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Ailleurs, c’est son prophète qui s’exprime ainsi : Venez, mes enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. (Ps. 33,12) Et encore : Soyez attentifs et voyez que je suis le vrai Dieu. (Ps. 45,11) Il faut donc une grande application à qui veut acquérir cette science des choses spirituelles.
2. Mais ne passons pas tout notre temps à blâmer ceux qui ont coutume d’être absents ; en voilà bien assez pour corriger leur négligence ; expliquons un peu la solennité du jour. Car plusieurs célèbrent des fêtes dont ils savent le nom sans en connaître ni l’histoire, ni l’occasion, ni l’origine. Ainsi, personne n’ignore que la fête d’aujourd’hui s’appelle Épiphanie, ou manifestation, mais quelle est cette manifestation ? Y en a-t-il une ou deux ? C’est ce qu’on ne sait pas aussi bien, et chose honteuse non moins que ridicule, on célèbre chaque année cette solennité et on n’en connaît pas le sujet. Il faut donc commencer par faire savoir à votre charité qu’il n’y a pas qu’une manifestation, mais deux : l’une est celle que nous célébrons présentement, l’autre n’est pas encore venue, elle doit se faire avec éclat à la consommation des siècles. Dans ce que vous avez entendu aujourd’hui de saint Paul à Tite. il parle de toutes deux. Voici d’abord pour la présente : La grâce de Dieu notre Sauveur a paru à tous les hommes, et elle nous a appris que, renonçant à l’impiété et aux passions mondaines, nous devons vivre dans le siècle présent, avec tempérance, avec justice et avec piété. – Ce qui suit se rapporte à la future : Étant toujours dans l’attente de la béatitude que nous espérons, et de l’avènement glorieux du grand Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ. (Tit. 2, 11-12.17) C’est encore dans ce dernier sens que le prophète a dit : Le soleil se changera en ténèbres, et la lune en sang ; avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et glorieux. ((Jol. 2,31) Mais pourquoi n’est-ce pas le jour de la naissance du Sauveur plutôt que celui de son baptême qui est appelé Épiphanie ? Car c’est en ce jour qu’il fut baptisé et qu’il sanctifia les eaux. Aussi, dans cette solennité, vers le milieu de la nuit, tous vont puiser de l’eau qu’ils mettent en réserve dans leurs maisons, pour la garder l’année entière, en mémoire de ce qu’à pareil jour, les eaux ont été sanctifiées. Et par un miracle évident, le temps n’a aucune influence sur la nature de cette eau, car après un an, quelquefois deux et même trois, elle demeure pure et fraîche, et malgré cet espace de temps, on né la distingue pas de celle qui vient d’être prise à la source. Mais pour quelle cause ce jour est-il appelé manifestation ? Parce que Notre-Seigneur fut manifesté aux hommes, non le jour de sa naissance, mais le jour de son baptême, car jusque-là il était à peu près inconnu. Qu’il n’ait pas été généralement connu, et que la plupart aient ignoré qui il était, c’est ce qui ressort de ces paroles de Jean-Baptiste : Il y a quelqu’un au milieu de vous que vous ne connaissez pas. (Jn. 1, 26) Et faut-il s’étonner si les autres ne le connaissaient pas quand Jean-Baptiste lui-même l’ignorait jusqu’à ce jour ? Et je ne le connaissais pas moi-même, dit-il, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui vous verrez descendre et demeurer le Saint-Esprit, est celui qui baptise dans le Saint-Esprit. (Jn. 1,33) D’où il résulte clairement qu’il y a deux manifestations. Mais pourquoi Notre-Seigneur est-il venu se faire baptiser ? C’est ce qu’il nous reste à dire en même temps que nous vous ferons connaître quel baptême il a reçu ; car ces deux points sont d’une égale importance. C’est même par la dernière question que nous allons commencer à instruire votre charité, afin de mieux vous faire comprendre la première.
Il y avait le baptême des Juifs qui effaçait les souillures du corps, mais non les péchés qui sont dans la conscience : si quelqu’un avait commis un adultère, un vol ou un autre crime, ce baptême ne les effaçait pas. Mais si on avait touché les ossements des morts, mangé des mets défendus par la loi, si on venait d’un lieu impur, si on avait demeuré avec les lépreux, on se lavait et on était impur jusqu’au soir, après quoi on devenait pur. Il lavera son corps, est-il dit, dans l’eau pure, et il sera impur seulement jusqu’au soir, puis il sera pur. (Lévitique, 15,5) Ce n’étaient point là de vrais péchés ni des souillures proprement dites, mais les Juifs étant un peuple grossier et imparfait, Dieu voulait, par les observances légales, les rendre plus religieux et les préparer de longue main à l’observation de prescriptions plus importantes.
3. La purification des Juifs n’effaçait donc pas les péchés, mais seulement les souillures corporelles. Il n’en est pas de même de la