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nous cherchons à plaire, mais à Dieu. Si je voulais plaire aux hommes, je serais encore Juif, je serais encore un des persécuteurs de l’Église. Puisque j’ai laissé de côté ma nation tout entière, mes proches, mes amis, mes parents, et ma grande réputation, pour m’exposer chaque jour aux persécutions, à la haine, aux inimitiés, à la mort, il est évident que ce que je vous dis maintenant je ne le dis pas pour me rendre célèbre parmi les hommes. Il parle ainsi, parce qu’il va leur raconter sa vie passée et sa brusque conversion, et qu’il va leur montrer par des preuves décisives que cette conversion a été sincère, or il craint qu’ils ne s’imaginent qu’il n’agit ainsi que pour se justifier, et il ne veut pas qu’ils en tirent vanité. Aussi a-t-il ajouté : « Car enfin est-ce des hommes que je désire être approuvé ? » Il sait, selon que l’occasion l’exige, reprendre et corriger ses disciples par de hautes et grandes paroles. Cependant il aurait pu choisir un autre ordre de preuves pour démontrer la pureté de sa doctrine, il aurait pu rappeler ses miracles, ses dangers, ses emprisonnements, la mort qu’il bravait tous les jours, combien de fois il avait enduré la faim et la soif, et sa nudité, et tant d’autres épreuves : ruais comme il était alors question non des faux, mais des vrais apôtres, et que ceux-ci avaient partagé ses périls, il va prendre ses arguments autre part. Quand il combattait les faux apôtres, if se mettait en parallèle avec eux, leur opposait sa fermeté dans les dangers, et disait : « Sont-ils ministres de Jésus-Christ ? Quand je devrais passer pour imprudent, j’ose dire que je le suis encore plus qu’eux. J’ai plus souffert de travaux, plus reçu de coups, plus enduré de prisons. Je me suis souvent vu tout près de la mort. (2Cor. 2,23)
Maintenant il rappelle son premier genre de vie, et dit : « Je vous déclare donc, mes frères, que l’Évangile que je vous ai prêché n’a rien de l’homme ; parce que je ne l’ai point reçu ni appris d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ. (11, 12) ». Voyez quelle insistance il met à prouver qu’il est le disciple du Christ, que nul homme ne lui a servi d’intermédiaire, ruais que Jésus en personne a daigné lui révéler la science tout entière. Et à ceux qui ne croient pas, quelle preuve pourrais-tu donner que c’est Dieu qui t’a révélé par lui-même, et sans intermédiaire, tous ces mystères ineffables ? – Ma vie passée, répond-i1 : car sans l’intervention, sans la révélation divine ; je ne me serais pas converti si promptement. Un effet ; quand on instruit des hommes d’une opinion contraire et qui ont toute l’ardeur, tout le feu de la conviction, il faut beaucoup de temps et d’habileté pour les persuader. Or, lui qui s’est transformé si subitement, qui est devenu tout.: à coup parfaitement sage à l’instant même où sa folie était à son comble, n’est-il pas évident qu’il doit à la vite et aux enseignements de Dieu lui-même ; d’avoir pu si vite et si pleinement venir à résipiscence ? Voilà pourquoi il se trouve forcé de raconter sa première vie, et pourquoi il les prend à témoin de ce qui s’est passé. Que le fils unique dé Dieu ait daigné m’appeler lui-même du haut des cieux, vous, vous n’en savez rien ; et comment le pourriez-vous savoir, puis que vous n’y étiez pas ? Mais que j’aie été un persécuteur, vous le savez fort bien, et vous n’êtes pas sans avoir entendu parler de la violence que je montrais alors, quoiqu’il y ait loin de la Palestine à la Galatie. Et, ceci prouve encore combien elle était brande et intolérable pour tous, puisque le bruit en a été porté si loin. Aussi dit-il encore : « Car vous avez entendu dire de quelle manière j’ai vécu autrefois dans le judaïsme : avec quel excès de fureur je persécutais l’Église de Dieu et la ravageais (13) ». Vous voyez comme il ne craint pas de tout rapporter et sans ménager ses expressions. Il ne se contentait pas de persécuter, il persécutait avec une violence excessive, et non seulement il persécutait, mais encore il ravageait, c’est-à-dire, il tâchait d’éteindre, de renverser, de détruite, d’effacer l’Église : voilà ce que fait un homme qui ravage. – « Je me signalais dans le judaïsme au-dessus de plusieurs de ma nation et de mon âge, et j’avais un zèle démesuré pour les traditions de mes pères (14) ».
9. Pour qu’on ne croie pas que c’était la colère qui le faisait agir ainsi,-il montre que toute sa conduite était inspirée par le zèle. Et que, s’il n’avait pas la connaissance, il n’était persécuteur ni par amour de la vaine gloire, ni par désir de vengeance, mais « qu’il avait un zèle démesuré pour les traditions de ses pères ». Voici le sens de ses paroles : Si j’ai combattu l’Église, je l’ai fait non comme un