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et nouveau : nouveau, parce qu’il nous est connu depuis bien peu de temps ; ancien, parce qu’il a marché aussitôt de pair avec les fêtes les plus antiques, et que malgré sa nouveauté il a égalé, par la vénération dont il est l’objet, l’ancienneté de leur âge. Comme des plants d’une excellente nature, dès qu’ils ont pris racine, ne tardent pas à s’élever fort haut et à se charger de fruits, de même ce jour, anciennement connu chez les peuples de l’Occident, ne nous a pas été plus tôt apporté, qu’il a pris croissance aussitôt et a produit des fruits avec l’abondance que nous voyons. Nos temples se sont remplis, et sont devenus trop étroits pour le grand nombre de fidèles qui accourent pour célébrer cette fête. Attendez donc la récompense d’un pareil zèle, de Jésus, qui est né aujourd’hui selon la chair, et qui récompensera votre ardeur comme elle le mérite ; car l’empressement que vous témoignez poux le jour de sa naissance est la plus grande marque que vous puissiez lui donner de votre amour. Si nous, qui sommes vos frères, nous devons y contribuer pour notre part, nous le ferons de tout notre pouvoir, ou plutôt nous vous dirons ce que la grâce de Dieu nous inspirera pour votre avantage. Que désirez-vous donc d’entendre aujourd’hui, et de quoi vous parlerons-nous, sinon de la fête même ? Je sais que les esprits sont encore partagés à son sujet, que les uns l’attaquent, les autres la défendent ; que ceux-ci lui reprochent d’être nouvelle et récente, d’avoir été introduite de nos jours ; que ceux-là, au contraire, prétendent qu’elle est fort ancienne, puisque les prophètes ont prédit fort anciennement la naissance du Sauveur, et que le jour marqué pour cette divine naissance a été célèbre et répandu chez tous les peuples, depuis la Thrace jusqu’au détroit de Gadès. C’est donc là ce qui va faire la matière de cet entretien ; car, si vous témoignez un tel empressement pour une fête sur laquelle on conteste encore, il est clair que vous serez beaucoup plus empressés à la, célébrer, quand elle vous sera plus connue, quand une plus ample instruction vous inspirera une plus vive affection pour elle. Trois raisons nous feront connaître que c’est vraiment aujourd’hui le jour où est né Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Verbe de Dieu. La première, c’est que partout où la fête a été annoncée, elle a fleuri aussitôt, elle a pris les plus grands accroissements ; et ce que Gamaliel disait de la prédication : Si c’est l’ouvrage des hommes, elle se détruira ; si elle vient de Dieu, vous ne pourriez la détruire, et vous seriez en danger de combattre contre Dieu même (Act. 5,38-39), je ne crains pas de l’appliquer à la fête présente, et de dire : C’est parce qu’elle vient de Dieu que non seulement elle n’a pas été abolie, mais qu’elle fait tous les ans de nouveaux progrès, qu’elle devient de plus en plus célèbre. Quant à la prédication, elle s’est emparée en peu d’années de toute la terre, quoique ce ne fussent que des ouvriers en tentes, des pêcheurs, des hommes sans sciences et sans lettres, qui la portassent partout. Mais la faiblesse de ceux qui annonçaient la parole ne lui enleva rien de sa force, parce que la puissance du Dieu qu’elle annonçait subjuguait tout avec promptitude, triomphait de tous les obstacles, et exerçait partout son empire.
2. Si l’on combattait ma première preuve, et si l’on refusait de l’admettre, je puis en fournir une seconde. Quelle est-elle ? elle est tirée du dénombrement dont les Évangiles font mention. Vers ce temps, dit saint Luc. 2,1-17), on publia un édit de César Auguste, pour faire un dénombrement des habitants de toute la terre. Ce premier dénombrement fut fait par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Tous allaient pour se faire enregistrer, chacun dans sa ville. Joseph partit aussi de la ville de Nazareth, qui est en Galilée, et se rendit en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, pour se faire enregistrer avec Marie son épouse, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient en ce lieu, il arriva que le temps auquel elle devait accoucher s’accomplit. Elle enfanta son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie ; d’où il est clair que Jésus-Christ est né lors du premier dénombrement. Or, si l’on veut connaître avec exactitude l’époque de ce dénombrement, on peut consulter les anciens registres déposés dans les archives de Rome. Eh ! que nous fait ; dira-t-on, cette circonstance, à nous qui ne sommes pas à Rome ? Écoutez, je vous prie, et ne refusez pas de me croire, puisque nous avons reçu la fête de ceux qui sont parfaitement instruits du fait dont je parle, et qui habitent la ville de Rome. Oui, ce sont les habitants eux-mêmes qui, célébrant la fête depuis longtemps et d’après une longue tradition, nous ont transmis cette connaissance ;