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HOMÉLIE IX.


PARTOUT NOUS AVONS DES TRIBULATIONS, MAIS NOUS NE SOMMES POINT ACCABLÉS ; NOUS SOMMES DANS LE BESOIN, MAIS NOUS NE SUCCOMBONS PAS ; ON NOUS PERSÉCUTE, MAIS NOUS NE SOMMES PAS DÉLAISSÉS. (IV, 8, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1 et 2. Avantages des afflictions et des tentations. – C’est l’espérance des biens futurs qui. Nous console et nous réjouit.
  • 3 et 4. Il faut mépriser les délices de la vie présente, craindre les maux de l’avenir, éviter le péché qui irrite le Seigneur.


1. Il insiste sur cette pensée, pour montrer que toutes ces merveilles sont l’œuvre de la puissance divine ; il veut ainsi réprimer l’arrogance de ceux qui se glorifient eux-mêmes. Chose admirable, dit-il, non seulement nous gardons ce trésor dans des vases d’argile, mais ; malgré tant de souffrances que nous endurons, tant de persécutions qui nous accablent, nous pouvons le défendre et nous ne le perdons point. Et ce serait encore un vase d’airain, qu’il ne suffirait pas à porter ce trésor, ni à résister à de telles attaques. Et cependant ce trésor, nous le portons, et la grâce de Dieu nous empêche d’éprouver rien de fâcheux. « Partout », dit-il, « nous avons des tribulations, et nous ne sommes point accablés ». Qu’est-ce à dire, « partout ? » C’est-à-dire, de la part de nos ennemis, de nos amis, de nos proches ; c’est-à-dire, par suite des besoins qui nous pressent de tous côtés, des dangers que nous suscitent nos parents comme nos ennemis. « Mais nous ne sommes point accablés ». Voyez comme il oppose les pensées aux pensées. « Nous sommes dans les tribulations », dit-il ; « mais nous ne sommes point accablés : nous sommes dans le dénuement, mais nous ne succombons point » ; c’est-à-dire, nous ne tombons pas en défaillance : Dieu ne permet pas que nous soyons vaincus, mais seulement que nous soyons éprouvés.
« Nous sommes persécutés, mais nous ne sommes, pas délaissés ; nous sommes renverses, mais nous ne périssons point (9) ». Les tentations viennent fondre sur nous, mais nous ne subissons pas les conséquences ordinaires des tentations ; et c’est là un effet de la puissance, de Dieu et de sa grâce. Ailleurs l’apôtre dit que Dieu permet tout cela, soit pour affermir l’humilité dans, leurs cœurs, soit aussi pour assurer le bien des fidèles : « De peur que je ne m’enorgueillisse », dit-il, « un aiguillon m’a été donné ». (2Cor. 12,7) Et il dit encore : « De peur que l’on n’ait de moi une opinion plus haute que ce que l’on voit ou ce que l’on entend de moi ». Et ailleurs : « De peur que nous ne soyons pleins de confiance en nous-mêmes ». Ici il permet ces tentations, afin de faire éclater sa puissance. Voyez-vous combien les tentations sont avantageuses ? Elles montrent la puissance de Dieu, elles font voir l’efficacité, de sa grâce : « Ma grâce te suffit », dit le Seigneur. Elles affermissent l’humilité chez les uns, elles apaisent l’orgueil des autres et augmentent leur patience. « Car la patience », dit l’apôtre, « produit l’épreuve, et l’épreuve donne l’espérance ». (Rom. 5,4) Quand on a couru de grands dangers, quand ensuite on en est sorti triomphant pour avoir mis en Dieu sa confiance, n’apprend-on point par là à s’attacher de plus en plus au Seigneur ?
« Sans cesse nous portons dans notre corps la mortification de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps (10) ». Quelle était donc cette mortification du Soigneur Jésus, qu’ils portaient dans leurs