si le vice te possède, tu te détaches de la perversité, tu retournes, par la crainte du châtiment à venir, à la modération et à la sagesse.
2. Voilà pourquoi Paul, à chaque instant, nous répète des paroles comme celles qu’on vous a citées en ce jour sur la résurrection ; vous avez entendu sa grande voix : Aussi nous savons que, si celte maison de terre, cette habitation, cette tente vient à être défaite, Dieu nous donne une maison, qu’aucune main n’a faite, éternelle demeure dans les cieux. (2Cor. 5,1) Remontons plus haut, et voyons comment il est arrivé à parler de la résurrection. Ce n’est pas sans une secrète pensée, ce n’est pas au hasard qu’il reprend cet enseignement, il y revient toujours ; c’est qu’il veut en même temps montrer l’avenir et fortifier les athlètes de la piété. Maintenant, sans doute, nous sommes heureux, en pleine paix, par la grâce de Dieu ; les empereurs vivent dans la piété ; ceux qui commandent connaissent la vérité ; peuples, cités, nations, tous, affranchis de l’erreur, adorent le Christ ; mais dans ces jours d’autrefois, de la première prédication, quand les semences de la piété ne faisaient que d’être répandues, la guerre était sur un grand nombre de points à la fois, variée, compliquée. Princes, empereurs, courtisans, parents des empereurs, tous faisaient la guerre aux fidèles, et la guerre étouffait jusqu’aux sentiments de la nature. Le père souvent livrait son fils, et la mère, sa