Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 3, 1864.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

je vous en prie, se tourne contre moi et contre la maison de mon père. (2Sa. 24,17)
Voyez-vous ces actes de vertu de l’Ancien Testament si semblables à ceux du Nouveau ? Vous faut-il un dernier exemple du même genre ? Je ne serai pas embarrassé pour le trouver. Ce sera Samuel, ce prophète accablé d’outrages par les Juifs, haï, méprisé, au point que Dieu lui-même disait pour le consoler : Ce n’est pas toi, mais moi-même qu’ils ont méprisé. (1Sa. 8,7) Que disait-il au milieu de ces mépris, de ces haines et de ces outrages ? Dieu me préserve de commettre la faute de ne plus prier pour vous le Seigneur. (1Sa. 3, 23) Il regardait comme un péché de ne pas prier pour ses ennemis : Dieu me garde de faire la faute de ne plus prier pour vous. Le Christ dit : Père, pardonnez leur péché, car ils ne savent ce qu’ils font (Luc. 23,34) ; Étienne : Seigneur ne leur imputez point ce péché (Act. 7,59) ; Paul : Je souhaitais d’être anathème pour mes frères, mes parents selon la chair (Rom. 9,3) ; Moïse : Si vous leur pardonnez leur faute, faites-moi miséricorde, sinon effacez-moi du livre que vous avez écrit (Exo. 32,31-33) ; David : Que votre main s’appesantisse sur moi et sur la maison de mon père (1Ro. 24,17) ; Samuel : Dieu me garde de faire la faute de ne plus prier pour vous (1Sa. 12,23)
Quel pardon pourrons-nous donc espérer, si, après que le Seigneur et ses serviteurs, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, nous exhortent à prier pour nos ennemis, nous prions au contraire contre nos ennemis. N’agissons pas ainsi, mes Frères, je vous en conjure, car plus les exemples sont nombreux, plus nous serons punis si nous ne les suivons pas. Il est plus avantageux de prier pour ses ennemis que pour ses amis, cardans le second cas il y a moins à gagner que dans le premier : En effet, si vous chérissez seulement ceux qui vous aiment, vous ne faites rien de bien grand, car les publicains en font autant (Mat. 5,46) Donc, si nous prions pour nos amis seulement, nous ne sommes pas encore au-dessus des païens et des publicains. Mais lorsque nous aimons nos ennemis, nous devenons, autant que notre nature nous le permet, semblables à Dieu : Qui fait luire son soleil sur les méchants et sur les bons, et qui répand sa rosée sur le champ du coupable comme sur celui du juste. (Mat. 5,45) Soyons donc semblables au Père, car il nous dit lui-même d’être parfaits comme notre Père qui est dans les cieux, afin que nous méritions d’acquérir le royaume des cieux, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Dieu et Sauveur, Jésus-Christ à lui gloire et empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Traduit par M. l’abbé GAGEY, curé de Millery.