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autre manière en l’appelant : Fils de Cléophas, comme a fait l’évangéliste. (Jn. 19,25) Loin de là, comme il pensait avoir droit aux mêmes honneurs que les apôtres, il parle avec un grand respect de celui-ci, afin d’augmenter d’autant son propre prestige. II se garda bien de le désigner de la manière que je viens de dire : comment l’appela-t-il donc ? Il l’appela « Le frère du Seigneur ». Et cependant Jacques n’était pas même selon la chair le frère du Seigneur, mais il passait pour tel dans la croyance des hommes : néanmoins cela ne détourna pas Paul de lui donner ce titre glorieux. Dans beaucoup de circonstances il donna aussi d’autres preuves de sa loyauté à l’égard de tous les apôtres, et il le fit comme il devait le faire.
« Je prends Dieu à témoin que je ne vous mens pas dans tout ce que je vous écris a (20) ». Voyez-vous comme en toutes choses brille du même éclat l’humilité de cette âme sainte ? Il présente sa défense avec autant de chaleur que s’il comparaissait devant un tribunal, et que s’il avait à rendre compte de sa conduite. – « J’allai ensuite dans la Syrie et dans la Cilicie (21) », après avoir vu Pierre. Il revient à son sujet, au point en litige, sans parler de la Judée, et parce qu’il avait mission de prêcher les gentils, et parce qu’il n’aurait pas voulu bâtir sur les fondements que d’autres avaient posés. Aussi ne les alla-t-il pas voir même en passant, et ce qui suit en est la preuve. « Car », dit-il, « les Églises de Judée qui croyaient en Jésus-Christ ne me connaissaient pas de visage. Ils avaient seulement ouï dire : Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la foi qu’il s’efforçait alors de détruire (22, 23) ». Quoi de plus modeste que cette âme ? Lorsqu’il rapportait les événements qui témoignaient le plus contre lui, par exemple ses persécutions contre l’Église, et ses violences, il les exagérait singulièrement et étalait sa conduite passée : mais les faits qui seraient à son éloge, il les passe. Il pouvait, s’il l’eût voulu, raconter tous ses triomphes ; il n’en dit pas un mot, en une parole il franchit cet immense océan et se contente de dire : « J’allai en Syrie et en Cilicie », puis : « Ils avaient seulement ouï dire : Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la foi qu’il s’efforçait alors de détruire », après quoi il n’ajoute plus rien. Dans quelle intention s’exprime-t-il ainsi : « Les Églises de Judée ne me connaissaient pas de visage ? » Afin que vous sachiez bien qu’il était si éloigné de leur prêcher la circoncision, qu’il ne leur était pas connu même de vue. « Et ils rendaient grâces à Dieu de ce qu’il avait fait à mon sujet (24) ». Remarquez encore ici comme il reste fidèle à la règle d’humilité qu’il s’est imposée. Car il n’a pas dit : Ils m’admiraient, ils me louaient, ils étaient étonnés. Non, mais il a montré que tout cela était un effet de la grâce, en disant : « Et ils rendaient grâces à Dieu de ce qu’il avait fait à mon sujet ».