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HOMÉLIES SUR LA CROIX ET LE BON LARRON [1].

DEUXIÈME HOMÉLIE.

ANALYSE.


Dans cette homélie, l’orateur, après avoir détaillé rapidement tous les bienfaits de la croix, et montré pourquoi Jésus-Christ, victime de la nouvelle alliance, a été immolé hors des murs de Jérusalem, parle du bon larron, dont il exalte le mérite en commentant toutes ses paroles, et dont il vaille la confession généreuse pour motiver le prix glorieux dont Jésus-Christ la paye. – Il prouve que Jésus-Christ, dans les derniers jours, paraîtra avec sa croix ; il exhorte, en finissant, les fidèles à pardonner à leurs ennemis ; il les y exhorte par l’exemple du Sauveur, et par celui de plusieurs saints tant de l’ancien que du Nouveau Testament. Cette homélie a dû être prononcée le vendredi saint même ; le lendemain de celle sur la trahison de Judas.
1. Nous célébrons dans ce jour une fête solennelle, mes très-chers frères, dans ce jour où Notre-Seigneur est mort, attaché à la croix. Et ne soyez pas étonnés que nous nous réjouissions d’un événement qui semble aussi triste ; les choses spirituelles sont toujours en contradiction avec nos idées charnelles. Pour vous convaincre de ce que je dis, la croix, qui auparavant était un titre de condamnation et de supplice, est devenue un objet précieux et désirable. La croix, qui auparavant était un sujet de honte et d’opprobre, est devenue une source de gloire et d’honneur. Jésus-Christ lui-même nous apprend que la croix est un titre de gloire : Mon Père, dit-il, glorifiez-moi, comme j’étais glorifié dans votre sein avant que le monde existât. (Jn. 17,5) Il appelle la croix un titre de gloire. La croix est le principe de notre salut, la source d’une infinité de biens. Par elle, nous sommes admis au nombre des enfants, nous qui auparavant étions rejetés et avilis. Par elle, nous ne sommes plus livrés à l’erreur, mais nous connaissons la vérité. Par elle, nous qui adorions le bois et la pierre, nous reconnaissons le Maître et le Créateur du monde. Par elle, nous qui étions esclaves du péché, nous sommes élevés à la liberté de la justice. Par elle, la terre désormais est devenue le ciel. La croix nous a affranchis de nos erreurs, elle nous a conduits à la vérité, elle a réconcilié l’homme avec Dieu, elle nous a arrachés de l’abîme du vice pour nous porter au comble de la vertu. Elle a détruit les ruses du serpent antique, et nous a ramenés de l’égarement où il nous avait jetés. Par elle, les temples ne sont plus remplis de la fumée et de l’odeur des victimes : on n’y voit plus couler le sang des animaux ; mais partout domine un culte spirituel, partout retentissent des hymnes et des prières. Grâce à la croix, les démons sont mis en fuite. Grâce à la croix, la nature humaine le dispute à la condition angélique. Grâce à la croix, la virginité habite sur la terre ; car depuis qu’un Dieu né d’une vierge a parti' dans le monde, l’homme a connu la pratique de cette vertu. Nous étions assis dans les ténèbres, la croix nous a éclairés ; nous étions ennemis, elle nous a réconciliés ; nous étions éloignés de Dieu, elle nous en a rapprochés ; nous avions encouru sa haine, elle nous a rendu son amour ; nous étions étrangers, elle nous a fait citoyens du ciel. Elle a fait cesser pour nous la guerre, et nous a assuré la paix. Par elle, nous

  1. 1. Traduction de l’abbé Auger, revue.