Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 3, 1864.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

revint annoncer la miséricorde divine et la fin du déluge. Maintenant encore, c’est sous la forme d’une colombe (remarquez que je dis forme et non pas corps), que l’Esprit de Dieu vient annoncer le pardon au monde, et présager en même temps que l’homme spirituel devra être innocent et simple et éloigné du mal, selon cette parole du Christ : Si vous ne vous convertissez et ne devenez semblables aux petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. (Mt. 18,3) La première arche est restée sur la terre après le cataclysme, mais la nouvelle arche divine, Notre-Seigneur, est retourné au ciel quand le courroux divin a été apaisé et maintenant son corps innocent et pur est à la droite du Père.
Mais puisque nous venons de parler du corps de Notre-Seigneur, nous devons vous en entretenir un instant, avant de terminer. Je sais qu’un grand nombre d’entre nous s’approchent avec empressement de la table sainte, par habitude, à cause de la solennité. Il faudrait, comme je vous l’ai dit souvent, que l’on considérât autre chose que le temps pour communier, c’est la pureté de la conscience, et non la solennité de tel ou tel jour qui donne le droit de participer à l’hostie sacrée. Car celui qui est coupable et souillé ne doit pas, même aux jours de fête, participer à cette chair sainte et adorable ; mais celui qui est pur et qui a lavé ses fautes par une pénitence rigoureuse est digne aux jours de fête, comme en tout autre temps, de participer aux divins mystères et de jouir des dons de Dieu. Cependant, comme quelques-uns, je ne sais pourquoi, ne font nulle attention à cela et que beaucoup, malgré la multitude des crimes dont ils sont souillés, lorsqu’ils voient arriver une fête, sont comme entraînés à participer aux saints mystères que leur état de péché ne leur permettrait pas même de contempler des yeux, nous écarterons impitoyablement ceux que nous saurons indignes, laissant au jugement de Dieu, qui connaît les secrets des cœurs, ceux qui ne nous seront pas connus.
Mais il est une faute que tous commettent ouvertement et dont nous essayerons de vous corriger. Et quelle est cette faute ? C’est que nous ne nous approchons pas avec tremblement, mais avec un grand bruit de pieds, remplis de mauvaise humeur, criant, nous injuriant, nous frappant, nous heurtant les uns les autres, dans le plus grand tumulte. Je vous ai dit cela souvent, et je ne cesserai de vous le répéter. Voyez ce qui se passe dans les jeux olympiques. Quand le président s’avance dans l’assemblée, couvert de son costume, une couronne sur la tête et une verge à la main, quelle docilité, quel ordre aussitôt que le héraut crie que tous soient silencieux et tranquilles. N’est-il pas étrange que le bon ordre règne dans les pompes du démon, tandis qu’il n’y a que tumulte là où le Christ appelle à lui ? Silence sur les places publiques et clameurs dans les églises ! La tranquillité sur la mer, au port la tempête ! Pourquoi ce bruit, encore une fois ? Qui vous presse ! Est-ce la nécessité des affaires qui vous appelle ! Et ne regardez-vous donc pas comme affaire importante ce que vous faites à cette heure ? Ne pensez-vous donc qu’à la terre qui vous porte ? Croyez-vous être encore dans la société des hommes ? N’est-ce pas l’indice d’un cœur de pierre que de se croire encore sur la terre en ce moment et ne pas être transporté au milieu des anges avec lesquels vous avez fait monter en haut l’hymne mystique, avec lesquels vous avez chanté à Dieu le cantique du triomphe. Notre-Seigneur nous a appelés aigles lorsqu’il a dit : En quelque lieu que soit le corps, les aigles s’y rassembleront. (Lc. 17,37) Afin de nous faire comprendre que nous devons monter vers le ciel et nous élever en haut, portés sur les ailes de l’Esprit ; mais semblables à des reptiles nous nous traînons à terre, nous mangeons la terre. Faut-il vous dire d’où vient ce bruit et ce tumulte ? De ce que nous ne vous tenons pas les portes fermées durant tout le temps de l’office divin, de ce que nous vous permettons de vous retirer et de rentrer dans vos maisons, avant la dernière action de grâces, et cependant c’est une irrévérence d’en user ainsi. Car enfin, voyons un peu ce que vous faites. A la face du Christ, en présence des saints anges, devant la table sainte, tandis que vos frères participent aux divins mystères, vous vous en allez, vous quittez tout. Mais quand vous êtes invités à un festin, quoique rassasiés les premiers, tant que vos amis sont à table vous n’osez vous séparer d’eux. Et quand il s’agit des saints mystères de Notre-Seigneur, alors que ce sacrifice saint s’accomplit encore, vous oubliez tout respect et vous vous retirez ! Qui pourrait dire que cette conduite soit pardonnable ? Qui pourrait l’excuser ? Faut-il vous apprendre ce que font ceux qui se retirent avant que tout soit entièrement